Adulte
Spécialité : orl /
Points importants
L’intubation en urgence est toujours considérée comme celle d’un patient ayant l’estomac plein, donc à haut risque d’inhalation pulmonaire
La sédation pour l’intubation d’urgence permet de :
faciliter la réalisation de l’intubation
limiter le risque d’inhalation du contenu gastrique
diminuer les risques d’hypoxie et d’HTIC lors de la laryngoscopie
assurer le plus grand confort au patient durant cette procédure invasive
La sédation en IV doit :
avoir un délai d’action bref
être rapidement réversible
être associée à un minimum d’effets indésirables
L’induction en séquence rapide (ISR) est recommandée par les différentes sociétés savantes, telles que la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation (SFAR), la Société de Réanimation de Langue Française (SRLF) et la Société Française de Médecine d’Urgence (SFMU)
L’ISR consiste en l’administration quasi-simultanée d’un hypnotique (étomidate [Hypnomidate] ou kétamine [Kétamine] : hypnotiques de choix) et d’un curare (succinylcholine [Célocurine] curare de référence) entraînant une narcose d’installation rapide et un relâchement musculaire dans le but de faciliter l’introduction de la sonde d’intubation dans la trachée
La kétamine est l’agent d’induction de choix avant l’âge de 2 ans, en cas d’état de choc, de tamponnade et d’asthme aigu grave
Le thiopental (Pentothal) est souvent utilisé en cas d’état de mal épileptique
En cas de contre-indication à la succinylcholine, le rocuronium (Esmeron) curare non dépolarisant peut être utilisé
Indications
Intubation trachéale en présence d’une activité cardiaque spontanée dans une situation de détresse vitale, considérée comme estomac plein (pré hospitalier, urgences)
Contre-indications
Patient en arrêt cardiaque
Contre-indications à l’utilisation de la succinylcholine
Hyperkaliémie
Atteinte musculaire squelettique d’origine congénitale
Syndrome de dénervation étendu datant de plusieurs heures (hémiplégie, paraplégie ou tétraplégie)
Brûlés graves après les 24 premières heures
Polytraumatisés avec atteinte musculaire durant les premiers jours
Déficit en pseudocholinestérases plasmatiques
Plaie du globe oculaire
Antécédents d’allergie à la succinylcholine
Antécédents personnels ou familiaux d’hyperthermie maligne
Contre-indications à l’utilisation de l’hypnotique
Etomidate :
enfant de moins de 2 ans
hypersensibilité reconnue à l’étomidate
Kétamine :
HTA sévère menaçante
porphyrie
hypersensibilité reconnue à la kétamine
Thiopental :
asthme sévère / état de mal asthmatiforme
insuffisance cardiaque
hypovolémie non compensée
porphyrie
hypersensibilité aux barbituriques
Présentation du matériel
Monitorage (électrocardioscope, défibrillateur, pression artérielle non invasive [PNI], oxymétrie [SpO2], capnographe)
Voie veineuse périphérique de bon calibre
Source d’oxygène
Source d’aspiration et sonde d’aspiration de gros diamètre
Ballon autoremplisseur à valve unidirectionnelle (BAVU), poche de réserve, filtre antibactérien, masque facial transparent
Plateau d’intubation :
laryngoscope avec lames métalliques de tailles différentes
sondes d’intubation de différents calibres
seringue de 10mL
manomètre
système de fixation (sparadrap ou cordon)
stéthoscope
piles de rechangecanule de Guédel
pince de Magill, mandrin souple
long mandrin béquillé
(bougie d’Eschmann)
masque laryngé
FastrachTM
kit de
cricothyroïdotomie
Hypnotique et curare nécessaires à l’ISR
Produits nécessaires à l’entretien de l’anesthésie
Description de la technique
La mise en œuvre d’une ISR suit un ordre chronologique bien précis :
Equipement prêt à l’emploi et vérifié
Voie d’abord sécurisée
Matériel d’intubation-ventilation et d’aspiration
Monitorage cardio-vasculaire incluant scope, PNI, oxymétrie de pouls et capnographe
Techniques alternatives à la laryngoscopie directe
Position du patient
Position amendée de Jackson :
surélévation de la tête
hyperextension en l’absence de lésions rachidiennes
