Spécialité : pediatrie / pneumologie / symptômes /
Points importants
- La toux est un motif de consultation parmi les plus fréquents en médecine générale et représente 10% des consultations de pneumologie en milieu hospitalier
- Moyen de défense naturelle permettant d’éliminer les sécrétions bronchiques et les particules inhalées, mais pouvant avoir des effets néfastes (dissémination des agents infectieux) et affecter la qualité de vie des patients en cas de chronicité
- Symptôme banal pouvant révéler des pathologies graves
- Sa prévalence chez les non fumeurs est de 8-15%
- Toujours pathologique chez l’enfant et en particulier chez le nourrisson
- Le traitement antitussif non spécifique n’a qu’un rôle transitoire limité
Présentation clinique / CIMU
- L’enquête étiologique repose sur la durée de la toux (toux aiguë < 3 sem ; subaiguë ~ 3-6 sem ; chronique > 6-8 sem)
- Face à une toux récente, dans un contexte clinique évident (infection rhinopharyngée par ex.), le bilan étiologique est inutile
- Face à une toux chronique, une recherche étiologique systématique est requise
SIGNES FONCTIONNELS
Caractéristiques de la toux
- Mode d’installation (brutale/insidieuse)
- Durée
- Nature (sèche ou productive)
- Evolution
Facteurs favorisants
- Décubitus (reflux gastro-oesophagien +++)
- Ecoulement nasal
- Effort
- Environnement particulier
Les signes généraux ou spécifiques accompagnant une toux sont fréquemment le motif principal de consultation
- Dyspnée
- Dysphagie
- Dysphonie
- Asthénie
- Céphalée
- Vomissement
- Insomnie
- Douleur thoracique (musculaire, fracture costale)
- Hémoptysie
- Fausse route
- Gêne de l’entourage handicap social…
CONTEXTE
Terrain
- Personnes âgés
- Nourrissons
Traitement usuel
- IEC +++ (11-25% des cas de toux chronique chez l’adulte)
- Dans une moindre mesure les sartans (antagonistes non peptidiques de l’angiotensine 2) et bêtabloquants, le méthotrexate, la furadantine
Antécédents personnels et familiaux
- Allergies
- BPCO
- VIH
- Migrants
Facteurs de risque
- Tabac+++
- Exposition à des facteurs irritants professionnels, à la pollution, aux pollens, mode de garde de l’enfant (crèche, institution)
Circonstances de survenue
- Contexte épidémique (bronchiolite, grippe, coqueluche)
- Epidémie familiale de toux (tuberculose, coqueluche)
EXAMEN CLINIQUE
- Pharyngite, avec parfois une muqueuse pharyngée d’apparence granuleuse (sans le cadre d’un UACS : Upper Airways Cough Syndrome, écoulement nasal postérieur), hypertrophie amygdalienne, obstruction nasale
- Recherche de signes évocateurs d’une pathologie spécifique, en particulier pleurale (palpation, percussion, auscultation) et cardiaque
EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES
- SpO2
CIMU
- Tri 4 ou 5 en fonction du caractère aigu ou chronique et des signes associés
Signes paracliniques
- Les examens complémentaires sont réalisés en fonction de l’anamnèse, de l’examen clinique et des signes d’accompagnements
BIOLOGIQUE
- NFS, CRP
IMAGERIE
- Radio thoracique en cas de toux chronique (opacité parenchymateuse, malformation, adénopathies, épanchement…)
Diagnostic étiologique
TABAC
- Le tabac est une des principales causes de toux chronique. Une toux chronique chez un fumeur doit toujours être explorée surtout si elle se modifie
TOUX ORIGINAIRE DES VOIES AERIENNES SUPERIEURES
- Etiologie la plus commune de toux chronique
- Infection récurrente des VAS, rhinosinusite ou pharyngite (UACS), signe d’obstruction nasale haute (ronflement pendant sommeil), hypertrophie amygdalienne…
ASTHME
- Cause fréquente de toux chronique
- Diagnostic aisé si sibilances associées
- La toux peut être son seul mode de présentation (« Cough variant of asthma ») : toux spasmodique, au froid, au brouillard, à l’effort ou à son arrêt, lors du rire, des pleurs ou d’une agitation…
- Confirmation par la démonstration d’une obstruction bronchique variable, par une réponse significative au bronchodilatateur ou par un test de provocation positif (ex. : métacholine)
- Pour les enfants chez qui les tests sont peu aisés : test d’introduction de Beta-2 mimétiques + traitement de fond de l’asthme
LE REFLUX GASTRO-OESOPHAGIEN
- Le reflux gastro-oesophagien (RGO) fait partie des trois grandes causes de toux chronique (25% des cas)
- Il pourra être typique (pyrosis, régurgitations acide ou alimentaire, vomissements faciles…) ou non (toux)
- Mis en évidence par pH-métrie de 24 heures
- Certains recommandent une évaluation de la réponse au traitement empirique (ex. : IPP)
LA TOUX POST-INFECTIEUSE
- Une infection respiratoire récente sera surtout impliquée comme étiologie d’une toux aiguë ou subaiguë, mais une toux chronique pourrait être d’origine post-infectieuse dans environ 15% des cas
- La toux est en général non productive et disparaît en quelques semaines
- La radiographie pulmonaire est normale
AUTRES CAUSES
- Infections respiratoires : coqueluche, tuberculose, pneumopathie…
- Allergie : Toux sèche irritative saisonnière souvent accompagnée de conjonctivite, rhinite claire, éternuements
