Spécialité : symptomes /
Points importants
- Difficulté à respirer, ressentie comme anormale car pour un effort habituel ou au repos
- Motif de consultation ou diagnostic d’interrogatoire
- Subjectivité et variation inter-individuelle importante donc plainte très variable
- Rechercher des signes physiques objectifs et mesurer la FR (++)
- Symptôme d’une maladie de l’appareil respiratoire ou de l’appareil cardio-vasculaire le plus souvent
- Attention, une respiration anormale peut révéler une autre défaillance qui augmente les besoins en oxygène (sepsis, choc, anémie,…)
- Le diagnostic étiologique est clinique dans la grande majorité des cas, basé sur une analyse sémiologique rigoureuse
- Le recours aux marqueurs biologiques (D-dimères, BNP) peut aider la démarche diagnostique lorsque la probabilité diagnostique pré-test est faible ou modérée
Présentation clinique / CIMU
SIGNES FONCTIONNELS
Généraux
- Fièvre
- Amaigrissement, altération de l’état général orientent vers une pathologie néoplasique
Pulmonaires
- Dyspnée :
- orientation en fonction du délai d’installation :
- sur-aiguë (minute) : pneumothorax, embolie pulmonaire, inhalation, ….
- aiguë (heure) : pneumopathie infectieuse, asthme, OAP notamment à fonction systolique conservée avec HTA, mais aussi vers pneumothorax ou embolie pulmonaire, …
- subaiguë (jour) : pleurésie, pneumopathie infectieuse ou autre, … (inflammatoire, idiopathique, néoplasique), décompensation d’insuffisance respiratoire chronique ou d’insuffisance cardiaque systolique
- chronique (mois, année) : aggravation d’une insuffisance respiratoire chronique
- orientation en fonction du caractère positionnel :
- majorée en position allongée (orthopnée) : surtout insuffisance cardiaque et tamponnade, mais aussi toute atteinte pulmonaire, paralysie diphragmatique
- majorée en position assise (platypnée) : shunt droit-gauche, syndrome hépato-pulmonaire
- orientation en fonction de l’horaire :
- une dyspnée nocturne, surtout paroxystique oriente vers un OAP ou un asthme si maladie asthmatique connue
- orientation en fonction du délai d’installation :
- Avec toux :
- avec expectoration majorée, plus sale, plus abondante : décompensation BPCO
- sans expectoration : infection virale, cancer, pleurésie
- Avec douleur :
- lors de l’inspiration (voire blockpnée) :
- latéralisée : pneumothorax, pleurésie, atteinte pariétale traumatique, musculaire ou articulaire
- non latéralisée : péricardite
- coronarienne : insuffisance cardiaque aiguë
- lors de l’inspiration (voire blockpnée) :
- Avec hémoptysie :
- cancer
- dilatation des bronches
- embolie pulmonaire
- OAP
- hémorragie intra-alvéolaire
Cardiaques
- Palpitations
- Douleur coronarienne (insuffisance coronarienne)
- Syncope (embolie pulmonaire)
Neurologiques
- L’altération de la conscience quelle que soit la cause, entraîne :
- une insuffisance respiratoire aiguë obstructive d’origine haute (sans dyspnée exprimée mais avec polypnée, signe de lutte, ou bradypnée)
- un déficit moteur : AVC, peut donner une polypnée centrale (plus rarement une bradypnée) ou une dyspnée obstructive par atteinte motrice pharyngée ou laryngée
- Trouble de déglutition : AVC, maladie neuromusculaire « dégénérative »
CONTEXTE
Terrain
- Fonction de l’étiologie
Traitement usuel
- Anticoagulation
- Bêta 2+ inhalés
- Traitement corticoïde
- Diurétiques
- Dérivés nitrés
Antécédents
- Pulmonaires :
- asthme
- bronchite chronique, BPCO
- emphysème
- dilatation des bronches
- insuffisance respiratoire chronique obstructive ou restrictive
- Pneumothorax : récidive ?
