Objectifs
l y a peu d’urgences mais elles sont réelles et doivent être prises en charge rapidement et correctement pour éviter au maximum leurs conséquences.
Définition
Dans la pathologie de l’oreille interne et du nerf cochléo-vestibulaire (VIII) qui lui fait suite, trois symptômes sont possibles : surdité, vertiges et acouphènes.
Signes
• La surdité n’est véritablement perçue comme telle que si elle est importante (environ 30 % de perte) et si elle s’installe brusquement. Dans le cas qui nous intéresse, la surdité est de perception (c’est-à-dire neurologique et non mécanique) et le patient affirme ne plus rien entendre (alors qu’il est exceptionnel qu’il n’existe pas de reliquats pour les sons graves) et avoir la sensation d’une oreille pleine. Les acouphènes sont rares.
• L’acouphène (perception subjective d’un sifflement ou d’un bourdonnement qui peut aller jusqu’au jet de vapeur) est plus ou moins intense. Il peut n’être perçu que dans le silence ou au contraire être insupportable, empêchant plus ou moins toute communication. Les acouphènes peuvent survenir sans raison mais, le plus souvent, ils succèdent à un traumatisme sonore.
• Le vertige est une sensation subjective de déplacement des objets qui tournent autour du sujet ou du sujet qui se déplace autour des objets, soit de droite à gauche, soit de gauche à droite. Il est important de faire préciser de quel côté s’effectue la rotation car cette notion indique le côté atteint. Plus rarement, il s’agit d’un déplacement vers l’avant ou l’arrière. Toute autre sensation (de chute, de dérobement des jambes, de malaise, de perte de connaissance) ne correspond pas à un vertige. Il existe souvent des sensations de nausées sans vomissement et, parfois, des sueurs et une pâleur.
• Se référer à la Fiche 14, Vertige.
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Premiers gestes – Questions au patient
nterrogatoire
L EST IMPORTANT DE FAIRE PRÉCISER :
• Pour l’hypoacousie :
– la date et l’heure de début ;
– Les circonstances de survenue : spontanée, traumatisme, plongée…
– le côté qui est sourd ou le plus sourd ;
– le mode d’apparition, brutal ou progressif en quelques minutes ou heures ;
– la persistance constante ou l’aggravation ou, au contraire, la tendance à l’amélioration ;
– la sensation d’oreille pleine (qui est caractéristique de la surdité de perception).
• Pour l’acouphène :
– la date et l’heure de début ;
– les circonstances déclenchantes : spontanément, lors d’une exposition au bruit (tir, boîte de nuit.) ;
– le côté, l’éventuelle bilatéralité ;
– le mode d’apparition, brutal ou progressif en quelques minutes ou heures ;
– la persistance constante ou l’aggravation ou, au contraire, la tendance à l’amélioration ;
– le type de son perçu : bourdonnement, sifflement, bruits divers, jet de vapeur, grondement.
• Pour les vertiges :
– le mode d’apparition : debout, assis, couché, lors d’un changement de position, sans raison ou au cours d’un effort ;
– l’importance des vertiges : qui confine au lit, empêche de se lever ou, au contraire, permet une certaine activité. Le vertige peut n’être plus présent à l’arrivée aux urgences ;
– la durée : plus ou moins de 3 min. Cette notion importante va permettre de distinguer les deux plus fréquentes causes de vertiges (moins de trois minutes, il s’agit sans doute d’un vertige paroxystique bénin ; plus de trois minutes, d’un syndrome ménièriforme) ;
– l’existence d’autres symptômes ;
– l’existence d’antécédents identiques, leur nombre et leur évolution.
Surdité isolée, unilatérale, importante, récente
I s’agit très probablement d’une surdité brusque dont la cause ou plutôt les causes sont encore mal connues. On a parlé de troubles vasculaires
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(spasme ou hémorragie), d’œdème ou de virus. Rien n’a été prouvé jusqu’à aujourd’hui.
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Le traitement de la surdité brusque est urgent.
Acouphène isolé
l est survenu au cours d’un traumatisme sonore. Il existe pratiquement toujours un certain degré d’hypoacousie qui peut ne pas être ressenti par le patient.
Vertige isolé
• Se référer à la Fiche 14, Vertige.
Évaluer l’urgence : Seule la surdité brusque présente un réel caractère d’urgence car plus le traitement est entrepris tôt, meilleur est le pronostic. Les autres problèmes rencontrés permettent d’attendre un peu.
Premiers gestes
• Repérer la surdité brusque si l’acouphène prédomine, distinguer le vertige du contexte neurovégétatif (nausée, vomissement), préciser les caractères de l’acouphène.
• Isoler le patient dans une pièce sombre et silencieuse.
• Mettre en place une perfusion d’attente.
• Prendre les paramètres vitaux : PA, pouls, température.
• Évaluer la douleur.
Prise en charge – Bilans, traitement
Préciser le diagnostic
• Préparer l’otoscope avec spéculum à usage unique.
• Seules les causes les plus fréquentes sont présentées ( cf . tableau). Cette recherche est précédée d’un examen complet, y compris ORL.
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Surdité brusque | Le début est brutal La surdité est isolée L’examen ORL est strictement normal (surtout le tympan) Si un examen audiométrique peut être pratiqué en urgence, il montre une surdité de perception pure Il faut traiter avec un bolus de corticoïdes (sauf contre- indication), mettre au repos Le pronostic est mitigé |
Atteinte cochléo- vestibulaire traumatique avec ou sans fracture du rocher | Le traumatisme est connu, il convient de distinguer : – les surdités de transmission liées à une atteinte du système cochléo-vestibulaire – la surdité de perception due à l’atteinte de la cochlée ou du VIII Il n’y a aucun geste aux urgences que nécessite ce type de lésion |
Si le diagnostic n’est pas fait, on peut alors envisager un certain nombre de diagnostics qui relèvent plutôt du spécialiste que de l’urgentiste :
• neurinome du VIII ;
• surdité toxique (quinine, Aspirine, aminoglycosides, diurétiques, produits anesthésiques parfois) ;
• contusion labyrinthique ;
• traumatisme sonore ;
• fistule labyrinthique (après une intervention) ;
• infection (labyrinthite) avec son cortège de signes locaux ;
• plongeon ou gifle avec, souvent, des signes d’atteinte de l’oreille moyenne.
Traitement aux urgences
• Concernant la surdité brusque et compte tenu des incertitudes sur la cause exacte, la thérapeutique se résume à quelques traitements symptomatiques. Les plus prescrits sont :
– un bolus de corticoïdes injectables ;
– le repos au lit.
• Sauf contre-indication, il est bon de mettre en route le traitement le plus vite possible.
• Le plus souvent, il faut hospitaliser le patient et, en attendant que les formalités soient entreprises, il est bon de placer un garde-veine dans
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lequel il est toujours possible (sauf contre-indication) de mettre 120 mg de Solumédrol injectable.
Surveillance – Évaluation
• S’il est hospitalisé, le patient sera revu régulièrement jusqu’à sa sortie des urgences. En général, le repos, la prise en charge réduisent l’angoisse du vertige.
• Dans la mesure où il ne serait pas hospitalisé, il faut, après la prescription, s’assurer que le patient à un rendez-vous avec l’ORL dans les meilleurs délais.
À l’exception de la surdité brusque, la plupart des problèmes relèvent de l’urgence différée. Il ne faut en aucun cas abandonner ces patients à eux-mêmes car certains peuvent avoir des suites compliquées (Ménière, neurinome du VIII).
Fiche 14, Vertiges.
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