Les hématies portent sur leur membrane plusieurs antigènes, génétiquement déterminés, et définissant les groupes sanguins érythrocytaires. On connaît une vingtaine de systèmes antigéniques caractérisant autant de groupes présents simultanément chez le même individu. Les plus importants pour la transfusion sont les systèmes ABO et Rhésus (Rh).
Système ABO
Le système ABO est défini par :
• la présence à la surface des globules rouges :
- soit d’un antigène A (groupe A),
- soit d’un antigène B (groupe B),
- soit des deux (groupe AB),
- soit encore d’aucun d’entre eux (groupe O) ;
• la présence dans le sérum de l’anticorps naturel anti-A ou anti-B correspondant à l’antigène absent des globules rouges.
Son schéma est le suivant :
Groupe sanguin | Antigène présent sur le globule rouge | Anticorps présents dans le sérum |
O | Aucun | Anti-A et Anti-B |
A | A | Anti-B |
B | B | Anti-A |
AB | A et B | Aucun |
La détermination du groupe sanguin ABO doit comporter deux méthodes :
- la méthode de Beth-Vincent qui recherche les antigènes sur les hématies à l’aide de sérums tests anti-A, anti-B et anti-AB ;
- la méthode de Simonin qui recherche les anticorps dans le sérum au moyen d’hématies tests A, B, AB et O.
La concordance des résultats obtenus avec ces deux méthodes est nécessaire pour affirmer le groupe ABO.
Système Rh
Le système Rhésus est un système complexe à plusieurs antigènes.
• Sur les hématies des sujets dits Rhésus positif (Rh+) se trouve un antigène D (ou Rh1) qui est absent chez les sujets Rhésus négatif (Rh–). Par convention, on note d l’absence d’antigène D.
• Sur les hématies se trouvent également :
– un antigène C (ou Rh2) ou un antigène c (ou Rh4), et :
– un antigène E (ou Rh3) ou un antigène e (ou Rh5).
Ces antigènes se transmettent génétiquement en blocs ou haplotypes. Les trois haplotypes les plus fréquents sont DCe, DcE et dce.
Il suffit généralement, pour les besoins de la clinique, de distinguer entre les sujets D ou Rh+ et les sujets d ou Rh–. Il vaut mieux néanmoins déterminer le phénotype Rhésus complet.
Immunisation
Il n’y a pas d’anticorps naturels dans le système Rhésus (les patients Rh– n’ont pas d’anticorps sériques anti-D). Les anticorps du système Rhésus sont des anticorps immuns, qui n’apparaissent chez les sujets Rh– qu’après contact avec l’antigène D à l’occasion d’une transfusion ou en cas de grossesse d’un enfant Rh+ chez une mère Rh–.
Une seconde transfusion avec un sang Rh+ peut déclencher une réaction d’hémolyse, une nouvelle grossesse peut provoquer une maladie hémolytique du nouveau-né.
Autres systèmes
D’autres systèmes peuvent être recherchés, d’intérêt variable : systèmes Lewis, Kell, Duffy, Kidd, Lutheran, P, etc.
Pourcentage des différents groupes sanguins dans la population française
Groupe | Rhésus D | 1 Fréquence (%) |
Pourcentage des différents groupes sanguins dans la population française (suite)
Groupe | Rhésus D | I Fréquence (%) |
– | ||
– | ||
– |
Applications à la transfusion
Bien que les sujets du groupe O soient en principe des donneurs universels et ceux du groupe AB des receveurs universels, on ne pratique plus – sauf extrême urgence – que des transfusions isogrou- pées et Rh compatibles, les seules réglementaires.
Préalablement à la transfusion, il est recherché des anticorps immuns, ou « irréguliers », dirigés contre des antigènes des systèmes non ABO. Il s’agit le plus souvent d’IgG apparues à l’occasion d’une transfusion précédente (voir Recherche d’anticorps irréguliers).
Chez certains patients (polytransfusés, femmes avant la ménopause, patients suivis pour des anémies constitutionnelles ou des hémopathies malignes) le phénotype complet est réalisé.
Au lit du malade juste avant la transfusion sont vérifiées :
- l’identité du groupe du malade (étiquette) et de celui de la poche sanguine (étiquette) ;
- le groupe ABO du patient et le groupe ABO de la poche de sang par la méthode de Beth-Vincent. Archiver le résultat dans le dossier médical.
Prévention des allo-immunisations fœtomaternelles
L’antigène Rhésus D est très immunogène. Lorsqu’un enfant Rh+ est porté par une femme Rh– la réponse immunitaire de la mère induit l’apparition d’IgG anti-D susceptibles de provoquer une hémolyse fœtale ou, après la naissance, une maladie hémolytique du nouveau-né.
La prévention de l’allo-immunisation Rhésus repose sur l’injection à la mère d’IgG anti-D dans les situations où il y a risque de passage de sang fœtal dans la circulation maternelle : manœuvres intra- utérines, accouchement. Les IgG se fixent sur les globules rouges fœtaux et préviennent la réaction immunitaire maternelle sans provoquer d’hémolyse significative chez le fœtus.
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