Search
Close this search box.

Intoxication : acide valproïque

Spécialité : pediatrie / toxicologie /

Points importants

  • La configuration spatiale de l’acide valproïque est proche de celle des acides gras avec lesquels il entre en compétition
  • Il peut en résulter une déviation métabolique avec apparition d’une hyperammoniémie, d’une hyperlactatémie et d’un coma
  • La prescription de L-carnitine, associée au traitement symptomatique peut supprimer cette déviation métabolique et corriger rapidement les troubles métaboliques

Présentation clinique / CIMU

SIGNES FONCTIONNELS

Troubles neuro-psychiques

  • Somnolence, syndrome confusionnel
  • <a “pathologies_189″=””>
    HTIC
     sur oedème cérébral
  • Convulsions (la dose est alors > 200 mg/kg, ou bien il faut rechercher une polyintoxication)

Cardio-vasculaires

  • Lipothymie, palpitations

CONTEXTE

Terrain

  • Pas de profil particulier

Traitement usuel

  • Acide valproïque (Dépakine, Dépakote)

Antécédents

  • Patient épileptique ou psychotique traité par l’acide valproïque (Dépakine, Dépakote)

Facteurs de risque

  • Insuffisance hépatique
  • Déficit enzymatique portant sur la bêta-oxydation
  • Déficit inné ou acquis en carnitine

Circonstances de survenue

  • Tentative de suicide par ingestion le plus souvent
  • Accident lors d’administration par voie IV
  • Effet secondaire indésirable (surtout chez l’enfant)

EXAMEN CLINIQUE

Neurologique

  • Somnolence
  • Troubles de la conscience allant jusqu’au coma (apprécier par le score de Glasgow), sans signe de localisation
  • Coma profond hypotonique avec hyporéflexie ostéotendineuse
  • Convulsions

Cardio-vasculaire

  • Tachycardie, plus rarement bradycardie
  • HoTA

Pulmonaire

  • Dyspnée de Kussmaul par acidose métabolique
  • Polypnée par inhalation

Autres signes

  • Fièvre : rechercher une pneumopathie d’inhalation

EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES

  • SpO2 : Hypoxie en cas d’inhalation
  • ECG : Tracé d’acidose métabolique avec hyperkaliémie

CIMU

  • Tri : 1 à 3 en fonction de l’atteinte des fonctions vitales

Signes paracliniques

BIOLOGIQUE

  • NFS : thrombopénie, leucopénie
  • Gazométrie : acidose métabolique
  • Ionogramme sanguin : hyperkaliémie, bicarbonates abaissés, trou anionique augmenté
  • Hypoglycémie
  • Hyperlactatémie
  • Hyperammoniémie
  • Carnitine libre et liée : hypocarnitinémie
  • Bilan hépatique : élévation des transaminases

TOXICOLOGIQUE

  • Dosage plasmatique de l’acide valproïque

IMAGERIE

Radiographie pulmonaire

  • Pneumopathie

TDM cérébral

  • Œdème cérébral

Diagnostic étiologique

Dosage plasmatique de l’acide valproïque (seuil de toxicité > 100 mg/L, critère de gravité si > 450 mg/L)

Association

  • Hyperammoniémie
  • Acidose lactique

Diagnostic différentiel

Coma par insuffisance hépatique 

  • Notion de prise médicamenteuse importante
  • Dosage de l’acide valproïque

Etat de mal épileptique

Encéphalopathie hypercapnique sur pneumopathie

Traitement

TRAITEMENT PREHOSPITALIER / INTRAHOSPITALIER

Stabilisation initiale

  • Voie veineuse de bon calibre
  • Remplissage vasculaire au NaCl 0,9% si collapsus (500-1000 mL)
  • Oxygénation systématique
  • Intubation et ventilation contrôlée si coma avec  Score de Glasgow   Glasgow
     < 8
  • Clonazépam 1 mg IVD si convulsion (à répéter si besoin)

