Spécialité : toxicologie /
Points importants
- 8 à 10 000 intoxications par champignon par an en France (1000 à 2000 rapportées dans les centres antipoisons)
- Orientation vers un des syndromes d’intoxication par champignons : délai repas-symptômes + symptômes
- Délai court : fréquence importante du syndrome gastro-intestinal banal (les 2/3) et muscarinien (15%)
- Risques alors liés essentiellement au terrain
- Délai long : risque létal liés au syndrome phalloïdien (90-95% des décès)
- Importance alors de la prise en charge précoce en réanimation (réhydratation et remplissage intensifs ; maintien d’une diurèse de 100 à 200 mL/h)
- Aucun antidote n’a démontré son efficacité dans l’hépatite phalloïdienne : la pénicilline n’est plus recommandée ; la silibinine et la N-acétylcystéine sont proposées
Présentation clinique / CIMU
SIGNES FONCTIONNELS
Généraux
- Asthénie
Spécifiques
- Digestif :
- nausées, vomissements importants
- hypersalivation
- diarrhée afécale/hydrique
- colique abdominale
- Selon le syndrome :
- général : hyperthermie à 38°C
- respiratoire : dyspnée, tachypnée
- cardiovasculaire : syndrome de flush, précordialgie
- neurosensoriels : troubles visuels, goût métallique
- neuropsychiatriques :
- agitation, excitation, hallucinations, propos délirant
- céphalée, vertiges, paresthésies, tremblements, somnolence, troubles de l’équilibre, convulsions
- cutanéo-muqueux :
- rougeur cutanée
- sueurs profuses
- larmoiements
- hypersalivation
- musculaires : crampe, myalgie
CONTEXTE
Terrain
- Age (enfant, personne âgée)
- Grossesse (amanitines excrétées dans le lait ; passage transplacentaire discuté)
- Pathologies (insuffisance rénale, cardiocirculatoire), diabète
- Ethylisme chronique, dénutrition
Traitement usuel
- Repérer les traitements médicamenteux sensibles aux modifications électrolytiques (digitaliques, antiarythmiques, lithium…)
Antécédents
- Allergie connue à des champignons (rares)
- « Idiosyncrasie » connue (intoxication après consommation de la même espèce)
Facteurs de risque
- Selon le syndrome
Circonstances de survenue
- Troubles digestifs immédiatement après la consommation de champignons :
- confusion/absence d’identification : champignons identifiés par qui ?
- champignons ramassés en mauvais état
- transport/conservation : sac plastique (macération), consommation tardive
- cuisson : consommés crus ou mal cuits, recyclage eau de cuisson
- prise d’alcool
- Usage « récréatif » de champignons hallucinogènes
- Situations pathologiques devant/pouvant faire rechercher la consommation de champignons
- Intoxication accidentelle de l’enfant :
- quantité ingérée minime
- intoxication découverte au décours immédiat de l’exposition
- identification mycologique oriente la prise en charge : si risque de syndrome lésionnel, épuration digestive (lavage gastrique, charbon activé) justifiée par le délai court entre ingestion et prise en charge
- Intoxication volontaire de l’adulte
EXAMEN CLINIQUE
Général : déshydratation d’abord extracellulaire, puis intracellulaire
Hépatite
Rénal
- Oligurie avec urines foncées, oligoanurie
- Douleurs lombaires (insuffisance rénale fonctionnelle, tubulopathie aiguë)
Cardiovasculaire
- HoTA, collapsus
