Objectifs
Savoir penser à une hypothèse toxique devant un état d’agitation, avec ou sans ébriété associée.
Penser aux complications physiques liées aux drogues, devant un patient agité en raison de leur effet.
Savoir proposer une orientation adéquate au patient venant pour agitation liée aux drogues.
Connaître les circuits adéquats pour une prise en charge pluridisciplinaire.
Conduite à tenir
Dès son arrivée aux urgences, le patient agité ou déprimé, délirant ou non, va présenter des signes en rapport avec l’intoxication aiguë dans le cas d’une intoxication avec des psychostimulants (cannabis, cocaïne, amphétamines…), ou des signes liés au sevrage brutal (opiacés, benzodiazépines, alcool).
Les psychodysleptiques, ou hallucinogènes, comme le LSD 25 (ou « acide »), diéthylamide de l’acide lysergique, champignon parasite du seigle, est la plus puissante de toutes les substances hallucinogènes. Il est cent fois plus puissant que la psilocybine et la psilocine (champignons hallucinogènes). Des effets proches sont occasionnés par la Datura, plante très répandue.
Les psychoanaleptiques, ou psychostimulants, comprennent la cocaïne, alcaloïde extrait de la feuille de coca, qui provoque une vasoconstriction générale de l’organisme. D’autres effets sont dus aux produits de coupage qui peuvent avoir leur propre toxicité cardiovasculaire ou neurologique. Un résidu de la préparation de la cocaïne est le crack que l’on obtient en chauffant de la cocaïne avec du bicarbonate de soude ou de l’ammoniac.
Les amphétamines ont été découvertes à partir de 1910 et comprennent, dans les produits dérivés, le MDMA (méthylène dioxymétamphétamine) ou ecstasy, synthétisé en 1914.
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Signes
Hallucinogènes (psychodysleptiques) : LSD
ntoxication modérée au LSD
L’utilisateur est conscient mais anxieux et apeuré, avec des incohérences, un discours de type paranoïaque. Le sujet est larmoyant, agressif et autodestructeur, avec le vécu de cauchemars.
Dose élevée de LSD
Le tableau est celui d’un délire avec des hallucinations visuelles colorées (Lucy in the Sky with Diamonds).
Psychostimulants (psychoanaleptiques)
Cocaïne
Vasoconstriction générale de l’organisme avec tachycardie, hypertension artérielle, arythmie, hyperthermie, ischémies, tremblements, convulsions, dépression respiratoire et collapsus. D’autres effets sont dus aux produits de coupage qui peuvent avoir leur propre toxicité cardiovasculaire ou neurologique.
Crack
Des effets d’agitation avec excitation physique et verbale sont très fréquents, avec auto- ou hétéroagressivité et, souvent, un discours de type paranoïaque.
Amphétamines, ecstasy
Les effets observés sont une augmentation de la confiance en soi, une anorexie et une excitation intellectuelle, motrice et sexuelle. Des troubles psychiatriques sont associés à des conduites compulsives agressives, d’autant plus que les formes illicites sont souvent coupées (caféine, éphé- drine, procaïne…).
L’ecstasy a des effets à la fois hallucinogènes et psychostimulants, avec phase de désorientation initiale suivie d’un flash avec mouvements spasmodiques de crispation. Ensuite survient une phase d’euphorie avec abolition de la sensation de fatigue (4 à 6 h) suivie d’une phase dépressive de 8 h, pouvant nécessiter une prise en charge psychiatrique. Les hallucinations visuelles, fréquentes, concernent 20 % des utilisateurs.
Premiers gestes – Questions au patient
Interrogatoire du patient ou de l’entourage
• Y a-t-il un contexte de prise de drogues psychodysleptiques : soirée, rave partie, sortie en discothèque ?
• Le patient est-il consommateur régulier de stupéfiants comme le cannabis ?
• A-t-on notion d’une « défonce » avec alcool, médicaments et drogues plus ou moins mélangés ?
• A-t-on notion de troubles psychiatriques antérieurs ? d’un état dépressif ? de conduites suicidaires devant un ou des problèmes ?
• Le patient se plaint-il d’un signe physique apparu brusquement (fièvre, le cœur qui bat vite, des douleurs thoraciques, un déficit neurologique) ?
Premiers gestes
Quand un patient toxicomane arrive aux urgences pour un problème psychiatrique :
• Prendre les constantes (PA, FC, saturation en oxygène à l’air ambiant, température ++).
• Rechercher un déficit neurologique (hémiplégie, paralysie faciale, etc.) et réaliser un score de Glasgow pour apprécier l’état de conscience qui peut être fluctuant (succession d’une agitation et d’un coma d’origine toxique).
• Prélever un bilan sanguin et urinaire à la recherche de toxiques. Le dépistage urinaire permet notamment de retrouver les amphétamines, la cocaïne et le cannabis avec un test à lecture rapide. Un dosage d’alcoolémie est important, bon nombre d’états d’agitation sont dus à une intoxication mixte par alcool et cannabis.
• En cas d’agitation ou d’agressivité, mettre en route la procédure du service.
Conduite à tenir
Un test de glycémie capillaire est important pour éliminer des troubles en rapport avec une hypoglycémie.
Prise en charge – Bilans, traitement
Bilans
Bilan clinique
Le bilan clinique est particulièrement attentif quant aux complications aiguës des psychostimulants et psychodysleptiques, notamment hyperthermie maligne, infarctus, poussée hypertensive, accidents cérébraux vasculaires.
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MÉDICO-LÉGALES
Complications psychiatriques des drogues
• Une attention particulière est portée aux automutilations qui peuvent être importantes.