Suivi du traitement

  • Décontamination digestive si vu dans les 2 heures, en l’absence de contre-indications :
    • charbon activé 50 g
    • doses répétées (25 g/8 h) si forme à libération prolongée, en l’absence de contre-indication
  • Alcalinisation si pH < 7,20 avec bicarbonates
  • Hémodialyse : efficace sur la clairance d’élimination, mais l’intérêt clinique n’est pas démontré (réveil du coma, amélioration hémodynamique)

MEDICAMENTS

L-carnitine

  • L’efficacité de cet antidote n’est pas encore établie. Néanmoins, il est proposé dans les intoxications graves avec répercussion métabolique sévère
  • Administrer une seule fois 100 mg/kg aux urgences et suivre l’évolution des lactates et de l’ammoniémie ; s’ils réaugmentent après avoir baissé ou continuent d’augmenter, renouveler l’injection
  • Les indications usuelles :
    • hyperlactatémie ou hyperammoniémie attribuable à l’acide valproïque
    • oedème cérébral
    • concentration massive > 850 mg/L

Surveillance

CLINIQUE

  • Conscience (score de Glasgow), PA, FC, FR / h
  • Scope

PARACLINIQUE

  • Ammoniémie artérielle (renouveler l’administration de L-carnitine, en l’absence de baisse ou si remontée des concentrations)
  • Acide lactique (renouveler l’administration de L-carnitine, en l’absence de baisse ou si remontée des concentrations)
  • Gazométrie
  • Dosage d’acide valproïque

Devenir / orientation

CRITERES D’ADMISSION

En UHCD

  • Systématiquement pour toute intoxication sans signe de gravité (surtout pour les intoxications avec formes retard)

En réanimation

  • Si atteinte des fonctions vitales : coma, convulsions,oedème cérébral, état de choc
  • Si aggravation d’un coma (intubation si Glasgow < 8 ou autre critère de gravité)
  • Si acidose métabolique, hyperammoniémie, hypoglycémie

CRITERES DE SORTIE DU SAU

  • Disparition de tout trouble de la conscience, de tout trouble métabolique et amélioration significative de l’hypoxémie en cas de pneumonie
  • Amélioration du bilan hépatique
  • Après avis psychiatrique en cas d’intoxication volontaire

Mécanisme / description

METABOLISME

  • Absorption digestive rapide et quasi-complète
  • Pic plasmatique atteint en 1 à 2 heures, et entre 3 et 8 heures pour les formes à libération prolongée
  • Forte liaison protéique (80 à 94 %)
  • Volume de distribution de 8 à 9 L
  • Demi-vie plasmatique = 8 à 14 heures, et jusqu’à 48 heures
  • Le taux d’élimination du plasma est d’autant plus important que la concentration plasmatique est élevée (la clairance varie dans le même sens que la concentration sanguine)
  • 1 à 3% est éliminé sous forme inchangée dans les urines, le reste après métabolisation en dérivés liés à la carnitine
  • Configuration spatiale de l’acide valproïque = proche de celle des acides gras avec lesquels il entre en compétition lors :
    • de son transport (lié à la carnitine)
    • de son métabolisme intra-mitochondrial (oxydation)
    • de son élimination (lié à la carnitine)

PHARMACODYNAMIE

  • Forme libre = à l’origine des manifestations cliniques, notamment neurologiques
  • La déviation du métabolisme entraîne un risque plus élevé de troubles métaboliques (hyperammoniémie, hyperlactatémie)
  • Carnitine = amine quaternaire ayant un rôle dans le transport des acides gras à chaîne longue (et donc de l’acide valproïque) à travers la membrane mitochondriale
  • L’acide valproïque induit une diminution de la synthèse de carnitine et une baisse de carnitine libre d’où une difficulté de transport à travers la membrane mitochondriale
  • Cette diminution de l’action de la carnitine entraîne une cascade de perturbations métaboliques :
    • hypocarnitinémie :oedème cérébral, coma, atteinte hépatique (hypoglycémie, hyperammoniémie, acidose métabolique, syndrome de Reye)
    • interférence avec le métabolisme des acides gras : diminution de la cétogenèse, métabolites hépatotoxiques
    • interférences avec le cycle de l’urée : hyperammoniémie
    • altération du métabolisme énergétique : hyperlactatémie, inhibition de la glucogenèse