- Bradycardie, tachycardie
Respiratoire
- Bronchospasme
- Encombrement bronchique (signes cholinergiques)
Neurologique
- Troubles de conscience
- Ataxie
- Myosis, mydriase
- Troubles de l’accommodation
Psychiatrie
- Confusion mentale
Musculaire
- Myoclonies
Autres selon le syndrome
- Signes d’anémie
- Hyperthermie
EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES
- ECG : tachycardie sinusale, bradycardie sinusale, troubles du rythme
- Hypoglycémie dans le syndrome phalloïdien
CIMU
- Tri 1 à 3 selon le syndrome
Signes paracliniques
BIOLOGIQUE
- NFS (anémie hémolytique aiguë)
- Protidémie et NFS (hémoconcentration),
- Ionogramme plasmatique (hyponatrémie de déplétion, hypokaliémie, diminution des bicarbonates), calcium, magnésium selon le traitement en cours (digitaliques, anti-arythmiques)…, pH
- Urée plasmatique, créatininémie (insuffisance rénale fonctionnelle ; pour trancher urée, Na, K urinaires)
- ASAT, ALAT (à faire à l’admission, à H24 et avant la sortie)
- Selon les syndromes : CPK et CPK-MM (rhabdomyolyse), glycémie (hypoglycémie dans le syndrome phalloïdien), INR/TP, facteur V, ammoniémie…
TOXICOLOGIQUES
- Aucune toxine n’est dosée en routine dans les milieux biologiques
- Aucun résultat de dosage ne modifie la prise en charge
- Amanitine : dans quelques CHU, kit Elisa ; confirmation diagnostique, mais pas de valeur pronostique
- Psilocybine/psilocine dosables par certains laboratoires (orientés médecine légale)
- Orellanine déjà identifiée dans du matériel de biopsie rénale plusieurs mois après l’ingestion (dosage possible)
- Ethanolémie (syndrome antabuse)
IMAGERIE
- Rien de spécifique
Diagnostic étiologique
SYNDROMES A EVOQUER DEVANT
- Troubles digestifs dans les 3 heures :
- isolés : syndrome gastro-intestinal
- avec sueurs, salivation, myosis, bradycardie : syndrome muscarinien
- peu marqués avec hallucination, troubles de la conscience, mydriase : syndrome panthérinien
- peu marqués/absents avec hallucination sans trouble de conscience : syndrome narcotinien
- peu marqués/absents avec vasodilatation (flush syndrome) : syndrome coprinien
- Troubles digestifs isolés dans un délai de 3 à 6 heures :
- syndrome gastro-intestinal sévère avec certaines espèces
- Troubles digestifs plus de 6 heures après l’ingestion :
- sévères (cholériforme) : syndrome phalloïdien à évoquer de principe
- Hépatite :
- syndrome phalloïdien (plus rarement syndrome gyromitrien)
- Insuffisance rénale :
- précoce : fonctionnelle, retentissement de l’hypovolémie
- après 24 à 48 heures : organique avec les syndromes orellanien, proximien ; plus rarement phalloïdien et gyromitrien (associé avec hépatite) ou paxillien (associé avec hémolyse)
- Hallucinations :
- syndrome narcotinien
- avec troubles de conscience, mydriase : syndrome panthérinien
- Ebriété, vertiges, tremblement, ataxie : atteinte cérébelleuse fonctionnel (morilles)
- Troubles de conscience (syndrome panthérinien)
- Convulsions : syndrome panthérinien, syndrome narcotinien (enfant)
- Erythermalgie : syndrome acromélalgien
- Asthénie et douleurs musculaires : rhabdomyolyse
A ELIMINER SYSTEMATIQUEMENT, SYNDROME PHALLOÏDIEN
- Fréquence < 1% ; responsable de 90 à 95% des décès.
