Spécialité : infectieux / pneumologie /
Points importants
- Prédominance des causes cardiovasculaires, tumorales et infectieuses
- Etiologies nécessitant un traitement urgent : hémothorax, pleurésie purulente et embolie pulmonaire
- Orientation doit être adaptée en fonction du diagnostic : pneumologie, cardiologie, médecine interne, réanimation, chirurgie thoracique
- Tout épanchement pleural fébrile et toute suspicion d’hémothorax doivent être ponctionnés en urgence
Présentation clinique / CIMU
SIGNES FONCTIONNELS
Généraux
- Fièvre
- Altération de l’état général
- Pâleur cutanéomuqueuse
Spécifiques
- Pulmonaires :
- les symptômes apparaissent pour des épanchements > 300 mL
- toux (typiquement déclenchée par les changements de position)
- anomalies de coloration de l’expectoration (jaune, verte, rouillée, sanglante)
- dyspnée
- douleur thoracique :
- souligne une étiologie exsudative : infarctus pulmonaire, infection pulmonaire, mésothéliome…
- augmentant à l’inspiration profonde
- irradiant à l’épaule homolatérale ou à l’abdomen
- plus l’épanchement est important, moins la douleur est intense
- Cardiaques :
- défaillance hémodynamique (HoTA, marbrures)
- signes d’insuffisance cardiaque droite ou gauche
- Neurologiques :
- agitation (hypoxie)
- somnolence (hypercapnie)
CONTEXTE
Terrain
- Dépend de l’étiologie
Traitement usuel
- Rechercher médicaments immunosuppresseurs, la prise d’anticoagulants, l’introduction récente de nouveaux médicaments
Antécédents
- Néoplasiques
- Thromboemboliques
- Tuberculose
- Cirrhose, alcool
- Hépatite chronique
- Maladies dysimmunitaires
- Immunosuppression
- Insuffisance cardiaque
Facteurs de risque
- Consommation alcoolo-tabagique
- Exposition amiante
Circonstances de survenue
- Contexte infectieux récent
- Contexte traumatique
- AEG
EXAMEN CLINIQUE
- Tolérance clinique : SpO2, FR, FC, PA
- Hémithorax immobile lors des mouvements respiratoires en cas d’épanchement de grande abondance
- Matité, abolition ou diminution des vibrations vocales et silence respiratoire à l’auscultation
- Frottement pleural (bruit du cuir neuf que l’on plie) disparaissant à l’apnée en cas d’épanchement de faible abondance (moins de 300 mL).
- « Souffle pleurétique » audible au niveau de la limite supérieure de l’épanchement témoignant de la condensation du parenchyme pulmonaire par l’épanchement (augmentation de la transmission du bruit glottique)
- Signes d’insuffisance cardiaque droite (TJ, RHJ)
EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES
- SpO2
- ECG (signes de péricardite)
- Hémoglobine capillaire (hémothorax)
- BU (Syndrome néphrotique)
CIMU
- Tri 1 à 3 en fonction de la tolérance clinique
Signes paracliniques
BIOLOGIQUE
- Gaz du Sang
- Ionogramme sanguin créatinine, LDH
- NFS, plaquettes, hémostase
- Selon contexte : CRP, D-dimères, facteurs natriurétiques, lipasémie
- Ponction pleurale (cf fiche) et Analyse du liquide pleural :
- aspect macroscopique du liquide pleural :
- aspect citrin transparent (transsudat)
- jaune foncé translucide (exsudat)
- jaune verdâtre (pleurésie purulente)
- séro-hémorragique
- hémorragique (hémothorax)
- laiteux (chylothorax)
- analyse biochimique : distinction transsudat/exsudat :
- protéines < ou > 30 g/L
- protides pleuraux/Protides sériques < ou > 0,5
- [LDH] pleural < ou > 200 UI/L
- rapport LDH pleural/LDH sérique < ou > 0,6
- amylopleurie/amylasémie > 1 en cas de pathologie pancréatique ou oesophagienne
- taux de triglycérides et de cholestérol en cas d’épanchement chyleux
- analyse cytologique :
- GR : si taux > 100 GR/mL dosage Hématocrite pour distinguer l’hémothorax (Hématocrite > 20%) de la pleurésie séro-hémorragique (Hématocrite < 20%)
- hématocrite pleural/Hématocrite sanguin > 50% en faveur d’un hémothorax
