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Bandelette urinaire



Spécialité : pédiatrie /

Points importants


  • Examen facile et rapide à réaliser

  • Apporte une aide dans un grand nombre de pathologies

  • Nécessité d’un prélèvement fait dans de bonnes conditions en particulier chez l’enfant et la personne âgée

Indications


EN FONCTION DES PARAMETRES


Leucocyte-estérase 


  • Infection urinaire (adulte et enfant)

  • Cystite

  • Prostatite

  • Pyélonéphrétique

  • Urétrite

  • Infection du liquide d’ascite


Nitrite 


  • Infection urinaire (adulte et enfant)

  • Cystite

  • Prostatite

  • Pyélonéphrétique

  • Urétrite


Protéinurie


  • Syndrome néphrotique

  • Syndrome néphritique

  • Glomérulonéphrite

  • Insuffisance rénale

  • Menace d’accouchement prématuré

  • Prééclampsie

  • Eclampsie

  • Hellp (syndrome)


pH 


  • Urine acide :    

    • acidose

    • diarrhée

    • jeûne

    • déshydratation

  • Urine basique :    

    • obstruction du tractus urinaire

    • obstruction du pylore

    • acidose rénale tubulaire

    • insuffisance rénale chronique

    • alcalose respiratoire

  • Pour le suivi de l’alcalinisation thérapeutique :    

    • rhabdomyolyse

    • intoxication aux salicylés


Hématurie 


  • Transfusion (complications)

  • Lithiase rénale

  • Colique néphrétique (calcul rénal)

  • Rhabdomyolyse

  • Convulsions (adulte et enfant)

  • Syndrome néphrotique

  • Syndrome néphritique

  • Glomérulonéphrite

  • Insuffisance rénale chronique


Densité urinaire 


  • Diabète insipide

  • Syndrome de sécrétion inapproprié d’ADH

  • Syndrome hépato-rénal

  • Aide à l’interprétation des leucocyturies, hématurie, Glycosurie, protéinurie, nitrite


Corps cétoniques 


  • Cétose sans acidose

  • Acido-cétose diabétique

  • Jeûne


Glycosurie 


  • Diabétique (aux urgences)

  • Diabète juvénile

  • Diabète gestationnel

  • Fractures de la face

  • Traumatisme facial


Bilirubine, Urobilinogène (sur les bandelettes à 10 zones)


  • La présence de bilirubine dans les urines est toujours pathologique

  • Ictère, ictère néonatal

  • Drépanocytose

  • Menace d’accouchement prématuré (incompatibilité fœto-maternelle)


EN FONCTION DES PATHOLOGIES


Infection urinaire (adulte et enfant), cystite, prostatite, pyélonéphrétique, urétrite


  • La BU est le premier examen à  réaliser lorsque l’on suspecte l’un de ces diagnostics

  • Leucocytes, nitrites :    

    • pour la pyélonéphrite : si leucocyte +, nitrite négatif ou leucocyte seul négatif on peut affirmer l’absence d’infection urinaire (VPN 95%en milieu hospitalier et 99% en ambulatoire)

    • pour les infections urinaires basses, une BU négative n’élimine pas le diagnostic en cas de suspicion clinique forte. Leucocytes et nitrites ont une sensibilité et spécificité faible 75 et 82%. Les germes retrouvés sont dans 75-90% des E Coli et  dans 5-15% staphylococcus saprophyticus

  • La positivité du test (leucocytes et nitrites) ne permet pas d’affirmer le diagnostic d’infection urinaire (VPP médiocre 33.5% en particulier en ambulatoire où la prévalence de l’infection urinaire 5% est plus faible qu’en milieu hospitaliser 15%)

  • pH :

    • en cas d’infection urinaire l’urine est alcaline pH > 6,5

  • La BU ne peut pas se substituer à l’examen de référence l’ECBU en particulier pour l’identification du germe et l’antibiogramme


Infection du liquide d’ascite


  • La positivité de la Leucocyte-estérase peut permettre de détecter une infection du liquide d’ascite (spécificité et VPN proche de 99%)

  • La négativité du test n’élimine pas le diagnostic (mauvaise sensibilité)

  • Aucune utilité des nitrites dans ce contexte


Syndrome néphrotique


  • Protéinurie chez l’adulte +++ (3g/L par définition)