- Risque principal : hépatite fulminante, décès
- Délai signes digestifs : 6-24 h (moyenne : 10-12h), délai signes extra-digestifs : 36-48 h
- Clinique :
- troubles digestifs sévères à syndrome dysentérique et ses conséquences (hypovolémie, insuffisance rénale fonctionnelle, choc)
- élévation des transaminases 24- 36 h, insuffisance hépatocellulaire 72 h (max 4-5 j), hémorragie digestive, encéphalopathie hépatique, hypoglycémie, insuffisance rénale aiguë organique, coagulopathie de consommation
- Facteurs pronostiques d’hépatite phalloïdienne irréversible :
- de J3 à J10 : TP < 25% + créatininémie > 106 µmol/L
- diarrhée < 8h ; TP < 10% à J4
- Espèces responsables : amanite phalloïde, printanière et vireuse (confusion avec rosés, coulemelle, russules, autres amanites, tricholomes…), lépiotes brunes de petit taille, hauteur < 10 cm (confusion lépiotes de taille plus importante), galère marginée (confusion pholiote changeante)
SYNDROMES FREQUENTS
Gastro-intestinal (digestif, résinoïdien)
- Fréquence : 60-70%
- Risque principal : déshydratation et conséquences hypovolémiques
- Délai : 15 min à 3 h
- Clinique : troubles digestifs isolés : nausées, vomissements, douleurs abdominales, diarrhées ; résolution en 12 h (parfois 1-2 j)
- Espèces responsables :
- agaric jaunissant (confusion avec rosé des prés)
- tricholome tigré (confusion avec Tricholome « gris »)
- entolome livide (confusion avec Clitocybe nébuleux, Meunier)
- pleurote de l’olivier (confusion avec Girolle)
- bolet Satan (confusion avec bolets comestibles)
- et aussi Entolome printanier, Hébélome, Russule émétique, Lactaire à toison, Clavaires…
Muscarinien (sudorien, cholinergique)
- Fréquence : 2e syndrome par ordre de fréquence décroissante, ~15%
- Risque principal : bradycardie (< 40 bpm), retentissement hémodynamique, décès exceptionnel (selon le terrain cardiovasculaire)
- Délai : 15 min à 3 h
- Clinique :
- troubles digestifs
- sueurs profuses
- hypersécrétion salivaire et bronchique
- bradycardie sinusale
- HoTA
- résolution le plus souvent spontanée
- Espèces responsables :
- inocybes (confusions avec Meunier, mousseron d’automne)
- clitocybes « blancs » (confusion avec Mousseron d’automne, Hygrophore des neiges)
Panthérinien (anticholinergique)
- Fréquence : 3e syndrome par ordre de fréquence décroissante
- Risque principal : convulsions, coma
- Délai : 30 min à 3 h
- Clinique :
- troubles digestifs modérés
- agitation, confusion, délire, « hallucinations »
- tachycardie
- mydriase
- troubles de conscience jusqu’au coma
- résolution spontanée en 12-24 h
- Espèces responsables :
- amanite tue-mouche (confusion avec Amanite des Césars)
- amanite panthère (confusion avec Amanite rougissante)
Psilocybien (narcotinien, psychodysleptique)
- 4e syndrome par ordre de fréquence décroissante, contexte « récréatif »
- Risque principal :
- traumatisme (défenestration, chute, auto/hétéro agressions…)
- convulsions et coma (enfant)
- Délai : 20-30 min à 1 h
- Clinique :
- euphorie ou anxiété
- hallucinations surtout
- troubles de la perception temporo-spatiale…
- tachycardie
- mydriase
- vasodilatation périphérique
- nausées
- effet maximal en 2-4 h
- résolution spontanée
- Espèces responsables : Psilocybes (et quelques autres espèces) consommés en tant que tels
- Commentaires : les espèces contenant de la psilocybine sont inscrites sur la liste des stupéfiants (arrêté du 22 février 1990)
SYNDROMES RARES (FREQUENCE < 1%)
Orellanien
- Risque principal : insuffisance rénale aiguë, puis chronique (50%)
