Spécialité : psychiatrie / toxicologie /
Points importants
- Pathologie chronique
- Installée après plusieurs années de consommation excessive d’alcool
- N’est pas en soi une urgence médicale
- Les complications constituent les urgences :
- ivresse alcoolique aiguë et ses complications (neurologiques, traumatiques, digestives hémorragiques, respiratoires infectieuses)
- sevrage et ses complications (delirium tremens, épilepsie)
- cirrhose et ses complications (infection du liquide d’ascite, hémorragies digestives)
- pancréatites aiguës
Présentation clinique / CIMU
SIGNES FONCTIONNELS
Généraux
- Ivresse aiguë alcoolique
- Syndrome de sevrage
- Delirium tremens
- Epilepsie
Spécifiques
- Hépatiques :
- insuffisance hépatique ou d’hypertension portale (faciès vultueux, hépatomégalie, angiome stellaires, splénomégalie, ascite)
- Neurologiques:
- encéphalopathie de Gayet-Wernicke par carence en vit B1 (paralysie du VI, nystagmus, confusion, ataxie statique)
- syndrome de Korsakoff (syndrome amnésique, fausses reconnaissances), mono ou poly-névrites…
- Pulmonaire :
- dyspnée sur inhalation
- Digestives :
- hématémèse sur rupture de varices oesophagiennes
- Traumatiques :
- fractures, luxations
CONTEXTE
Terrain
- Homme, 25-40 ans, désocialisé
- Alcoolisme chronique
Antécédents
- Familiaux d’alcoolisme
- Syndrome de sevrage
- Delirium tremens
- Crises d’épilepsie de sevrage
- Cirrhose
- Pancréatite
- Ulcères gastro-duodénaux
- Mais aussi :
- accidents du travail
- accidents de la voie publique sous l’emprise de l’alcool
- sanctions et renvois professionnels
- multiples disputes familiales autour de l’alcool….
Facteurs de risque
- Désocialisation
- ATCD familiaux d’alcoolisme
- SDF
EXAMEN CLINIQUE
- FC, PA, T°
- Interrogatoire :
- incapacité à s’abstenir d’alcool :
- syndrome de sevrage
- prise d’alcool pour éviter l’apparition des symptômes de sevrage
- répétition des alcoolisations malgré les multiples problèmes bien connus du patient (professionnels, judiciaires, familiaux, sanitaires)
- place majeure prise par l’alcool :
- plusieurs heures par jour passées à boire
- séquences comportementales répétitives pour se procurer de l’alcool
- minimisation des quantités d’alcool consommées ou dissimulation des consommations (déni)
- incapacité à s’abstenir d’alcool :
- Recherche de complications neurologiques, digestives, traumatiques, respiratoires
EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES
- SpO2 (désaturation sur inhalation)
- Glycémie capillaire (dysglycémies)
- ECG (référence, troubles de conduction ou du rythme)
- Hémoglobine capillaire si complication hémorragique
CIMU
- Fonction des complications
- En l’absence de complication : tri 4
Signes paracliniques
BIOLOGIQUES
- Uniquement si complications
- NFS : polyglobulie, macrocytose, thrombopénie
- Bilan hépatique : cytolyse, augmentation des Gamma-GT, TP bas
IMAGERIE
- Uniquement si complications
Diagnostic étiologique
- Ethylisme chronique
Diagnostic différentiel
- Dépendance aux benzodiazépines, aux stupéfiants
- Troubles psychiatriques (dépressions, troubles anxieux, schizophrénie, trouble bipolaire, retard mental léger)
Traitement
TRAITEMENT PREHOSPITALIER / INTRAHOSPITALIER
Stabilisation initiale
- Traitement des complications (sevrage +++, agitation +++)
- En l’absence de complications, pas de traitement en urgence
- Avis psychiatre ++
MEDICAMENTS
- Plusieurs traitements sont validés dans le maintien d’abstinence :
- Esperal, Aotal, Revia, mais aussi plus récemment Epitomax, Liorésal
Devenir / orientation
CRITERES D’ADMISSION
- En l’absence de complication, pas d’indication à une hospitalisation en urgence
CRITERES DE SORTIE
- En l’absence de complications
- Après avis psychiatrique
ORDONNANCE DE SORTIE
- Benzodiazépine de demi-vie longue type diazépam 5 ou 10 mg : 6 cps/j puis doses dégressives sur 10 jours
- Hydratation orale
- Consultation d’alcoologie, psychothérapie
RECOMMANDATIONS DE SORTIE
- Consultation aux Urgences en cas de complication ou risque d’intoxication aiguë
Mécanisme / description
- Alcool : molécule liposoluble, agit en s’insérant entre les deux couches de phospholipides, augmentant la fluidité membranaire
- Consommation chronique d’alcool :
- neuro-adaptation cérébrale au niveau membranaire avec incorporation d’acides gras saturés et/ou de cholestérol, accroissement de la rigidité membranaire s’opposant à l’action fluidifiante de l’alcool.
- neurotransmetteurs :
- baisse de l’activité catécholaminergique et modification de l’activité sérotoninergique (rôle dans les états dépressifs transitoires observés lors du sevrage)
- l’acide gamma-amino butyrique (GABA) = neurotransmetteur inhibiteur du système nerveux
- alcoolisation : potentialisation de l’activité GABA-ergique
- consommation chronique : diminution du nombre de récepteurs GABA-ergiques
- Syndrome de sevrage :
- rupture de l’équilibre et de la neuro-adaptation obtenue lors de la consommation chronique d’alcool
- hyperexcitabilité neuronale lors de la disparition de l’alcool
- répétition des épisodes de sevrage : symptômes de plus en plus sévères avec lésions cérébrales et atteinte des fonctions cognitives
Bibliographie
- Gorwood P. Repérage, évaluation et mesure standardisés du syndrome de sevrage d’alcool. Alcoologie 1999; 21:43S-55S
- Schukit MA. Alcohol-Related disorders in Kaplan and Sadock’s Comprehensive Textbook of Psychiatry. Lippincott Williams and Wilkins, New York. 7th edition, 1999; 1: 963-71
- Couzigou P, Ledhingen V. Le sevrage du malade alcoolodépendant. Gastroenterol Clin Biol 2002; 26:B163-B168
- http://www.snfge.asso.fr/
- Sureau C, Charpentier S, Philippe JM et al. Actualisation 2006 de la seconde conférence de consensus 1992 « L’ivresse éthylique aiguë dans les services d’accueil des urgences ». Société Française de Médecine d’Urgence – Commission de veille scientifique 2006
Auteur(s) : Florence VORSPAN, Saena BOUCHEZ
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