  • Chez l’enfant dépend du poids de l’enfant mais généralement +++

  • Hématurie 0 à ++


Syndrome néphritique et glomérulonéphrite rapidement progressive (GNRP)


  • Protéinurie ++

  • Hématurie +++ ou macroscopique


Insuffisance rénale


  • Il est rare d’avoir une insuffisance rénale si les GB, GR et protéine sont normaux simultanément

  • Si densité urinaire > 1 025, la probabilité d’une insuffisance rénale sévère est faible

  • La BU est utile avant la prescription de médicaments néphrotoxiques


Menace d’accouchement prématuré


  • Voir : infection urinaire (adulte), prééclampsie, éclampsie, Hellp (syndrome), diabète gestationnel


Prééclampsie, éclampsie, Hellp (syndrome)


  • Dans le cadre de la prééclamspie, protéinurie au minimum à + par définition

  • Dans le cadre de l’éclampsie, il peut y avoir une positivité de la case hématurie en raison de la libération de myoglobine liée aux convulsions

  • NB : dans l’HTA gravidique il n’y a pas de protéinurie


Intoxication à la cocaïne


  • Myoglobinurie


Intoxication aux salicylés


  • La BU permet  par la surveillance du pH urinaire, l’alcalinisation thérapeutique des urines

  • Objectif thérapeutique pH compris entre 7.5 et 8.5 permettant l‘épuration rénale de l’aspirine


Rhabdomyolyse


  • La BU permet, par la surveillance du pH urinaire, l’alcalinisation thérapeutique des urines.

  • Objectif thérapeutique : pH > 6.5 (avec surveillance conjointe de la gazométrie artérielle)


Convulsions (adulte et enfant)


  • La positivité de la case hématurie  est en faveur du diagnostic car la BU réagit avec la myoglobine


Transfusion (complications)


  • Lors de l’hémolyse intravasculaire, les urines (recueillies par sondage) prennent une couleur porto en raison d’une hémoglobinurie (Positivité de la case hématurie en raison d’une hémoglobinurie et de la case Bilirubine)


Lithiase rénale, colique néphrétique (calcul rénal)


  • Hématurie microscopique dans 94% des cas

  • En cas de la négativité de l’hématurie, on peut pratiquement écarter cette hypothèse diagnostique


Diabète insipide


  • Densité urinaire < 1 003, la BU doit également être réalisée comme surveillance de l’efficacité de la desmopressine (Minirin).

  • Pas de protéinurie

  • Pas de glycosurie (sauf en cas de réhydratation par du G5% chez le patient en mort encéphalique. Dans ce cas, la densité est pathologique quand elle est < 1 005)


Syndrome de sécrétion inapproprié d’ADH


  • Densité urinaire > 1 025, à confirmer par la mesure de l’osmolalité plasmatique et urinaire, une natriurèse élevée en apport sodé normal,  normovolémie, absence de diagnostic différentiel


Syndrome hépato-rénal


  • Protéinurie négative ou +

  • Densité urinaire élevée


Cétose sans acidose et jeûne


  • Diabète rénal néphrogénique associé à une cétose de jeûne

    • Glycosurie et cétonurie +

  • Cétose de l’alcoolique et cétose de jeûne :    

    • glycosurie < cétonurie.

    • la cétose cède rapidement à l’apport de glucide. La BU peut être prise en défaut car elle ne détecte que l’acéto-acétate.


Acido-cétose diabétique


  • Cétonurie +++

  • Glycosurie > +++


Diabétique (aux urgences), diabète juvénile, diabète gestationnel


  • La BU doit être faite à la recherche d’une cétonémie sauf s’il est possible de réaliser une cétonémie capillaire

  • Une protéinurie fera rechercher des complications rénales

  • La BU recherchera aussi une infection urinaire


Fractures de la face, Traumatisme facial


  • En cas de rhinorrhée ou otorrhée, une positivité de la case détectant le sucre sera en faveur d’un écoulement de LCR. Les sécrétions physiologiques de ces orifices ne contiennent normalement jamais de sucre.


Ictère, ictère néonatal


  • La BU sera positive pour la bilirubine et l’urobilinogène (sur les bandelettes à 10 zones)


Drépanocytose, menace d’accouchement prématuré (incompatibilité foeto-maternelle)


  • La BU peut être positive pour la bilirubine et l’urobilinogène (sur les bandelettes à 10 zones) en raison de l’hémolyse

  • Sa négativité n’élimine pas le diagnostic

Présentation du matériel


  • Les bandelettes sont constituées par un support en plastique où sont fixées des zones de réactivités  distinctes. Elles sont à usage unique.

