Spécialité : pneumologie / traumatologie /
Points importants
- Le pneumomédiastin ou emphysème médiastinal est défini par la présence d’air dans le médiastin
- Il peut être spontané ou post-traumatique
- Le pneumomédiastin spontané reste une pathologie rare, bénigne affectant plutôt les sujets jeunes
- Il complique 0,3 à 5% des asthmes de l’enfant
- Le pronostic du pneumomédiastin traumatique dépend de la cause et de la rapidité de la réparation chirurgicale
Présentation clinique / CIMU
SIGNES FONCTIONNELS
- Douleur rétrosternale irradiant vers le cou ou le dos
- Dysphagie
- Dysphonie
- Dyspnée
EXAMEN CLINIQUE
- Emphysème sous-cutané (crépitation neigeuse), souvent limité à la base du cou donnant une sensation de crépitement à la palpation
- L’auscultation peut retrouver des craquements lors de chaque battement cardiaque
CONTEXTE
Terrain
- Chercher obligatoirement un asthme patent ou une atopie qui peuvent se compliquer de pneumomédiastin spontané, un tabagisme
Facteurs favorisants
- Effort intense à glotte fermé
- Effort de vomissement faisant évoquer en premier une rupture oesophagienne
- Traumatisme thoracique, imposant en cas de pneumomédiastin, une exploration et de l’oesophage (opacification) et de l’arbre trachéo-bronchique (endoscopie souple)
EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES
- SpO2 : souvent normale
- ECG : tachycardie
Signes paracliniques
BIOLOGIQUE
- NFS, plaquettes et CRP permettent d’écarter une médiastinite associée surtout en cas de traumatisme pénétrant ou en cas de rupture oesophagienne
- Hémostase, groupe sanguin, Rhésus en cas de pneumomédiastin traumatique nécessitant thoracotomie pour réparation chirurgicale
IMAGERIE
Radiographie pulmonaire
- Hyperclarté linéaire, verticale le long du médiastin
- Permet également de rechercher un pneumothorax associé
Scanner thoracique
- Confirme la présence d’air dans le médiastin
- Associé au transit oesophagien, il permet de localiser une rupture oesophagienne et de faire le bilan étiologique
- Il permet le bilan lésionnel en cas de traumatisme thoracique
Diagnostic étiologique
CAUSES DES PNEUMOMEDIASTINS
Rupture trachéo-bronchique
- Traumatisme
- Accident chirurgical ou endoscopique
- Néoplasie
Perforation digestive
- Œsophagienne :
- iatrogène ou traumatique
- vomissements
- néoplasie
- Duodénale ou colique :
- perforation
- diverticulite
- ulcère
- chirurgie
Lésion du massif facial ou du cou
- Fracture ou chirurgie
- Chirurgie dentaire
Rupture alvéolaire par hyperpression
- Traumatisme fermé
- Asthme
- Corps étrangers
- Toux intenses
- Hyperventilation mécanique
- Vomissements
- Cétoacidose diabétique
- Manoeuvre de Valsalva
- Efforts sportifs
- Accouchement
- Utilisation de cannabis ou de crack
Rupture alvéolaire par fragilité
- Infections bactériennes ou virales
- Emphysème
- Sarcoïdose
- Silicose
- Fibrose
- Atteinte médicamenteuse (bléomycine)
PNEUMOMEDIASTIN SPONTANE
Asthme
- A l’occasion d’une crise d’asthme, il peut se produire une rupture alvéolaire avec échappée d’air le long de l’interstitium jusqu’au médiastin
- Représente de loin la cause la plus fréquente de pneumomédiastin spontané
- Le traitement consiste en une surveillance simple
Changement brutal de pression atmosphérique (plongée, aviation)
- Souvent du à une rupture de blebs
Manoeuvre de Valsalva
- Peut occasionner un pneumomédiastin par rupture de blebs
PNEUMOMEDIASTIN TRAUMATIQUE
Syndrome de Boerhaave
- Rupture « spontanée » oesophagienne par augmentation brutale de la pression intra-oesophagienne avec effort abdominal à glotte fermée
- Le tiers inférieur de l’oesophage et notamment sa paroi gauche présente une fragilité au contact du muscle diaphragmatique
- La rupture se fait à gauche dans plus de 90% des cas
- Les conséquences sont le passage d’air et surtout d’aliments et bactéries causant une médiastinite