- Traitements : IEC surtout, les sartans (AA II), les Bétabloquants
- Bronchiectasies (bronchorrhée persistante) : identifiées par la TDM pulmonaire
- Néoplasie pulmonaire : toujours recherchée chez les tabagiques de longue date ou si présence d’autres symptômes suggestifs (hémoptysie, atteinte de l’état général…)
- Bronchite chronique : généralement évidente chez les fumeurs ou ex-fumeurs, mais les tests de fonction respiratoire sont essentiels pour la documenter
- La fibrose kystique (mucoviscidose) : de plus en plus fréquente chez l’adulte, mais le diagnostic est généralement fait en bas âge
- Etiologies diverses : insuffisance cardiaque, inhalation d’un corps étranger, diverticule de Zenker, trouble de la déglutition chez le nouveau-né et le vieillard
- La toux psychogénique : diagnostic d’exclusion sans caractéristique particulière
Traitement
TRAITEMENT INTRAHOSPITALIER
- La toux aiguë ou subaiguë, lorsqu’elle est isolée, ne justifie pas d’une prise en charge aux urgences
- L’objectif de l’urgentiste sera de mettre en route un bilan adapté en cas de toux chronique, ou de toux accompagnée (ex : pneumopathie, hémoptysies…)
- La toux aiguë ou subaiguë :
- traitement de la cause
- pas d’étiologie curable : antitussifs non spécifiques sur une courte durée si toux incommodante et/ou insomniante
- La toux chronique :
- si tabac : son arrêt permet généralement une cessation des symptômes en 2 à 3 semaines
- si cause médicamenteuse : relai par d’autres molécules (il faut attendre environ 3 semaines après l’arrêt des IEC pour voir disparaître la toux)
- Les expectorants et agents mucolytiques ne sont pas utiles, voire néfastes dans ce contexte
MEDICAMENTS
- Ils ne sont à prescrire qu’en cas de toux sèche aiguë ou subaiguë invalidante et en l’absence de facteurs de risques :
- antitussifs antihistaminiques de première génération (phénothiazines)
- antitussifs opiacés et antihistaminiques
- antitussifs centraux, non opiacés et non antihistaminiques
Devenir / orientation
CRITERES D’ADMISSION
- La toux comme symptôme isolé ne justifie pas l’hospitalisation
CRITERES DE SORTIE
- Absence de pathologie vitale sous-jacente
ORDONNANCE DE SORTIE
Traitement de la cause
- Uniquement en cas de toux aiguë, sèche, invalidante et isolée
- Chez l’adulte uniquement :
- oxomémazine (Toplexil) (antitussif antihistaminique de 1re génération) :
- 1 cuillérée mesure (10 mL) de 1 à 4 x par jour
- qsp 6 jours, puis arrêt
- ou Noscapine et prométhazine (Tussisedal) (antitussif opiacé et antihistaminique 1re génération) :
- 1 cuillérée mesure (5 mL) de 1 à 4 x par jour
- qsp 6 jours, puis arrêt
- ou oxeladine (Paxeladine) (antitussif central non opiacé et non antihistaminique) :
- 1 cuillérée mesure (5 mL) de 1 à 4 x par jour
- qsp 6 jours, puis arrêt
- oxomémazine (Toplexil) (antitussif antihistaminique de 1re génération) :
RECOMMANDATIONS DE SORTIE
- Toux aiguë et subaiguë : consultation du médecin traitant dans les 48h en l’absence d’amélioration ou en cas de nouveau symptôme
- Toux chronique : consultation du médecin traitant systématique pour bilan
- Arrêt du tabac
- Eviter de conduire et de boire de l’alcool sous traitement
Mécanisme / description
- La toux est un acte réflexe au cours duquel se succèdent une inspiration profonde, une fermeture brève de la glotte, puis après mise en pression de la cage thoracique par contraction des muscles expiratoires, une réouverture soudaine de la glotte qui conduit à la secousse de toux (expiration « explosive » = 100- 160 km/h)
- La voie afférente de la toux est représentée par les récepteurs d’irritation nombreux dans les voies aériennes supérieures et inférieures, la plèvre et le diaphragme; les informations nociceptives en provenance du parenchyme pulmonaire sont quant à elles pauvres. Si une inflammation discrète du pharyngo-larynx est tussigène, une volumineuse tumeur pulmonaire ne l’est pas
- L’intégration du signal est essentiellement bulbaire (centre de la toux), mais également corticale, ce qui explique le caractère souvent réflexe mais également parfois volontaire du symptôme
- La voie efférente est représentée par le nerf phrénique, les nerfs intercostaux et tous les rameaux nerveux des muscles respiratoires accessoires
Bibliographie
- Irwin RS, et al. Diagnosis and Management of Cough Executive Summary: ACCP Evidence-Based Clinical Practice Guidelines. Chest. 2006; 129:1S-23S
- Palombini B et al. A pathogenic triad in chronic cough : asthma post nasal drip syndrome and gastrooesophagial reflux disease. Chest 1999 ; 116 : 279-84
- Les médicaments de la toux : http://www.hassante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/traitement_de_la_toux_et_lexpectoration_dans_les_bronchites.pdf
- Toux chronique de l’enfant : http://www.ssmg.be/new/files/RBP_TouxEnfant.pdf
- Toux chronique de l’adulte : http://www.rforl.com/PDF/Fr0609001.pdf
- La Toux (cours UVP5) : http://www.uvp5.univ-paris5.fr/UV_MED/AC/Amenu.asp?NSuj=225
Auteur(s) : Erwan L’HER
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