Search
Close this search box.

Drainage thoracique

Adulte

Spécialité : pneumologie /

Points importants

  • Définition = évacuer de l’espace pleural tout épanchement, gazeux ou liquidien
  • But = ramener une pression négative dans l’espace pleural et ramener la surface du poumon à la paroi thoracique
  • Principe = introduction dans la cavité pleurale d’un drain, pouvant être relié ou on à un système aspiratif
  • Si patient instable => décompression de la cavité pleurale au doigt (thoracostomie) ; drainage avec pose d’un drain secondairement
  • Asepsie parfaite obligatoire pendant tout le geste
  • Ne jamais clamper un drain thoracique chez les patients intubés

Indications

INDICATIONS DE DRAINAGE D’UN EPANCHEMENT PLEURAL 

Pathologies

  • Pneumothorax
  • Hémothorax
  • Epanchement pleural  liquidien abondant
  • Empyème
  • Chylothorax

Symptomatiques 

  • Respiratoires :
    • présence ou aggravation d’hypoxie
    • signes de détresse respiratoire (polypnée, balancement thoraco-abdominal)
    • signes thoraciques (diminution ou abolition du murmure vésiculaire uni ou bilatéral, emphysème SC, douleur à la palpation, tympanisme ou matité à la percussion)
    • ventilation mécanique
  • Hémodynamiques :
    • présence / aggravation d’un état de choc hémodynamique, surtout contexte de traumatisme thoracique
    • arrêt cardiaque post traumatique

Volume du pneumothorax 

  • Pneumothorax spontané :
    • recommandations américaines =  distance entre le sommet du parenchyme pulmonaire et l’apex de la paroi thoracique ≥ 3 cm
    • recommandations britanniques = distance entre la limite externe du poumon et la paroi thoracique ≥ 2 cm)
  • Pneumothorax secondaire à une pathologie respiratoire sous-jacente :
    • décollement > 20% de la surface de la surface de l’hémithorax
  • Hémopneumothorax post-traumatique ou iatrogénique :
    • décollement > 20% de la surface de l’hémithorax

EN PRE-HOSPITALIER

  • Suspicion de pneumothorax compressif avec :
    • détresse respiratoire (SpO2 < 96%, et/ou polypnée, tirage, …)
    • détresse hémodynamique (PAS < 90 mmHg et/ou besoin de remplissage et/ou support catécholamine)
  • Arrêt cardiaque post-traumatique réfractaire à une RCP bien conduite

EN MILIEU HOSPITALIER

Imagerie minimum avant le drainage thoracique

Aucune imagerie

  • Si détresse vitale immédiate ou arrêt cardiaque => thoracostomie uni ou bilatérale selon les signes cliniques puis pose du drain :
    • surtout en cas d’arrêt cardiaque post-traumatique

Radiographie thoracique ou échographie pleurale : si détresse vitale contrôlée (SpO2 > 96% sous oxygène)

Scanner thoracique : si pas de signes de détresse vitale



Contre-indications

  • Troubles majeurs de l’hémostase
  • En pré-hospitalier : suspicion  d’adhérences pleurales nécessitant une vidéoscopie

Présentation du matériel

MATERIEL GENERAL 

  • Morphine
  • Lidocaïne  1% (anesthésie locale)
  • Seringues de 10 mL et 20 mL
  • Aiguille intramusculaire
  • Atropine
  • Casaque, masque, gants, champs et compresses stériles
  • Solution antiseptique (Bétadine ou chlorexidine)
  • Lame de bistouri, pince de Leriche, deux clamps (Kelly, Kocher)
  • Deux fils stériles (≥ 1.0) et un pansement stérile
  • Système d’aspiration