- ponction traumatique : coloration non uniforme pendant la ponction et coagulation du liquide recueilli
- transsudat < 1 000 cellules/mm3
- pleurésie purulente > 50 000 cellules/mm3
- formule : pleurésie à prédominance de polynucléaires neutrophiles, les pleurésies lymphocytaires et les pleurésies à éosinophiles (> 10%)
- analyse microbiologique :
- examen direct
- recherche de mycobactéries systématique
- aspect macroscopique du liquide pleural :
IMAGERIE
Radiographie pulmonaire face et profil
- Opacité dense, homogène, basithoracique qui efface l’angle costo-diaphragmatique se prolongeant vers le haut par une ligne bordante axillaire avec une limite supérieure concave en haut et en dedans
- Intérêt d’un cliché en décubitus latéral sur le côté atteint en cas d’épanchement limité au cul de sac pleural (< à 200 mL)
- Hémithorax opaque et médiastin dévié vers le côté opposé si épanchement abondant
- Epanchements sous pulmonaires au cours des pleurésies dites « diaphragmatiques » pouvant simuler une surélévation de coupole
Scanner thoracique
- Fait parti du bilan étiologique
- Utile avant la réalisation d’un drainage en cas de pleurésie enkystée
- Indispensable dans le bilan d’un hémothorax traumatique
Angio-TDM en cas de suspicion de pathologie thromboembolique
Echographie pleurale
- Outre le diagnostic positif, elle permet le repérage de l’épanchement et le site de ponction. Elle pourrait devenir le prolongement de l’examen clinique de l’urgentiste
Diagnostic étiologique
FONCTION DU TYPE DE LIQUIDE
Transsudat
- Déséquilibre entre la pression oncotique et la pression hydrostatique (augmentation de la pression hydrostatique systémique ou capillaire pulmonaire ou diminution de la pression oncotique systémique ou les 2)
- Insuffisance cardiaque congestive
- Cirrhose
- Syndrome néphrotique
- Myxoedème
- Dialyse péritonéale
- Glycinothorax
Exudat
- Inflammation de la plèvre ou diminution du drainage lymphatique (altération de la perméabilité de la membrane pleurale, augmentation de la perméabilité capillaire, obstruction plus ou moins complète du drainage lymphatique de l’espace pleural)
- Cancer (cancer du sein ou du poumon, lymphome, leucémie)
- Pneumonie
- Tuberculose
- Embolie pulmonaire
- Pseudokyste du pancréas
- Abcès intra-abdominal
- Post chirurgie cardiaque
- Syndrome péricardique
- Pleurésie rhumatoïde
- Lupus érythémateux disséminé
- Urémie
- Chylothorax (triglycérides dans le liquide)
Pleurésies infectieuses
- Bactériennes :
- sérofibrineuses (épanchements parapneumoniques)
- purulentes avec aspect de pus franc à la ponction (empyème pleural)
- tuberculeuse (sueurs nocturnes, fièvre, hémoptysie, perte de poids)
Pleurésie d’origine cardiaque
- Insuffisance cardiaque globale
- Syndrome de Dressler
Pleurésie d’origine thromboembolique
Pleurésie hémorragique (hémothorax)
- Post traumatique
- Rupture de bride pleurale
- Lésion pleurale (métastase, endométriose)
Pleurésies néoplasiques
- Cancer bronchique, du sein et les lymphomes : causes les plus fréquentes par ordre décroissant
- Mésothéliome (douleurs invalidantes, homme de 50 ans, exposition professionnelle à l’amiante [mine à ciel ouvert, industrie navale, chauffagiste,…])
Pleurésie d’origine digestive
- Plus souvent à droite dans le cadre d’une décompensation oedémato-ascitique
- Peut-être isolée en cas d’ascite de faible abondance
- Pancréatite (plus souvent à gauche)
- Syndrome de Boerhaave
- Pleurésie réactionnelle dans le cadre d’une suppuration intra abdominale (abcès sous phrénique, pancréatique)
Pleurésie d’origine uronéphrologique
- Anasarque au cours du syndrome néphrotique ou insuffisance rénale terminale
Causes rares de pleurésies
- Pleurésies et maladie de système (lupus, PR…)