- La prise en charge du syndrome de Boerhaave est multidisciplinaire associant urgentiste, radiologue, chirurgien, réanimateur
- Le bilan TDM est nécessaire avant tout geste chirurgical parfois envisagé d’emblée
- Facteurs favorisant la fragilisation préalable de l’oesophage :
- oesophagite éthylique, peptique
- syndrome de Mallory Weiss
- maladie de Crohn
- sclérodermie (CREST syndrome)
- diverticule oesophagien
Traumatisme cervical
- Le pneumomédiastin peut se voir suite à une plaie du cou
Extraction dentaire
- Décrite comme cause bénigne de pneumomédiastin
Causes iatrogènes
- Après intubation trachéale
- Ventilation mécanique avec PEP
- Endoscopie oesophagienne
- Pose de prothèse endo-oesophagienne
Blessure pénétrante du thorax
Traumatismes fermés du thorax
- Soit par rupture d’organe (trachée, oesophage) ou par rupture de blebs
Diagnostic différentiel
- Tamponnade
- Infarctus du myocarde
- Péricardite
- Dissection aortique
- Médiastinite
- Embolie pulmonaire
- Pneumothorax
- Rupture oesophagienne
Traitement
Pneumomédiastin non traumatique
- Surveillance simple
Pneumomédiastin traumatique
- La rupture oesophagienne représente la cause la plus fréquente :
- la prise en charge est multidisciplinaire
- le recours à la chirurgie est parfois indiqué
- le recours à la réanimation est le plus souvent indispensable dans les cas de rupture d’organes
- une antibiothérapie est nécessaire ainsi qu’une aspiration nasogastrique
- En cas de rupture trachéobronchique, la fibroscopie bronchique est obligatoire ; le patient doit être pris en charge par une équipe de chirurgie thoracique
- Une tomodensitométrie thoracique (avec transit oesophagien) est indispensable avant tout geste thérapeutique
Devenir / orientation
Dans les formes non traumatiques
- Une surveillance simple suffit
- Un retour au domicile est envisageable en fonction du terrain
Dans les formes traumatiques
- Un transfert en réanimation est souvent nécessaire
Mécanisme / description
- Les causes principales agissent suivant deux mécanismes :
- soit par des brèches traumatiques ou iatrogènes du massif facial, de l’arbre trachéo-bronchique ou du système digestif (surtout de l’oesophage)
- soit par des ruptures alvéolaires secondaires à une hyperpression intra-bronchique brutale, ou à une altération du tissu pulmonaire par différentes affections aiguës ou chroniques : ce dernier mécanisme, appelé effet Macklin, est le plus fréquent ; l’air, après rupture de la paroi alvéolaire passe dans les espaces interstitiels et, par voie centripète, gagne le médiastin en progressant le long des axes broncho-vasculaires jusqu’au hile, pour finalement s’extravaser dans le médiastin provoquant le pneumomédiastin
- La brèche alvéolaire peut également siéger en périphérie, à travers la plèvre viscérale, créant un pneumothorax associé ; le médiastin communique avec les plans cervicaux profonds ; l’air diffuse donc aisément vers les espaces sous-cutanés du cou et vice et versa, ce qui explique la coexistence fréquente d’un pneumomédiastin avec un emphysème cervico-facial sous-cutané ; le médiastin est également en relation avec le rétropéritoine, ce qui facilite l’apparition d’un pneumomédiastin lors de certaines perforations coliques ou duodénales
- Enfin, l’air médiastinal peut, exceptionnellement, migrer par les trous de conjugaisons de la colonne dorsale vers l’espace épidural et créer un pneumorachis
Bibliographie
- G. Huchon, Pneumologie pour le praticien. Editions Masson
- A. Taytard, Pneumomédiastin. www.respir.com/doc/abonne/base/Pneumomediastin.asp
- Pathologie médiastinale. Imagerie thoracique de l’adulte ;121. Editions Masson
- Le livre de l’interne Pneumologie ;448-489. Editions Flammarion
- E Koral, P Brasseur, Journal de Radiologie vol 8, no 3-C1, 2007, 390-392
Auteur(s) : Salah KRAOUA, Jean-Christophe ALLO
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