MATERIEL SPECIFIQUE 

  • Exsufflation à l’aiguille : cathéter 16 G, monté sur une seringue
  • Pleurocath: dispositif de petit calibre (8ch) introduit à travers une aiguille à la manière d’un cathéter normal
  • Drains :
    • épanchement aérique : drains de 20 à 24 ch
    • épanchement liquidien ou PNO sous ventilation mécanique : drains 28 ch
    • épanchement purulent ou débris alimentaires : drains 36 ch
https://mededuct.com/wp-content/uploads/fichier_709.jpgfichier_709

Différents matériaux disponibles

  • Drains pour enfant :
    • < 6 mois : 10ch
    • 6 mois à 2 ans : 14 ch
    • 2 à 5 ans : 14 à 18 ch
    • 5 à 10 ans : 18 à 20 ch
    • > 12 ans : 20 à 28 ch

Description de la technique

Information du patient avec éventuelle prémédication

EXSUFFLATION A L’AIGUILLE 

  • Désinfection cutanée rapide
  • Choix de l’aiguille (de 5 cm de long environ)
  • Ponction au niveau du 2e espace intercostal, sur la ligne médioclaviculaire, en passant le long du bord supérieur de la côte inférieure


fichier_710

Points d’insertion du drain

  • Dès l’apparition d’air dans la seringue => désadaptation du cathéter de la seringue => échappement de l’air

DRAINAGE THORACIQUE 

Conditions d’asepsie rigoureuse

  • Lavage chirurgical des mains
  • Désinfection du site de drainage
  • Pose de champ stérile …

Positionnement du patient 

  • Patient assis ou semi-assis dans le lit
  • Main du côté homolatéral mise derrière la tête

Sites d’insertion 

  • Abord antérieur : 2e espace intercostal sur la ligne médioclaviculaire (meilleure évacuation des épanchements gazeux)
  • Abord latéral ou axillaire : 4e ou 5e espace intercostal sur la ligne axillaire moyenne (abord de choix pour les épanchements liquidiens, patients obèses)

Technique de pose du drain


fichier_711

Technique de ponction à l’aiguille, voie percutanée (Seldinger)

  • Anesthésie locale de l’espace intercostal de 2 à 3 cm (permettant l’introduction d’un doigt dans la plèvre)
  • Dissection du plan sous-cutané jusqu’aux muscles intercostaux par pince de Kelly ou de Kocher, trajet vérifié ensuite par le doigt
  • Franchissement de l’espace pleural, par une hyperpression à la pince fermée
  • Quand la paroi est passée, la pince est ouverte dans tous les plans afin de faciliter le passage du drain
  • Insertion du drain sans forcer, par un trocart de Monod ou avec un drain monté sur une pince
  • Insertion du drain de plusieurs cm au-delà du dernier orifice du drain et direction en haut et en avant pour un pneumothorax et en bas et en arrière pour un hémothorax
  • Fixation à la peau par un fil non résorbable
  • Réalisation d’une bourse / point en ‘U’ autour de l’orifice du drain
  • Relier le drain à un système de drainage :
    • système posé à environ 1 m en-dessous du niveau du patient
    • valve unidirectionnelle antiretour de Heimlich
    • recueil dans un système à bocaux
    • aspiration (dépression de 20 à 30 cmH2O)

THORACOSTOMIE DE SAUVETAGE

  • Désinfection de la peau
  • Incision large de 4 à 5 cm au niveau du 4e ou du 5e espace intercostal sur la ligne médio-axillaire
  • Dissection des plans sous-cutanés et musculaires à la pince de Kocher ou « effondrés » au doigt
  • Toucher pulmonaire : contact du doigt avec le poumon
  • Pose d’un simple pansement non-occlusif ou d’une valve de type Asherman
  • Introduction d’un drain thoracique secondairement (à l’hôpital si drainage préhospitalier)

HEMOTHORAX ET AUTOTRANSFUSION 

  • Se fait par des dispositifs commercialisés
  • A défaut => poche d’urine branchée sur le drain