- Cardio-vasculaires :
- insuffisance cardiaque connue
- HTA
- troubles du rythme, AC/FA
- insuffisance coronarienne
- valvulopathie
- une dyspnée sur un terrain d’insuffisance cardiaque connue oriente fortement vers une décompensation cardiaque
- maladie thrombo-embolique : récidive ?
- Cancer, maladie de système, …. : atteinte pulmonaire ?
- Maladie neurologique centrale, myopathie, neuropathie, AVC : retentissement respiratoire ?
Facteurs de risque
- Distension thoracique (emphysème, asthme, BPCO)
- Obésité (syndrome restrictif, syndrome obésité-hypoventilation, apnée du sommeil)
- FDR thrombo-embolique
- Néoplasie,
- Malformation (néonatale, encéphalopathie, … : syndrome restrictif)
Circonstances de survenue
- Effort violent
- Arrêt traitement
- Remplissage vasculaire
- Alitement…
EXAMEN CLINIQUE
Signes pulmonaires
- Mesure de la FR sur 1 min :
- tachypnée (FR > 25/min) ou bradypnée (FR < 15/min)
- plutôt élément de gravité que d’orientation (sauf par exemple une tachypnée « sine materia » orientant vers une acidose métabolique, une embolie pulmonaire)
- Ampliation :
- volume courant (VT) élevé (hyperpnée) : si auscultation normale se poser la question aussi d’une embolie pulmonaire, tamponnade, acidose, cause centrale ou psychogène
- VT diminué, respiration superficielle, polypnée superficielle (élément de gravité)
- Temps respiratoire :
- dyspnée inspiratoire avec temps inspiratoire augmenté et souvent mise en jeu des muscles inspiratoires accessoires (tirage sus-sternal, sus-claviculaire, intercostal), avec éventuel bruit laryngé (cornage) avec dysphonie :
- obstruction des voies aériennes supérieures (VAS)
- atteinte laryngée (allergie, Quincke, tumeur, cellulite, laryngite,…)
- dyspnée expiratoire avec temps expiratoire augmenté, expiration active mise en jeu des muscles accessoires expiratoires abdominaux :
- origine bronchique (asthme, BPCO, emphysème, dilatation des bronches, allergie)
- dyspnée aux deux temps :
- toute dyspnée sévère quelle que soit l’origine
- atteinte alvéolaire ou interstitielle (pneumopathie)
- atteinte pleurale
- dyspnée inspiratoire avec temps inspiratoire augmenté et souvent mise en jeu des muscles inspiratoires accessoires (tirage sus-sternal, sus-claviculaire, intercostal), avec éventuel bruit laryngé (cornage) avec dysphonie :
- Rythme :
- respiration de Kussmaul à 4 temps :
- grande inspiration, pause inspiratoire, grande expiration, pause expiratoire = acidose métabolique
- respiration de Cheynes-Stokes :
- ampliation de plus en plus grande, puis diminuant, puis apnée = atteinte métabolique, encéphalopathie, atteinte cérébrale sévère ou végétative, insuffisance rénale sévère, insuffisance cardiaque sévère
- respiration de Kussmaul à 4 temps :
- Percussion :
- matité : condensation de pneumopathie, épanchement pleural liquidien
- tympanisme : épanchement pleural gazeux, emphysème
- Auscultation :
- râles crépitants diffus :
- OAP
- pneumopathie alvéolaire et/ou interstitielle diffuse quelle que soit l’origine
- râles crépitants en foyer localisé :
- pneumopathie franche lobaire aiguë
- râles sibilants :
- asthme
- emphysème (lorsque polypnéique surtout)
- OAP au stade premier avec oedème péribronchique (asthme cardiaque)
- râles bronchiques :
- BPCO
- bronchopneumopathie
- inhalation
- souffle tubaire :
- au sein d’une condensation de pneumopathie franche lobaire aiguë
- frottement pleural :
- pleurésie
- diminution du murmure vésiculaire :
- emphysème
- condensation de pneumopathie
- pleurésie
- pneumothorax
- râles crépitants diffus :
Signes cardiaques
- Signes droits :
- turgescence jugulaire
- reflux hépato-jugulaire :
- insuffisance respiratoire chronique hypoxémique
- OAP
- embolie pulmonaire