Algorithme

  • Algorithme : intoxication à l’acide valproïque

_86
Algorithme
Algorithme : intoxication à l’acide valproïque

Bibliographie

  • Anthony S. Manoguerra, Andrew R. Erdman, Alan D. Woolf et al. Valproic acid poisoning: An evidence-based consensus guideline for out-ofhospital management. Clinical Toxicology 2008,46: 661 – 676
  • Wayne R Snodgrass. Valproic acid. In: Critical care toxicology: diagnosis and management of the critically poisoned patient. J. Brent et al editors. Elsevier Mosby, 2005 : 565 – 570
  • R. Bédry, F. Parrot. Intoxications graves par l’acide valproïque. Réanimation 2004, 13 : 324-333

Auteur(s) : Régis BEDRY, Bruno MEGARBANE

Facebook Page Medical Education——Website Accueil —— Notre Application
  • Pour plus des conseils sur cette application et developpement de cette dernier contacter avec moi dans ma emaile support@mededuct.com    

Social Media

Le plus populaire

Get The Latest Updates

Abonnez-vous à La Communauté Médicale

Articles Similaires

image 230 2
Uncategorized

Anticorps antithyroïdiens (ACAT)

Ces autoanticorps comprennent les anticorps antithyropéroxydase (anti-TPO), une enzyme clé de la biosynthèse thyroïdienne, et les anticorps anti-récepteurs de la TSH (anti-RTSH). La recherche des

Read More »
image 270 3
Uncategorized

TSH, TSH « ultrasensible » (TSHu)

La thyréostimuline hypophysaire (TSH) stimule la sécrétion des hor­mones thyroïdiennes. Sa sécrétion dépend du rétrocontrôle, exercé sur elle par les hormo­nes thyroïdiennes. Son dosage par

Read More »
image 22 1
Uncategorized

La bouffee delirante

Definitions La psychose     La psychose est une affection mentale dont le malade n’est que partiellement conscient et qui altere son sens de la realite. La bouffee

Read More »
image 154 1
Uncategorized

Lombalgies

Spécialité : rhumatologie / symptômes / Points importants Présentation clinique / CIMU SIGNES FONCTIONNELS Généraux Spécifique CONTEXTE Terrain Traitement usuel Antécédents Facteurs de risque Circonstance

Read More »
fichier 92
Uncategorized

Otite

Spécialité : infectieux / orl / Points importants Présentation clinique / CIMU SIGNES FONCTIONNELS Généraux Spécifiques Non spécifiques En rapport avec complications CONTEXTE Terrain Traitement

Read More »
image 150 3
Uncategorized

Antidiabétique

Byetta® Contre-indications Hypersensibilité à la substance active ou à l’un des excipients.   Sous-cutanée   Indication   Adulte.   Traitement du diabète de type 2

Read More »
image 139
Uncategorized

canrénoate de potassium

Diurétique hyperkaliémiant Soludactone ® Contre-indications Absolues : Insuffisance rénale sévère. Hyperkaliémie. Troubles graves de la conduction auriculo-ventriculaire. Stade terminal de l’insuffisance hépatique. Diurétiques hyperkaliémiants, sels

Read More »
image 277
Uncategorized

intoxication au monoxyde de carbone (CO)

Objectifs dentifier le risque sachant que les signes de l’intoxication oxycarbonée peuvent être des symptômes neurologiques, neurosensoriels, neuropsy­chiatriques ou cardiovasculaires. Traiter vite pour éviter les

Read More »