Précautions d’emploi

  • Bonne connaissance et expérience de la technique
  • Correction des troubles de la coagulation, sauf si urgence vitale
  • Risques de lésions pulmonaires : poumons sous-jacents peu compliants (emphysème, fibrose pulmonaire …)
  • Risques de lésions viscérales (rate, foie) : si rupture diaphragmatique
  • Ne jamais retirer plus de 1 L à 1,5 L de liquide pleural en moins de 30 min ; risque d’œdème pulmonaire de réexpansion)



Pièges éventuels

  • Intubation sélective => trouble ventilatoire => mime un épanchement liquidien (mais dans ce cas, déviation homolatérale du médiastin et non du côté opposé)
  • Atélectasie
  • Contusion parenchymateuse pulmonaire
  • Rupture diaphragmatique



Complications

ECHEC 

Choix du calibre 

  • Cathéter trop petit => n’atteint pas l’espace pleural
  • Drain de calibre insuffisant => bouché si épanchement liquidien

Trajet ectopique 

  • Extrapleural : sous-cutané
  • Intrapleural :  intrafissural

COMPLICATIONS 

Trajet ectopique 

  • Lésion vasculaire :
    • artère intercostale (au bord inférieur de la côte supérieure)
    • artère mammaire interne (si insertion en dedans de la ligne médioclaviculaire)
  • Cardiaque
  • Lésion cardiaque
  • Lésion médiastinale
  • Lésion viscérale : rate, foie, estomac … (si insertion en dessous du 5e espace intercostal)

Infection (pas de nécessité d’antibioprophylaxie)

Œdème pulmonaire dû à la réexpansion pulmonaire trop rapide lors de l’évacuation d’un épanchement pleural liquidien (ne jamais enlever plus de 1 L à 1,5 L en moins de 30 min)



Surveillance

  • Surveillance et inspection du pansement, du réceptacle et des raccords
  • Changement quotidien des pansements en respectant les règles d’asepsie
  • Les raccords doivent être apparents et étanches :
    • détecter la désunion
    • éviter la récidive du PNO/faux « bullage » persistant
  • Auscultation pulmonaire et palpation du thorax : recherche d’emphysème sous-cutané
  • Clampage préalable lors des manipulations
  • Quantification des pertes et/ou du bullage :
    • bullage important => plaie trachéo-bronchique
    • arrêt brutal du bullage => recherche de dysfonctionnement du drain (occlusion, coudure …)
  • Radiographie thoracique :
    • après la pose du drain => contrôle de sa position
    • quotidienne systématique
    • après toute modification du drainage
    • après tout changement de la position du drain
    • 3 heures après la mise en siphonage
    • après ablation du drain (devant montrer le poumon à paroi)
  • Ablation du drain :
    • absence de bullage depuis 24 heures
    • production liquidienne < 200 mL/24h
    • se fait après mise en siphonage au moins 3 heures + contrôle radiologique (poumon à la paroi)
    • ne pas clamper le drain avant son ablation