- Délai signes digestifs : 3 j (24 h-14 j), délai signes extra-digestifs : 9 j (4-15 j)
- Clinique :
- troubles digestifs peu sévères
- plus tardivement asthénie, anorexie, lombalgies, soif, frissons, céphalées, myalgies… mimant un syndrome grippal
- atteinte tubulo-interstitielle
- Espèces responsables : Cortinaire des montagnes (confusion avec Girolle)
Gyromitrien
- Risque principal : convulsions, hépatite cytolytique
- Délai signes digestifs : 6-24 h, délai signes extra digestifs : 36-48 h
- Clinique :
- troubles digestifs
- céphalée et fièvre, agitation, convulsions
- hépatite cytolytique
- hémolyse
- insuffisance rénale
- décès rare (hépatite fulminante)
- Espèces responsables : Gyromitre « comestible » (consommées en tant que telle, confusion avec Morilles)
Coprinien (antabuse)
- Risque principal : collapsus, crise d’angor
- Délai : 30 min à 2 h après ingestion d’éthanol
- Clinique : syndrome antabuse, flush syndrome : rougeur cutanée, céphalée, sueurs, tachycardie sinusale, hypotension artérielle ; résolution le plus souvent spontanée en quelques heures
- Espèces responsables : Coprin noir d’encre (consommé en tant que tel ou confusion avec le Coprin chevelu)
Proximien
- Risque principal. Insuffisance rénale aiguë
- Délai signes digestifs : 8-14 h ; délai signes extra digestifs : 1-4 j
- Clinique :
- troubles digestifs
- tubulopathie aiguë
- cytolyse hépatique < 15 N
- évolution favorable en 2 à 3 semaines sans séquelles
- Espèces responsables : Amanite à volve rousse (confusion avec Amanite ovoïde)
Cérébelleux
- Délai : 12 h (3-20 h)
- Clinique :
- vertiges, ébriété, tremblements, ataxie, paresthésies, troubles visuels polymorphes
- résolution spontanée en 24 heures (médiane 12 h)
- Espèces responsables : Morilles consommées en grande quantité
SYNDROMES IMPROBABLES (FREQUENCE < 0,1%)
Acromélalgien (érythermalgie)
- Délai : 24 h
- Cliniques : érythermalgie : paresthésies (brûlures douloureuses) des extrémités (pieds surtout) avec oedème et érythème au moment de crises paroxystiques déclenchées par la chaleur
Paxillien
- Risque principal : anémie aiguë, décès
- Délai : 1-2 h
- Clinique :
- troubles digestifs
- anémie hémolytique avec anémie
- insuffisance rénale aiguë
- CIVD
- Espèces responsables : Paxille enroulé consommé en tant que tel
- Commentaires : aucun décès publié en France
Rhabdomyolyse
- Risque principal : insuffisance cardiaque réfractaire au traitement (myocardite toxique), décès
- Délai signes : 1-3 j après le dernier repas
- Clinique :
- myalgies proximales intenses
- raideur musculaire
- asthénie
- sueurs
- nausées
- polypnée
- Espèces responsables : Tricholome équestre (T. doré, bidaou) consommé en tant que tel
- Commentaires : lors de la consommation de « bidaou » à 3-6 repas consécutifs
Diagnostic différentiel
- Syndrome de panique en cas de doute sur la comestibilité
- Troubles digestifs collectifs : TIAC d’étiologie microbiologique ; isolés : allergie alimentaire
- Troubles digestifs/de conscience collectifs : de principe, monoxyde de carbone (CO)
- Atteinte hépatique : autres causes d’hépatites aiguës, toxiques (paracétamol, éthanol)
- Tableau psychiatrique : prise isolée ou associée d’autres substances illicites
Traitement
TRAITEMENT PREHOSPITALIER / INTRAHOSPITALIER
Stabilisation initiale
- Réhydratation parentérale (déconseillée per os du fait des vomissements) :
- sérum salé / glucosé isotonique avec apports électrolytiques (potassium)