  • Elles doivent être conservées dans un flacon fermé hermétiquement contenant un absorbeur d’humidité, à l’abri de la lumière et à une T° < 30°C

  • Elles ne doivent pas être utilisées si l’une des zones a noirci ou a décoloré

Description de la technique


Généralités


  • Pour le recueil de l’urine, il faut utiliser un récipient propre bien lavé, idéalement un pot à ECBU stérile. Les pots recevant l’urine ne doivent  pas avoir été contaminés en particulier par des détergents

  • L’urine doit être recueillie après une toilette soigneuse, par exemple à l’hypochlorite de sodium stabilisé (dakin). Si le patient a un étui pénien (penilex), il faut redésinfecter le gland et mettre un étui neuf stérile

  • Il doit s’agir si possible des urines du milieu de jet pour éviter les contaminations du carrefour uro-génital

  • Il ne faut pas tester une urine qui serait restée à la température ambiante


Patients porteurs de sonde urinaire


  • Si  le patient est porteur d’une sonde urinaire, il ne faut pas utiliser les urines qui ont stagné dans la poche mais des urines fraîches

  • On peut conserver des urines 24 heures à 4°C et à l’abri  de la lumière


Technique chez les nourrissons et petits enfants : technique de collecte par poche stérile


  • Bien désinfecter les parties génitales. Pour les filles, une compresse imbibée par lèvre d’avant en arrière sans revenir sur le geste. Pour les garçons, décalotter avec précaution et bien insister au niveau du méat

  • Bien coller la poche pour éviter toute fuite

  • Si après 30 min il n’y a pas d’urine, il faut remplacer la poche en répétant toute la procédure de désinfection

  • Transférer stérilement les urines dans un flacon stérile à ECBU

  • Malgré toutes ces précautions, il y a souvent des contaminations. (Ainsi certains services font des aller/retour avec des sondes urinaires chez les filles et utilisent des cathéters sus-pubiens chez les garçons)


Lecture


  • On peut soit plonger quelques secondes la bandelette dans l’urine, soit verser l’urine dessus à l’aide d’une seringue stérile.

  • Il faut égoutter la BU en passant son bord contre le rebord du récipient

  • La bandelette doit être maintenue horizontalement pour qu’il n’y ait pas d’interférence entre les différentes zones

  • La lecture est faite en rapprochant la bandelette de l’échelle colorimétrique visuellement.

  • Des appareils permettent d’automatiser la lecture et  d’avoir une lecture plus objective des résultats.

  • Dans tout les cas, les temps doivent être rigoureusement observés. Avec les bandelettes actuelles les temps de lecture vont de 30 s pour le sang à 2 min pour les leucocytes (temps indiqué sur l’emballage)



Précautions d’emploi


  • L’utilisation des bandelettes suppose le respect des délais de péremption, des conditions de conservation et d’utilisation indiquées par le fabricant

  • Il ne faut pas toucher la zone de réactivité avec les doigts



Pièges éventuels


  • Il y a de nombreux pièges pouvant être responsables d’un faux résultat :    

    • séjour des urines dans la vessie moins de 4 heures

    • dilution des urines par diurèse importante (faible densité)

    • compte de germes trop faible

    • lecture trop rapide

    • germe non producteur de nitrite (streptocoque, gonocoque, BK)

    • une leucorrhée

    • une protéinurie > 5 g/L ou une glycosurie > 20 g/L ralentissent la coloration

    • germes du méat urinaire si prélèvement en début de jet

    • souillure cutanée


FAUX POSITIFS ET FAUX NEGATIFS


Leucocyte-estérase


  • Normalement négatif / Trace : 15 leuco/L / + : 70 leuco/L / ++ : 125 leuco/L / +++ : 500  leuco/L

  • Faux positif :

    • glycosurie 3+, protéinurie 3+, densité 2+, céphalosporines, tétracycline

  • Faux négatif :    

    • leucorrhée

    • protéinurie > 5g/L ou une glycosurie > 20g/L ralentissent la coloration

    • régime pauvre en nitrite (lait)


Nitrite


  • Normalement négatif :

    • seuil de détermination de 105 germes/mL

  • Faux positif :    

    • germes du méat urinaire si prélèvement en début de jet

    • souillure cutanée

    • dérivés nitrés

  • Faux négatif :    