Bibliographie

  • Waydhas C, Sauerland S. Pre-hospital pleural decompression and chest tube placement after blunt trauma: A systematic review. Resuscitation 2007; 72: 11-25.
  • Fitzgerald M, Mackenzie CF, Marasco S, Hoyle R, Kossmann T. Pleural decompression and drainage during trauma reception and resuscitation. Injury 2008; 39: 9-20.
  • Dahan M, Berjaud J, Brouchet L, Pons F. Principes du drainage thoracique. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris), Techniques chirurgicales – Thorax, 42-200. 2002: 10 p.
  • Barriot P, Riou B, Viars P. Prehospital autotransfusion in life-threatening hemothorax. Chest 1988; 93: 522-6.
  • Ahmed A, Page RD. The utility of intrapleural instillation of autologous blood for prolonged air leak after lobectomy. Curr Opin Pulm Med 2008; 14: 343-7.
  • Aylwin CJ, Brohi K, Davies GD, Walsh MS. Pre-hospital and in-hospital thoracostomy: indications and complications. Ann R Coll Surg Engl 2008; 90: 54-7.
  • Schmidt U SM, Gerich T, Blauth M, Maull KI, Tscherne H. Chest tube decompression of blunt chest injuries by physicians in the field: effectiveness and complications. J Trauma 1998; 44: 98-101.
  • David JS, Gergelé L, Fontaine O, Levrat A. Exsuflation, drainge, throracostomie. In Urgences 2009. L & C Eds, Paris, in press.
  • F. Moritz,S. Dominique, F. Lenoir, B. Veber. Drainage thoracique aux urgences. EMC-Médecine 1 (2004) 165–175
  • L. Martin. Drainage pleural en traumatologie : quoi, quand, comment ? MAPAR 2000 ; 561-577.
  • C. Télion, P. Incagnoli, P. Carli. Prise en charge de la détresse respiratoire traumatique en préhospitalier : quand et comment drainer ? Médecine d’urgence 2002, p. 21-28.

Auteur(s) : Jean-Stéphane DAVID, Amélie St PAUL, Laurent GERGELE

Facebook Page Medical Education——Website Accueil —— Notre Application
  • Pour plus des conseils sur cette application et developpement de cette dernier contacter avec moi dans ma emaile support@mededuct.com

Social Media

Le plus populaire

Get The Latest Updates

Abonnez-vous à La Communauté Médicale

Articles Similaires

image 317
Uncategorized

Procalcitonine (PCT)

Cette protéine, qui est le précurseur de la calcitonine, s’élève dans les infections bactériennes mais reste normale au cours des inflamma­tions et des infections virales

Read More »
fibrome uterin anatomie appareil genital feminin
Uncategorized

Le fibrome uterin

Definitions Le fibrome uterin     Le fibrome uterin est une hyperplasie focalisee des fibres musculaires lisses du myometre, sa formation est benigne et elle peut etre

Read More »
image 116 1
Uncategorized

L’epistaxis

Definition     L’epistaxis est une hemorragie ou un saignement par le nez. Etiologies Conduite a tenir Traitements et surveillances Voir aussi : Facebook Page Medical Education——Website

Read More »
image 38
Uncategorized

Présentation clinique / CIMU

Adulte Spécialité : gynécologie / symptômes / Points importants SIGNES FONCTIONNELS Généraux Spécifiques CONTEXTE Terrain Facteurs de risque EXAMEN CLINIQUE EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES CIMU Signes

Read More »
anatomie bloc duodeno hepato pancreatique
Uncategorized

Le pancreas

Definitions: Les glandes et les hormones Lesglandes     Une glandeest un amas de cellules secretant une ou plusieurs hormones et formantun tissu macro et  ou

Read More »
fichier 722
Uncategorized

Paralysie faciale de l’enfant

Enfant Spécialité : neurologie / orl / pédiatrie / Points importants Présentation clinique / CIMU SIGNES FONCTIONNELS  Généraux Spécifiques CONTEXTE  Terrain  Traitement usuel  Antécédents Facteurs

Read More »
fichier 253 1
Uncategorized

Etat de mal épileptique

Spécialité : metabolisme / neurologie / pédiatrie / Points importants Fréquent : incidence annuelle 10-40/100.000 habitants, plus élevée chez l'enfant et > 60 ans Mortalité

Read More »
image 180 4
Uncategorized

Intoxication : anticonvulsivants

Spécialité : pediatrie / toxicologie / Points importants Présentation clinique / CIMU SIGNES FONCTIONNELS Troubles neuropsychiques CONTEXTE Antécédents EXAMEN CLINIQUE Neurologique EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES ECG

Read More »
image 149 3
Uncategorized

Le Bassin

I   – RAPPELS ANATOMIQUES Le bassin est la réunion de 2 os iliaques et du sacrum. Il y a 2 types d’articulations : les sacro-iliaques

Read More »