- chez l’enfant, compensation volume pour volume par voie IV associée à des électrolytes ; abstention d’antiémétiques et d’antidiarrhéiques
- Remplissage éventuellement
- Syndrome phalloïdien :
- réhydratation et remplissage intensifs
- Diarrhée à respecter
Suivi du traitement
- Lavage gastrique inutile (délai, présence de vomissements, bénignité habituelle), à discuter lors de l’intoxication accidentelle de découverte rapide par exemple chez l’enfant consommateur de lépiotes contenant des amanitines par exemple
- Selon le syndrome, associé au traitement symptomatique :
- syndrome phalloïdien :
- maintien d’une hydratation et d’une fonction rénale correctes (diurèse 100-200 mL/h)
- charbon activé : 1 g/kg, puis 0,5 g/kg toutes les 4 à 6 heures. Limite : intolérance digestive
- silibinine (Légalon Sil, voir détail dans les médicaments) : 20 mg/kg/j en 4 perfusions de 5 mg/kg en 2 heures, durant 3 à 5 jours. Limite : coût, disponibilité
- N-acétylcystéine (Fluimucil 5 g/ 25 mL, aux doses du protocole « paracétamol »)
- traitement conventionnel de l’insuffisance hépatocellulaire
- réunir les facteurs pronostics : le cas échéant transférer précocement dans une réanimation proche d’une unité de transplantation
- diarrhées à respecter
- pénicilline G non recommandée
- syndrome muscarinien : atropine, 0,5 mg par voie IV (20 µg/kg chez l’enfant), renouvelable
- syndrome gyromitrien : pyridoxine en perfusion IV, 25 mg/kg en 15 à 30 min, renouvelable sans dépasser 30 g/j, associé au diazépam
- trouble du rythme du syndrome coprinien : propranolol
- syndrome narcotinien : benzodiazépines ; au besoin halopéridol
- syndrome orellanien, proximien : épuration extrarénale
- syndrome paxillien : épuration extrarénale, exsanguino-transfusion, plasmaphérèse
- convulsions : diazépam, clonazépam
- syndrome phalloïdien :
MEDICAMENTS SPECIFIQUES
- Atropine (sulfate d’atropine) : solution injectable de 0,25 0,50 ou 1 mg/1 mL
- Diazépam 5-10 mg IV lente renouvelable toutes les 5 min
- Clonazépam (Rivotril) 1 mg IV à renouveler si besoin
- N-acétylcystéine : Fluimucil 5 g/25 mL, solution injectable pour perfusion IV
- Silibinine (Légalon Sil solution injectable pour perfusion IV, ampoule de 350 mg) : 20 mg/kg/j, en 4 perfusions de 2 heures dans du glucosé 5% (soit 4 fois 5 mg/kg/j) durant 3 à 5 jours ; coût : 600 € par ampoule)
- Pyridoxine (Bécilan, 250 mg/5 mL, solution injectable) : en perfusion IV, 25 mg/kg en 15 à 30 min, renouvelable sans dépasser 30 g/j, associé au diazépam
- Charbon activé par sonde : Carbomix (50 g, granulé pour suspension buvable, flacon de 500 mL), Toxicarb (suspension buvable, 20 g/100 mL, flacon de 60 et 250 mL)
Surveillance
CLINIQUE
- Syndromes digestifs ; pertes digestives, diurèse, signes de déshydratation, PA
- Selon le syndrome
PARACLINIQUE
- ASAT / ALAT (H24 / sortie)
- Ionogramme, créatininémie
Devenir / orientation
- Réhydratation et surveillance ambulatoire : si signes digestifs modérés de latence courte, sans signes associés muscariniques, « atropiniques »
CRITERES D’ADMISSION
En préhospitalier
- Transport aux urgences pour diagnostic étiologique et traitement
En intrahospitalier : admission en réanimation
- Toute symptomatologie digestive d’apparition tardive (> 6 heures) : suspicion de syndrome phalloïdien
- Absence de régression/aggravation des troubles digestifs dans les heures qui suivent le début des symptômes
- Selon des critères habituels :
- troubles digestifs incoercibles + facteurs de risque
- déshydratation
- trouble de conscience (GCS < 8)
- insuffisance rénale aiguë