- Pleurésie chyleuse (chylothorax) secondaire à une lésion du canal thoracique (tumeur, traumatisme) ou à une anomalie malformative constitutionnelle ou acquise (lymphangio-leïomyomatose)
- Pleurésies iatrogéniques (médicamenteuse, radique)
Diagnostic différentiel
- Foyer de pneumopathie
- Atélectasie
- Surélévation de coupole diaphragmatique
Traitement
TRAITEMENT PREHOSPITALIER / INTRAHOSPITALIER
Stabilisation initiale
- Oxygénothérapie
- Remplissage vasculaire selon les circonstances
- Ponction évacuatrice (max 1 à 1,5 L pour éviter un oedème pulmonaire de ré-expansion [oedème a vacuo]) (technique de <a “https:=”” mededuct.com=”” fiche-technique-medical=”” “=””>
Ponction pleurale
) - Drainage thoracique
surtout en cas d’épanchement pleural : abondant, hémothorax, pleurésie purulente - Traitement étiologique
Suivi du traitement
- Volume de liquide ponctionné
- Tolérance respiratoire
MEDICAMENTS
- Traitement diurétique : Lasilix (Furosémide) 40 à 80mg en IV sur 20 min
- Pleurésie purulente : bêtalactamine associée à un anti-anaérobies
- Traitement antiagrégant
Surveillance
CLINIQUE
- Température, SpO2, FR, PA, FC
PARACLINIQUE
- Surveillance radiologique post-ponction : radiographie thoracique systématique post-ponction et en cas de dégradation clinique secondaire
Devenir / orientation
CRITERES D’ADMISSION
Réanimation
- Mauvaise tolérance clinique avec signes de détresse respiratoire aigue, hémodynamique instable, hémopneumothorax post traumatique chez un polytraumatisé…
USIP
- Tolérance clinique moyenne, drainage thoracique d’une pleurésie purulente…
Pneumologie
- Epanchement pleural de moyenne ou faible abondance bien toléré cliniquement à explorer
CRITERES DE SORTIE
- Epanchement pleural de faible abondance bien toléré cliniquement
- Embolie pulmonaire éliminée
- Patient intégré dans un circuit pneumologie en place
RECOMMANDATIONS DE SORTIE
- Reconsulter en cas d’aggravation de la fonction respiratoire
Mécanisme / description
- Espace pleural = cavité virtuelle limitée par feuillet viscéral et feuillet pariétal maintenus en contact par une pression négative (-5 cm H2O à la capacité résiduelle fonctionnelle)
- Les échanges liquidiens au niveau pleural principalement régulés par la pression hydrostatique capillaire, la pression oncotique du liquide pleural et la circulation de la lymphe vers les pores lymphatiques de la plèvre pariétale ou diaphragmatique
- Les quelques millilitres de liquide pleural présents à l’état normal résultent d’un équilibre permanent entre la formation de liquide qui provient de la filtration sanguine des capillaires de la plèvre pariétale (régime élevé de pression systémique ) et sa réabsorption à la fois par le système veineux pulmonaire à basse pression et par les lymphatiques de la paroi thoracique
Physiopathologie : 6 mécanismes possibles
- Hyperpression dans les capillaires et les veines pulmonaires (insuffisance cardiaque)
- Augmentation de la perméabilité capillaire : inflammation (infection, cancer)
- Blocage du drainage lymphatique (processus tumoral, radiothérapie)
- Diminution de la pression oncotique (cirrhose hépatique et syndrome néphrotique)
- Augmentation de la dépression pleurale (atélectasie)
- Simple passage de liquide de la cavité péritonéale vers la cavité pleurale (le plus souvent à droite) par les puits de Ranvier
Bibliographie
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- Marel M, Stastny B, Melinova L, Svandova E, Light RW. Diagnosis of pleural effusions. Experience with clinical studies, 1986 to 1990. Chest 1995 ; 107:1598-1603
- Sahn SA. State of the art : the pleura. Am Rev Respir Dis 1988 ; 138:184-234
Auteur(s) : Kraoua SALAH, Jean-Christophe ALLO
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