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Colique néphrétique

Spécialité : genito-urinaire / pédiatrie /

Points importants

  • La prévalence est environ 12 % chez l’homme et de 4 % chez la femme
  • 1 à 2% des urgences
  • Intensité de la douleur et nécessité de son suivi par l’EN de la douleur
  • Le fait d’avoir des antécédents familiaux double le risque

Présentation clinique / CIMU

SIGNES FONCTIONNELS

Généraux

  • Liés à la douleur :
    • pâleur, sueurs, tachycardie
    • difficulté à trouver une position antalgique (« la colique néphrétique est frénétique »)
    • agitation
  • Signes urinaires :
    • dysurie
    • pollakiurie
    • impériosité mictionnelle
  • Fièvre faisant évoquer une pyélonéphrite obstructive
  • Anurie faisant évoquer une colique néphrétique bilatérale ou sur rein unique

Abdomen

  • Douleur abdominale :
    • unilatérale
    • d’emblée maximale puis évoluant par paroxysme
    • en fosse lombaire, débutant généralement au milieu du dos au niveau de l’angle costo-vertébral, irradiant dans les organes génitaux externes
    • Intensité de la douleur EN souvent proche de 10
    • La sédation spontanée de la douleur peut aussi être due à une rupture de la voie excrétrice
  • Nausées, vomissements

CONTEXTE

Terrain

  • Grossesse : risque d’accouchement prématuré (avis obstétrical indispensable)
  • Néphropathie, uropathie, patient transplanté
  • Age surtout entre 35 et 45 ans (mais tous les âges sont concernés)

Antécédents

  • Colique néphrétique
  • Maladies héréditaires lithiasiques (cystinurie, oxalurie primaire, colique néphrétique, acidose tubulaire…)
  • Anomalie congénitale de la médullaire du rein :
    • Cacchi-Ricci = ectasie canaliculaire précalicielle

Traitement usuel

  • Médicaments favorisant les lithiases :
    • crixivan (chez 10% des patients traités)
    • autres : Cycloteriam, Prestole, Isobar, Adiazine.

EXAMEN CLINIQUE

Examen abdominal

  • Abdomen souple, sensible en fosse lombaire
  • Pas de défense, pas de contracture

EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES

BU

  • L’hématurie (macro ou microscopique) est présente chez 90% des patients (son absence n’élimine donc pas le diagnostic)
  • La présence de nitrites et/ou de leucocytes doit faire envisager une pyélonéphrite obstructive et pratiquer un ECBU
  • Habituellement, pas de fièvre
  • Attention : la présence d’une pyurie, d’une fièvre, une hyperleucocytose ou une bactériurie suggère la possibilité d’une infection urinaire ou pyonéphrose. Ceci implique une intervention chirurgicale en urgence

Hémocultures si T° > 38,5°C ou frissons

PH urinaire

  • pHu < 6 => calcul d’acide urique
  • pHu > 8 => infection possible à proteus, pseudomonas ou Klebsielle

Mesure de l’intensité douloureuse par l’EN ou l’EVA

CIMU

  • Tri 3 pour une colique néphrétique simple
  • Tri 2 pour une colique néphrétique compliquée

Signes paracliniques

BIOLOGIQUE

Ionogramme sanguin

  • Hypokaliémie + baisse de la RA suggère une acidose tubulaire rénale (calcul de phospate de calcium)

Créatininémie

  • Recherche d’insuffisance rénale aiguë obstructive

NFS

  • Une légère hyperleucocytose accompagne souvent une colique néphrétique

IMAGERIE

  • Non systématique en cas de CN simple
  • Peut être indiquée en cas de :
    • Premier épisode de colique néphrétique
    • Diagnostic non évident

ASP

  • Inutile si prescrit seul
  • Si doute sur diagnostic différentiel
  • Peut montrer une opacité au niveau de l’aire rénale et du trajet des uretères

Echographie

  • Si doute diagnostique
  • Chez la femme enceinte
  • Moins sensible que la TDM
  • Si persistance de la douleur ou doute diagnostique ou en cas de titrage morphine, colique néphrétique compliquée
  • Recherche d’obstacle ou compression, dilatation des cavités pyélocalicielles, taille des reins, épaisseur du parenchyme

Scanner hélicoïdal sans injection

  • Si autre imagerie non contributive (supérieur à ASP + écho).
  • Intérêt en cas de doute diagnostique ou de colique néphrétique compliquée

Diagnostic étiologique

  • La plupart des coliques néphrétiques sont d’origine lithiasique (75 à 80%)
  • D’autres étiologies doivent être envisagées :
    • obstructions pariétales (ex. : tumeur infiltrante urothéliale…)
    • obstructions extrinsèques (ex. : fibrose rétropéritonéale)

Diagnostic différentiel

  • Un premier épisode de douleurs évocatrices de coliques néphrétiques chez un patient âgé et/ou polyvasculaire doit faire suspecter une pathologie vasculaire (fissuration d’anévrysme de l’aorte)
  • Herpes zoostérien
  • Les autres principaux diagnostics différentiels sont :
    • la 
      <a “pathologies_117″=””>pyélonéphrite
    • la torsion de testicule
    • la torsion de kyste de l’ovaire
    • l’endométriose
    • la 
      <a “pathologies_79″=””>grossesse extra-utérine
       et les autres urgences abdominales
    • la pleuro-pneumopathie
    • l’
      <a “pathologies_161″=””>embolie pulmonaire

