Spécialité : toxicologie /
Points importants
- Substance illicite la plus consommée devant la cocaïne et le MDMA (3,4-méthylènedioxymétamphétamine = Ecstasy)
- 2% de la population française en a consommé au moins 1 fois
- Substance à usage récréatif et, pour certains, thérapeutique
- Fort risque d’attaques de panique et de convulsions
- Risque de décompensation de troubles psychotiques sous-jacents
- Souvent polyintoxication avec alcool, tabac, héroïne, cocaïne ou benzodiazépines
- Dépendance psychique mais non physique
Présentation clinique / CIMU
SIGNES FONCTIONNELS
Troubles neuropsychiques
- Euphorie (effet « high », somnolence avec distorsion et vivacité des images, des sons et couleurs, hallucinations visuelles, facilitation relationnelle, agressivité)
- Sédation
- Troubles de la mémoire immédiate
- Troubles de la vision, injection conjonctivale, sécheresse buccale
- Troubles psychotiques : psychose cannabinique
- Trouble de l’humeur, retrait social, apathie, hypomanie
- Trouble anxieux avec souvent pensées paranoïdes, attaques de panique
- Convulsions (rare)
- Idées délirantes, schizophrénie
Cardio-vasculaires
- Tachycardie
- HoTA (rare)
Pulmonaires
- Inhalation
CONTEXTE
Terrain
- Le plus souvent homme de 15 à 44 ans
- Personnalité pathologique (narcissique, antisociale)
- Usage récréatif
- Usage compulsif pouvant aboutir à une dépendance non physique
- Troubles psychiatriques sous-jacents possibles :
- troubles bipolaires
- alcoolisme
- hyperactivité et troubles de l’attention dans l’enfance
Antécédents
- Recherche d’une toxicomanie antérieure, hépatite, VIH
Circonstances de survenue
- Type de cannabis (substance, teneur en THC)
- Voie de consommation (inhalation, ingestion) :
- inhalation : effets pharmacologiques débutent en quelques minutes ; pic d’action = 30 min ; durée d’action = 2-4 h
- ingestion : début d’action lent ; effets plus progressifs et plus longs ; euphorie moindre
- Co-intoxications
EXAMEN CLINIQUE
- Neurologique :
- agitation
- hallucinations
- somnolence
- Tachycardie, HoTA
- Sueurs
- Tachypnée (noter FR)
- Pneumothorax, pneumomédiastin (par barotraumatisme)
EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES
- ECG : Tachycardie sinusale
CIMU
Tri 1 à 3 en fonction de la gravité clinique
Signes paracliniques
BIOLOGIQUE
A la recherche de complications non-spécifiques ou liées aux co-intoxications
- NFS : hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles
- Ionogramme sanguin : acidose métabolique lactique, hypoglycémie
- Créatinine (infarctus rénal par vasospasme), CPK (rhabdomyolyse)
- Hyperglycémie si syndrome adrénergique associé
- Troponine : si douleur thoracique ou anomalies ECG
IMAGERIE
- Radio de thorax si douleur thoracique ou dyspnée, recherchant un pneumothorax ou une pneumonie d’inhalation
- TDM voire IRM cérébrale : si altération de la vigilance ou céphalées inhabituelles
Diagnostic étiologique
Dépistage urinaire des cannabinoïdes par des méthodes immunochimiques
- Seuil de positivité variable selon la technique (20, 50 ou 100ng/mL)
- Détection possible dans les urines jusqu’à 21 jours après consommation
- Confirmation par chromatographie gazeuse couplée à la spectrométrie de masse
- Intérêt : connaître l’épidémiologie des consommations de stupéfiants ; dossier médico-légal
Diagnostic différentiel
D’un état d’agitation
Causes métaboliques ou endocriniennes
- <a « pathologies_160″= » »>Hypoglycémie
- Hypoxémie
- Dysnatrémie
- Thyréotoxicose
Lésions du SNC
- Traumatisme
- AVC
- Hémorragie cérébrale ou méningée
- Tumeur
Infections du SNC
- Méningo-encéphalite virale ou bactérienne
Causes toxiques