Préoxygénation
Faire respirer le patient dans un masque étanche alimenté en oxygène pur pendant 3 min
Assister le patient le moins possible
Contrôler l’absence de fuite
Ne pas retirer le masque avant l’apnée
Induction
Injection intraveineuse directe de l’hypnotique suivie immédiatement de la succinylcholine
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Tableau
Tableau ISR
Manœuvre de Sellick
Appliquer une pression cricoïdienne (manœuvre de Sellick) dès la perte de conscience du patient et en l’absence de lésion rachidienne cervicale ou de vomissements
Maintenir la pression jusqu’au gonflement du ballonnet de la sonde endotrachéale
Intubation orotrachéale
Procéder à l’intubation orotrachéale par voie orale sous laryngoscopie directe à la fin des fasciculations induites par la succinylcholine
Repères sondes : homme 23 cm et femme 21 cm
Ventiler le patient manuellement à l’aide d’un ballon connecté à la sonde d’intubation avec un haut débit d’oxygène
Vérifier la bonne position de la sonde par la courbe de capnographie (4 cycles) ou le test à la seringue
Gonflage du ballonnet de la sonde et vérification systématique de la pression du ballonnet (± 30 cmH2O)
Déceler une intubation sélective par l’auscultation pulmonaire
Raccorder le patient à un dispositif de ventilation mécanique après avoir fixé la sonde
Sédation d’entretien
Est à adapter en fonction du contexte pathologique et des conséquences cardiovasculaires :
Hypnovel 2 à 10mg/h + Sufentanyl 5 à 10 µg/h
ou Kétamine 1 mg/kg/h + Sufentanyl 5 à 10 µg/h
ou Penthotal 20mg/kg/24h + Sufentanyl 5 à 10 µg/h
en l’absence de Sufentanyl, utiliser Fentanyl 50 à 100 µg/h
En pratique, l’instabilité cardiocirculatoire doit conduire systématiquement à diminuer la posologie des agents hypnotiques et analgésiques
En cas d’HoTA : remplissage vasculaire ± éphédrine
Précautions d’emploi
Patient non ventilable : évaluer le bénéfice/risque de l’ISR
Choix de l’hypnotique :
Hypnomidate : méfiance chez les patients septiques à cause de l’insuffisance surrénalienne qu’il peut causer (niveau de preuve faible)
Kétamine : les risques psychodysleptiques au réveil doivent être prévenus par l’entretien rapide de la sédation par des benzodiazépines ; précautions d’emploi de la kétamine chez les patients présentant une HTA ou insuffisance cardiaque sévère, monitorage cardiovasculaire continue du patient pendant la procédure d’intubation
Pentothal : la posologie de thiopental est individuelle ; il faut donc trouver la dose anesthésique minimale pour chaque patient, ce qui nécessite une vitesse d’injection très lente
Interrompre la manœuvre de Sellick en cas d’efforts de vomissement ou de difficulté d’intubation
Maîtriser les techniques alternatives à l’intubation et, idéalement, avoir la possibilité d’un renfort médical en cas d’intubation difficile ou impossible
Complications
Désaturation profonde et prolongée : en cas d’échec ou de difficulté d’intubation, ventiler manuellement, appeler à l’aide, prioriser le maintien de l’oxygénation entre les tentatives et recourir aux techniques alternatives
Complications hémodynamiques : à traiter de manière symptomatique :
atropine en cas de bradycardie
remplissage vasculaire et utilisation immédiate d’éphédrine (3 à 6 mg en IVD toutes les 5 minutes) en cas d’HoTA
adrénaline en cas de survenue d’un arrêt cardiaque
Surveillance
Le monitorage en cas d’intubation est essentiel
Surveillance scopique : rythme cardiaque et mesure non invasive automatisée de la PA, témoins soit d’une insuffisance de sédation, soit d’un surdosage
Surveillance de la SpO2 par un oxymètre de pouls : permet d’arrêter précocement une tentative d’intubation infructueuse
Surveillance quantitative continue du CO2 (ET CO2) expiré avec analyse des courbes : permet un diagnostic immédiat d’intubation oesophagienne en cas d’absence de CO2 expiré
Surveillance de la sonde et des raccords
Auteur(s) : Patricia JABRE
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