- à apprécier en fonction des autres signes et de la présence d’oedèmes des membres inférieurs ou pas (caractère chronique)
- Auscultation :
- Souffle : valvulopathie, insuffisance cardiaque
- bruits du coeur assourdis : épanchement péricardique
- frottement péricardique : péricardite au premier stade
- bruit de galop (3e bruit) : valeur prédictive positive élevée ++ de l’insuffisance cardiaque
- pouls paradoxal :
- asthme aigu grave
- embolie pulmonaire grave
- tamponnade
Signes de gravité
- Parole difficile, impossible
- Toux impossible, encombrement bronchique majeur
- Sueur,
- Cyanose
- Signe de lutte :
- tirage inspiratoire, intercostal, sus-sternal et sus-claviculaire
- ou respiration abdominale (expiration active)
- Signe d’épuisement :
- balancement thoraco-abdominal
- somnolence ou agitation (encéphalopathie)
- Tachycardie
- HTA
- Collapsus (PAS < 80 mmHg, PAS diminuée de 30% de la PA habituelle)
- Signes de choc : marbrures, extrémités froides et pâles, TRC > 3sec
EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES
SpO2
- Hypoxie très sévère (SpO2 < 75-80 % en air ambiant) :
- jamais hypoventilation seule ou alors au stade pré-arrêt respiratoire
- rarement embolie pulmonaire seule sauf réouverture du foramen ovale
- possible shunt extra pulmonaire ou insuffisance respiratoire chronique sévère si bien toléré
- OAP, pneumopathie et toute pathologie donnant un shunt « vrai »
- Hypoxie modérée (SpO2 > 80% en air ambiant) :
- toute pathologie donnant un effet shunt : BPCO, asthme, embolie pulmonaire, …
EtCO2
ECG
- Des signes de syndrome coronarien ou une arythmie orientent vers une insuffisance cardiaque
- S1Q3, bloc de branche dt : orientent vers une embolie pulmonaire
- Microvoltage, signe de péricardite
- Hypertrophie du VD et déviation droite de l’axe oriente vers une insuffisance respiratoire chronique
Hémocue
- Anémie : cause d’une dyspnée extra-pulmonaire ou polyglobulie sur hypoxémie chronique
CIMU
- En principe jamais de tri 4 ou 5
- Tri 3 : peut parler, SpO2 > 90% en air, pas de signe de lutte, FR < 25/min, conscience normale, hémodynamique stable
- Tri 2 : défaillance sans critère de réanimation immédiat : tout ce qui n’est pas 1 ou 3 ; inclure aussi une polypnée isolée sans dyspnée exprimée
- Tri 1 : nécessité d’oxygénation immédiate, d’intubation, ou de VNI immédiate (hypoxie sévère, épuisement, agitation)
Signes paracliniques
BIOLOGIQUE
Systématique
- GDS :
- acidose respiratoire (hypercapnie) et diminution du pH (degré de compensation? pH < 7,35 ou pas)
- degré d’hypoxémie
- acidose métabolique (diagnostic différentiel)
- alcalose respiratoire (polypnée de cause centrale)
- Hémoglobine :
- polyglobulie (hypoxie chronique)
- anémie
En fonction des résultats, pour poursuivre la recherche étiologique ou du diagnostic différentiel
- Bilan d’une acidose métabolique : glycémie, cétonurie, créatinine, lactates
- Dosage toxiques (aspirine, MetHb, HbCO)
- Bilan hépatique (cirrhose : syndrome hépato-pulmonaire, shunt intra-pulmonaire)
- Dosage des D-dimères si probabilité pré-test d’une embolie est faible ; valeur prédictive négative élevée (élimine EP si normal)
- Dosage BNP :
- > 300 pg/mL insuffisance cardiaque gauche (attention : peut être normal au début d’un OAP flash et peut être élevé par la seule hypoxie sévère)
- si valeur de 100 à 300, insuffisance cardiaque droite en théorie
- si < 100 : normal
- Troponine : élévation cause d’une insuffisance cardiaque gauche (SCA) ou conséquence de l’hypoxie
IMAGERIE
Systématique
- Radio de thorax
En fonction des résultats, pour poursuivre la recherche étiologique
- Echographie cardiaque (IVG, IVD, rapport VG/VD, épanchement péricardique) ; pleurale (épanchement liquidien ou gazeux) ; veineuse : thrombose ?
