POINTS IMPORTANTS
La toxicité est essentiellement cardiaque, avec des effets multiples :
– chronotrope négatif, à l’origine de la bradycardie
– inotrope négatif responsable de la diminution de la contractilité du myocarde, et qui associé à la bradycardie, diminue le débit cardiaque
– dromotrope négatif, à l’origine d’une diminution des courants de conduction à tous les étages du tissu nodal, expliquant les différents troubles possibles de la conduction
– bathmotrope négatif qui favorise l’exacerbation des automatismes rythmiques.
DIAGNOSTIC
Interrogatoire et anamnèse
– Heure d’ingestion
– Dose supposée ingérée minimale
– Nature du bétabloquant : demi vie
– Prise concomitante d’autres cardiotropes ou neuro-psychotropes pouvant aggraver l’intoxication
Attention aux patients initialement asymptomatiques, car des manifestations graves peuvent apparaître de façon brutale au cours des 6 à 12 premières heures.
Signes cliniques
– Signes cardio-vasculaires : Bradycardie, Hypotension artérielle, collapsus, choc cardiogénique, œdème pulmonaire, élargissement du QRS, allongement du QT (Avlocardyl®, Sectral®), ESV polymorphes, torsades de pointes, ACR (BAV complet, TV, asystolie).
– Signes neurologiques : troubles psychiques, hallucinations, confusion, obnubilation, coma, crises convulsives, état de mal épileptique.
– Signes respiratoires : bradypnée, hypoventilation, pauses respiratoires, arrêt respiratoire, inhalation.
– Biologie : insuffisance rénale aigue, hyperkaliémie, hypocalcémie, hypoxémie, hypercapnie, acidose respiratoire, acidose lactique, cytolyse hépatique, rhabdomyolyse, hypoglycémie.
MONITORING
– Scope
– Electrocardiogramme à répéter
– Pose d’une voie veineuse : Nacl 0,9%
– Glycémie capillaire
– Fréquence respiratoire
– Evaluation régulière de la conscience
– Oxygénothérapie à adapter à la saturation
SIGNES DE GRAVITES
– FC <60/min et PAS<90 mmHg
– Etat de choc
– Arrêt cardio-respiratoire
TRAITEMENTS
Si intoxication bénigne (Fc>60/min et PAS>90 mmHg) :
– Atropine IV 0,5 à 1mg IV renouvelable sans dépasser 3mg en dose totale
– Remplissage avec NaCl 0,9% : 500 à 1000cc sur 20 minutes
En cas d’aggravation (Fc<60/min et PAS<90 mmHg)
– Glucagon (antidote) : 1 à 3mg en IVL renouvelable toutes les 5 minutes en fonction de la réponse hémodynamique jusqu’à une dose cumulée de 10mg. Son délai d’action est de 3 à 5 minutes et sa demi vie est inférieure à 15 minutes. Puis relais au PSE en administrant sur chaque heure la dose initiale efficace en bolus.
– En absence d’amélioration malgré des doses importantes :
- Isoprénaline : 0,2 mg/kg/min à augmenter en fonction du rythme cardiaque (Fc>60/min)
- Adrénaline : 0,5 à 10 mg/h
En cas d’élargissement des QRS :
– Bicarbonate de Sodium 8,4% : 1mEQ/Kg (2ml/kg) en 10 à 20 minutes soit 100 à 250ml.
En cas de TV ou FV :
– Choc externe
– Cordarone 300mg en IVSE sur 20 minutes.
En cas de Glasgow<8 et dépression respiratoire :
– Intubation orotrachéale
Hospitalisation : systématique pour surveillance pendant 6 à 12 heures quelques soit la gravité du tableau initial :
– Transport en UMH systématique
– Pour les formes simples : hospitalisation pour surveillance aux urgences avec réanimateur prévenu
– Pour les formes graves (présence de manifestation cardio-vasculaire) : hospitalisation en réanimation
BIBLIOGRAPHIE
– Joye F, Hamdaoui A. Conduite à tenir devant une intoxication aux bêtabloquants. Le praticien en anesthésie réanimation, vol 5, N°2- mai 2001 p82.
– Mégarbane B, Fortin JL, Hachelaf M. Les intoxications, Prise en charge initiale. Urgences Pratiques Publications. 2008
– Gérard JL, Lehoux P, Lepage O. Intoxication grave par les cardiotropes. Conférences d’actualisation SFAR 2002.
– Mégarbane B, Donetti L, Blanc T, Chéron G, Jacobs F, Groupe d’experts de la SRLF. Intoxications graves par médicaments et substances illicites en réanimation. Réanimation, 2006 ; 15 : 332&342.
– Intoxications graves en réanimation