- Autres stupéfiants sympathomimétiques (amphétamines +++)
- Théophylline
- Caféine
- Antidépresseurs tricycliques
- Antihistaminiques
- Syndrome malin des neuroleptiques
- Hallucinogènes
Traitement
- Le traitement est symptomatique, consistant à calmer, rassurer le patient et dédramatiser la situation
- Une sédation modérée avec une benzodiazépine est souhaitable
TRAITEMENT PREHOSPITALIER / INTRAHOSPITALIER
Stabilisation initiale
- Il peut être nécessaire d’utiliser une contention mécanique si angoisse, agitation importante ou délire
- Large voie d’abord veineuse avec NaCl 0,9% > 1,5-2 L/24h
- Scope
- Sédation :
- benzodiazépines +++ selon état clinique, renouvelable si besoin : diazépam 5-10 mg IVL voire PO ; lorazépam 0,5-1 mg IV voire PO
- chlorpromazine 50-100 mg IV ou IM
- halopéridol 2,5-5 mg IV, IM voire PO
- Exceptionnellement, en cas de complications non spécifiques ou de co-intoxication :
- intubation et ventilation mécanique avec sédation (midazolam)
- recours à un curare non dépolarisant car risque de rhabdomyolyse et d’hyperkaliémie avec les curares dépolarisants
- Prévenir rapidement le réanimateur si signes de gravité (tachycardie, HoTA, convulsions)
Suivi du traitement
- Poursuivre la BZD si agitation, tremblements voire convulsions persistantes
MEDICAMENTS
- Benzodiazépine selon agitation jusqu’à la disparition des symptômes
- Thiamine (vitamine B1) : 100 mg IV ou IM
Surveillance
CLINIQUE
- Conscience, T°, FR (BZD), PA, FC,
- ECG
Devenir / orientation
EN PREHOSPITALIER
- Transport aux urgences pour surveillance si aucun signe de gravité clinique et neuropsychique
- Transport en réanimation dans les autres cas
EN INTRAHOSPITALIER
Critères d’admission en réanimation
Non dus au cannabis lui-même mais aux consommations associées
- Troubles de la conscience, convulsion, état de mal convulsif
- FC > 100 /min, PAD > 120 mmHg ou HoTA
- Troubles du rythme cardiaque
Critères de sortie
- Etat de conscience et signes vitaux normaux après 6 heures d’observation
- Consultation avec un psychiatre souhaitable et/ou patient orienté vers une unité ECIMUD
Mécanisme / description
Généralités
- Le cannabis est extrait de la plante Cannabis sativa
- Trois présentations principales :
- herbe ou Marijuana : cannabis fumé directement
- haschich ou shit: extraction de la résine chauffée et mélangée à du tabac
- huile
- Une substance psychoactive principale : 9-tétrahydrocannabinol ou THC, responsable des effets cérébraux du cannabis
Données cinétiques
- Métabolisme : cytochrome P450 2C9, métabolites actifs
- Demi-vie d’élimination longue
- Traverse la barrière placentaire
Effets chroniques du cannabis
- Déficit de la mémoire, de l’attention et de la concentration (réversibles)
- Syndrome d’amotivation : passivité, diminution de l’initiative, apathie, perte d’intérêt
- Influence variable sur la fonction sexuelle avec risque de diminution de la fertilité
- Troubles pulmonaires par micro-inhalation
- Pharyngite, asthme, bronchite, emphysème
- Diminution de la résistance aux infections
Bibliographie
- Académie des Sciences . Aspects moléculaires, cellulaires et physiologiques des effets du cannabis. Raport N° 39,1., Paris, Technique et documentation, 1997, 72 pages
- Iversen L. Cannabis and the brain. Brain. Jun 2003;126:1252-70
- Delile JM.Usages du cannabis : repérage et évaluation des facteurs de gravité. La revue du praticien,2005;55 :51-61
Auteur(s) : Dabor RESIERE
Facebook Page Medical Education——Website Accueil —— Notre Application
- Pour plus des conseils sur cette application et developpement de cette dernier contacter avec moi dans ma emaile support@mededuct.com