Traitement

TRAITEMENT PREHOSPITALIER / INTRAHOSPITALIER

Stabilisation initiale

  • Patient à jeun
  • Restriction hydrique tant que patient douloureux avec perfusion de G5% 500mL en garde veine
  • Réhydratation au NaCl 0,9% si signes de déshydratation ou si insuffisance rénale
  • En l’absence d’ATCD d’ulcère ou d’allergie, Profénid 100 mg IVL en 15 min dans NaCl 0,9% + 1g de Perfalgan
  • Association AINS-titration morphinique si EN ou EVA > 6
  • Anti-émétique si besoin : métoclopramide 10 mg IV / 4-6 h (enfant : 0,1-0,2 mg IV / 6-8 h)
  • Si pyurie (> 5 GB) => antibiothérapie :
    • enfant : ampicilline : 100-200 mg/kg/j IV (doses /4-6h) + gentamycine 2,5 mg/kg IV/8h
    • adulte : ampicilline 150-200 mg/kg/j IV en 6 à 8 fois + gentamycine (si fonction rénale normale) : 3mg/kg/j IV en 2-3 fois
  • Si allergie à la pénicilline, ofloxacine 200mg x 2 IV sur 1 heure

Suivi du traitement

  • Essentiellement basé sur la décroissance de la douleur, l’absence de fièvre
  • La persistance d’une EN élevée sous traitement doit entraîner :
    • une 
      <a “pathologies_233″=””>titration morphinique
    • un avis urologique

Surveillance

CLINIQUE

  • T°, PA
  • La disparition de la douleur des crises peut-être due à l’évolution naturelle de la colique néphrétique, mais aussi à l’expulsion du calcul (90% de calculs < 5mm)
  • La sédation de la douleur peut aussi être due à une rupture de la voie excrétrice. Dans ce cas, les signes péritonéaux peuvent s’accentuer et la fièvre apparaître

PARACLINIQUE

  • Créatininémie
     

Devenir / orientation

CRITERES D’ADMISSION

Hospitalisation en réanimation médicale si

  • indication à la dialyse (insuffisance rénale menaçante)
  • signe de choc (lié à sévérité d’un éventuel sepsis)

Hospitalisation en Gynéco-obstétrique en cas de grossesse devant le risque d’accouchement prématuré

Hospitalisation en urologie en cas de colique néphrétique compliquée

  • hyperalgique (résistance au traitement médical bien conduit)
  • fièvre
  • insuffisance rénale
  • rein unique
  • uropathie pré existante
  • rupture de voie excrétrice
  • grossesse
  • rein transplanté
  • calculs bilatéraux ou unilatéral > 6mm

CRITERES DE SORTIE

  • Si absence de récidive douloureuse

ORDONNANCE DE SORTIE

  • Profénid 100 mg : 3 fois/j en l’absence d’ulcère, 5 à 7 jours. ± paracétamol
  • Si âge > 55 ans et/ou ATCD de douleurs gastriques, prescription de protecteurs gastriques (mopral 20 ou Inexium, 1 cp/j pendant 7 jours)
  • En cas de contre-indication aux AINS, Ixprim : 1 cp toutes les 4 heures ou Topalgic 100 mg LP : 1 cp matin et soir pendant 10 jours
  • Filtrage des urines avec un filtre à café
  • Ordonnance d’échographie rénale et des voies urinaires (si non fait au SAU), à réaliser dans les 12 à 48 heures.

RECOMMANDATIONS DE SORTIE

  • Consultation d’urologie dans la semaine, ordonnance pour l’éventuelle analyse du calcul
  • Expliquer au patient la possibilité de récidive de sa douleur
  • Feuille de surveillance à remettre au patient : « En cas de fièvre, d’anurie, de récidive douloureuse, de malaise, d’urines rouges, de vomissements, reconsulter en urgence ».
  • Boire au moins 8 verres d’eau/j
     

Mécanisme / description

  • Douleur liée à la distension aiguë des voies urinaires, un spasme
  • Les calculs < 5 mm passent généralement avec le traitement médical
  • Ceux > 7 mm peuvent nécessiter une lithotritie extracorporelle à distance de l’épisode
     

Bibliographie

  • Protocoles de prise en charge et de traitement des urgences, 1997 SFUM Arnette.
  • Guide pratique des urgences Médicales, A . Ellrodt.
  • 8ème conférence de consensus de la société francophone d’urgences médicales : Prise en charge des coliques néphrétiques de l’adulte dans les services d’accueil et d’urgences, 23 Avril 1999, Marseille.
  • Teichman J. Acute renal colic from ureteral calculus. New Engl J Med 2004 ; 350:684-93.
  • Vieweg J, The C, Freed K, et al. Unenhanced helical computerized tomography for the evaluation of patients with acute flank pain. J Urol 1998 ;160:679-84.

Auteur(s) : François LECOMTE

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