- bradycardie mal tolérée
- flush avec état hémodynamique mal toléré…
- Selon le terrain
- Syndrome panthérinien, syndrome narcotinien chez l’enfant
- Admission en service porte si traitement et surveillance ambulatoire impossibles
CRITERES DE SORTIE
- Syndrome gastro-intestinal isolé, après contrôle à H24 des ASAT / ALAT dans le cas général, de la créatininémie
- Après consultation psychiatrique si geste suicidaire
RECOMMANDATIONS DE SORTIE
- Consulter à nouveau si réapparition des symptômes
- Selon le syndrome :
- contrôle à distance (8 jours) de la créatininémie (syndrome orellanien)
- rendez-vous Centre accueil et soins du toxicomane si usage récréatif
- abstention d’alcool durant 3-5 jours (syndrome coprinien)
Mécanisme / description
METABOLISME
- Connu seulement pour les amanitines :
- rapidement résorbées par le tube digestif, excrétées par la bile et subissant un cycle entérohépatique
- biodisponibilité faible (1%)
- présentes dans le plasma durant les 24 – 48 premières heures, dans le liquide d’aspiration gastroduodénale, dans les urines sous forme inchangée (de 10 à 100 fois la concentration plasmatique, durant les 72 premières heures, nulle à partir du 5e jour)
- éliminées :
- dans les fèces pour la partie non résorbée
- par voie urinaire, principal émonctoire quand le rein est fonctionnel
- excrétées dans le lait ; passage transplacentaire discuté
PHARMACODYNAMIE
Syndrome phalloïdien
- Phalloïdien : amatoxines (a et b-amanitines surtout) responsables de l’hépatotoxicité :
- pénétration dans l’hépatocyte empruntant un système de transport de médicaments
- inhibition de la RNA polymérase II, puis de la synthèse protéique
- arguments expérimentaux en faveur d’un mécanisme radicalaire
- résultats du dosage des amanitines, sans valeur pronostique
Syndromes fréquents
- Gastro-intestinal : toxines inconnues pour la plupart
- Muscarinien : stimulation des récepteurs muscariniques
- Panthérinien : acide iboténique responsable de la phase d’excitation, muscimol de la dépression du SNC, sans expliquer certains signes atropiniques
- Narcotinien : psilocybine métabolisée en psilocine de structure très proche de la sérotonine
Syndromes rares
- Coprinien : coprine métabolisée en aminocyclopropanol (inhibiteur comme le disulfiram de l’aldéhyde déshydrogénase), responsable en présence d’éthanol d’un syndrome antabuse
- Gyromitrien :
- action antivitamine B6 du métabolite de la gyromitrine (méthylhydrazine), responsable par inhibition enzymatique d’une diminution du GABA intracérébral, source de convulsions
- effet radicalaire responsable de l’hépatite et de l’hémolyse
- Orellanien :
- orellanine métabolisée en radicaux instables lésant l’épithélium du tube contourné proximal
- mécanisme d’oxydoréduction entretenant la réaction, expliquant l’évolution vers la chronicité
- orellanine déjà identifiée dans du matériel de biopsie rénale plusieurs mois après l’ingestion
- Proximien : mécanisme inconnu ; acide 2-amino-4,5-hexadiénoïque suspect
- Cérébelleux : toxine inconnue
Syndromes improbables
- Acromélalgien : toxines excitotoxiques, agonistes des récepteurs non NMDA du glutamate (acides acroméliques)
- Paxillien : anémie hémolytique d’origine immuno-allergique
- Rhabdomyolyse : toxine inconnue
Bibliographie
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- Saviuc P, Flesch F, Danel V. Intoxications par les champignons : syndromes majeurs. Encycl Med Chir 2003; 16077-A-10: 10p
Auteur(s) : Philippe SAVIUC
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