    • urine acide (voir le pH ci-dessous)

    • urines de moins de 4 heures

    • dilution des urines par diurèse importante (faible densité)

    • compte de germes trop faible

    • lecture trop rapide

    • germe non producteur de nitrite (streptocoque D = entérocoque, staphylocoques saprophytes, pyocyanique, acinetobacter, gonocoque, BK)

  • Remarque : germe producteur de nitrite : entérobactérie


Protéinurie


  • Normalement négatif / + : 300mg/L / ++ : 1g/L / +++ : 3g/L / ++++ : 20g/L

  • Faux positif :    

    • toilette avec chlorhexidine

    • pH alcalin

    • densité > 1025 peut entraîner des “Traces” non anormales

  • Faux négatif :    

    • diurèse ++ (faible densité)

    • peu d’albumine ou protéinurie de Bence-Jones

    • un résultat négatif n’exclut pas la présence de protéines autres que l’albumine

  • Causes de vrai positif non pathologique :    

    • protéinurie physiologique de 150mg/j

    • protéinuries  fonctionnelles (liées à l’effort physique, la fièvre) à tous les âges, disparaissent après élimination de la cause fonctionnelle

  • La protéinurie orthostatique (excrétion importante en journée et quasiment nulle la nuit ou en position allongée)


pH


  • Normalement 6,5 à 7,5

  • Faux positif :

    • urine vieillie dans le gobelet (donc basique, lié aux bactéries)

  • Faux négatif :

    • conservateurs acides, vitamine C


Hématurie


  • Normalement négatif / Trace : 10 GR/L / + : 25 GR/L / ++ : 80 GR/L / +++ : 200 GR/L

  • Faux positif :

    • menstruations, sondage, leucorrhées, antiseptique

  • Faux négatif :

    • urines très concentrées (densité haute)

  • Remarque : La BU réagit avec les globules rouges, l’hémoglobine et la myoglobine.


Densité urinaire


  • Normalement 1 010 à 1 025 unité DU (l’urine du matin est la plus concentrée). La BU mesure de 1 000 à 1 030 avec des intervalles de 0,005 unité DU.

  • Densité < 1 010 : urine peu concentrée

  • Densité > 1 025 : urine très concentrée

  • Remarque : En cas de pH urinaire > 6.5, la densité est sous-évaluée : rajouter 0,005 par unité pH supérieure à 6,5


Corps cétoniques


  • Normalement négatif


mmol/L        0.5        1.5      4         8      > 16


g/L                0,005   0,15   0,4     0,8     > 1,6


mg/dL           5           15     40      80      > 160


                    Trace       +      ++      +++     ++++


  • Faux positif :

    • les urines de forte densité et/ou de pH bas peuvent donner un faux positif allant jusqu’à la zone “Traces”, en cas de jeûne, de prise de L-Dopa, de Captopril ou de mesna (Uromitexan)

  • Faux négatif :

    • bactériuries


Glycosurie


  • Normalement négatif


mmol/L      5.5       14          28          55       > 111


g/L                 1         2.5         1           10       > 2


mg/dL       100      250        500     1000     > 2000


                 Trace       +           ++        +++        ++++              


  • Faux positif :

    • aucun

  • Faux négatif :

    • diurèse importante (densité < 1005), bactéries ++, cétonurie ++, aspirine, L-dopa


Bilirubine, Urobilinogène (sur les bandelettes à 10 zones)


  • La présence de bilirubine dans les urines est toujours pathologique

    • seuil moyen : bilirubine 2-4 mg/L, urobiligène 1,6-16 µmol/L

  • Faux positif :

    • rifampicine

  • Faux négatif :    

    • urine laissée à la lumière

    • vitamine C, chlorhexidine dans le récipient



Surveillance


  • En cas de doute répéter l’examen

  • Confirmation des résultats par des examens de laboratoire :    

    • leucocyte-estérase, nitrite et hématurie par un ECBU

    • protéinurie sur BU par une protéinurie et une créatininurie sur échantillon

    • pH par un dosage au laboratoire du pH urinaire

    • densité urinaire par un ionogramme urinaire

    • corps cétoniques par une cétonémie capillaire

    • glycosurie par une glycémie capillaire

    • bilirubine et urobilinogène par un dosage de la bilirubine plasmatique

Auteur(s) : Nicolas SEGAL

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