• L’examen neurologique avec scanner cérébral, chez un patient sédaté pour obtenir une imagerie correcte, peut avoir un grand intérêt pour éliminer un accident vasculaire lié à la prise de cocaïne.
Bilan toxicologique
• Il est fondamental et peut être effectué rapidement : les prélèvements toxicologiques (sang, urine, etc.) doivent être les plus précoces possibles. L’urine permet des techniques rapides au centre hospitalier (dépistage urinaire des toxiques communs par bandelettes de type All-Diag, Nal 24 ou Triage).
• Le sang prélevé sert pour des techniques de laboratoire de référence (prélèvements sur lithium-héparine) pour l’identification des stupéfiants.
• Il est important de renouveler le bilan régulièrement pendant l’hospitalisation de courte durée pour s’assurer de l’élimination des substances toxiques.
Bilan psychiatrique
Le bilan psychiatrique permet de préciser le trouble rencontré.
l est admis qu’il n’existe pas une structure de personnalité propre aux toxicomanes, mais l’expérience professionnelle montre que la toxicomanie est un symptôme que l’on retrouve aussi bien chez les névrotiques, les psychotiques, les pervers et états limites.
L’adolescence est une phase critique car c’est le moment des plus grands changements psychiques en raison de la résurgence de la génitalité. La toxicomanie se trouve maintenant dans des classes d’âge basses, souvent avant même 14 ans. Tous les adolescents prenant de la drogue ne deviennent pas toxicomanes, cela dépend de leur fragilité psychologique, de leur capacité d’adaptation déficiente. Des épisodes aigus chez des consommateurs non habituels, en recherche de « défonce », sont fréquents : alcool, plantes toxiques (Datura, mandragore, champignons) et cannabis sont le plus fréquemment retrouvés.
• La personnalité la plus fréquente est la personnalité antisociale (psychopathe). Les patients arrivent alors aux urgences pour troubles du comportement, voies de fait, violence, le plus souvent avec la police ou avec
les pompiers. Ils peuvent être placés en garde à vue, dont le médecin jugera de la possibilité selon l’état de la personne.
• La personnalité limite ( borderline ), fragile ligne entre l’état névrotique et l’état psychotique, est amenée à être vue pour tentative de suicide, bouffées délirantes aiguës (cocaïne et cannabis). La drogue modifie la perception de la réalité et la façon de réagir face à la réalité ; par exemple, le cannabis est anxiolytique et facilite le passage à l’acte suicidaire.
• Pour les psychotiques fumant du cannabis, les symptômes apparaissent plus tôt et la prise en charge médicale est moins bien acceptée. On a vu apparaître une psychose dite cannabique : elle se manifeste par des signes proches des bouffées délirantes aiguës avec une plus grande fréquence des hallucinations, en particulier visuelles. Avec l’arrêt du toxique et un traitement neuroleptique adapté, les troubles disparaissent et, à la différence d’avec une schizophrénie typique, la prise de neuroleptique est moins longue sans risque de récidive si le patient arrête le cannabis définitivement.
• Chez les utilisateurs de cocaïne peuvent apparaître des délires de persécution pouvant aller jusqu’au passage à l’acte hétéroagressif avec installation dans le temps si la consommation n’est pas arrêtée.
Prise en charge
• Poser une voie d’abord veineux avec NaCl 0,9 % (garde-veine) pour permettre tout traitement, à garder jusqu’à la sortie hospitalière du patient.
• Mettre en route les traitements adéquats en cas d’agitation, y compris contention physique et chimique, selon les prescriptions médicales écrites.
• Mettre en route les traitements adéquats devant une complication physique pouvant être traitée aux urgences ; si besoin, passage en réanimation.
Conduite à tenir
Avec les stupéfiants, les complications physiques aiguës accompagnent les complications psychiatriques aiguës. Le bilan d’une agitation par un psychostimulant comme la cocaïne, les amphétamines ou l’ecstasy, doit comprendre un bilan physique à la recherche d’une hyperthermie et de ses conséquences, de troubles hypertensifs, de troubles ischémiques ou neurologiques lacunaires.
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ÉVALUATION DE LA TOXICOMANIE
• Histoire de la toxicomanie.
• Mode de vie passé et actuel.
• Problèmes avec la justice et la police.
• Accès aux droits et aux ressources.
• Formation professionnelle.
• Principaux problèmes de santé et de suivi médical.
• Principaux problèmes et antécédents psychologiques et psychiatriques.
Évaluation – Surveillance
• Surveillance de l’état de conscience, entretiens fréquents avec le patient pour le rassurer et pour juger de la persistance des troubles psychiatriques ou de leur disparition, entre 24 et 48 h selon le produit et la dose ingérée.
• Si les troubles psychiatriques persistent après le délai normal de disparition dans un cas d’intoxication aiguë, avant de décider d’une hospitalisation sur demande d’un tiers ou d’office, refaire une recherche urinaire de toxiques et faire une autre évaluation psychiatrique après élimination de tout produit toxique.
• Tout usager de drogue qui fait une demande de soins mérite attention et bienveillance car il s’agit d’un malade et non d’un délinquant.
Les patients admis pour intoxications aux stupéfiants sont admis comme tout patient.
Aucun signalement aux autorités judiciaires ou de police n’est prévu.
Les hospitalisations en psychiatrie correspondent aux dispositions légales des hospitalisations à la demande d’un tiers ou d’office.
Fiche 20, Coma toxique.
Fiche 86, Complications physiques aiguës des drogues.
Fiche 130, Refus de soins aux urgences.
Fiche 101, Contention et sédation.
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