- TDM thoracique hélicoïdal avec injection, scintigraphie pulmonaire de Ventilation/perfusion
Diagnostic étiologique
Dyspnée avec signes à l’examen pulmonaire
- Dyspnée inspiratoire = obstacle glottique ou sus-glottique (avec dysphonie, cornage) ou trachéal haut :
- laryngite
- épiglottite
- oedème de Quincke
- anaphylaxie
- oedème angioneurotique
- corps étranger fausse route
- tumeur ORL ou trachéale
- compression trachéale
- Dyspnée expiratoire = atteinte bronchique :
- asthme
- BPCO
- emphysème
- DDB
- asthme cardiaque (OAP)
- bronchospasme sur anaphylaxie
- Dyspnée aux deux temps :
- causes ci-dessus avec gravité extrême
- avec râles crépitants :
- OAP
- pneumopathie infectieuse
- pneumopathie d’hypersensibilité
- alvéolite allergique extrinsèque
- fibrose pulmonaire
- hémorragie intra alvéolaire
- BOOP
- dyspnée avec asymétrie : pneumothorax, pleurésie, atélectasie, fracture de côte
- atteinte pariétale, cyphoscoliose, obésité sévère
- Respiration superficielle et mise en jeu muscles accessoires :
- causes neuromusculaires (Guillain Barré, SLA, myasthénie, myopathie, …)
- épuisement
Dyspnée sans signe d’examen pulmonaire
- Embolie pulmonaire
- HTAP majeure
- Insuffisance cardiaque aiguë obstructive (valve mécanique obstruée, myxome, …)
- Insuffisance cardiaque globale, bas débit
- IDM
- AC/FA
- Epanchement péricardique, tamponnade
- Anémie ou autre problème de transport en oxygène (HbCO, MetHb)
- Hypoxie sur shunt extrapulmonaire intracardiaque ou extra cardiaque ou Syndrome hépatopulmonaire
- Hyperventilation psychogène (tétanie, spasmophilie, angoisse) : cortège fonctionnel riche, ATCD
- Hyperventilation sur atteinte neurologique centrale (AVC du tronc cérébral), dyspnée de Cheyne Stokes
- Bradypnée :
- épuisement
- intoxication morphino-mimétique, hypnotiques
- AVC
- Hyperthermie (sévère ou maligne)
- Etat de choc
- Acidose (dyspnée de Kussmaul) : choc, insuffisance rénale, acidose lactique (choc, biguanides, insuffisance hépato-cellulaire, rhabdomyolyse, crush syndrome, convulsions), intoxication à l’aspirine, l’éthylène glycol, le méthanol
- Anémie
Diagnostic différentiel
- Pas de diagnostic différentiel en principe
- On peut parler de diagnostic différentiel pour les cas où la dyspnée n’est pas le signe fonctionnel en premier plan (dyspnées de cause non pulmonaire et non cardiaque) : choc, hyperthermie, acidose métabolique, hyperventilation psychogène ou centrale…
Traitement
TRAITEMENT PREHOSPITALIER / INTRAHOSPITALIER
- Fonction de l’étiologie
MEDICAMENTS
- Fonction de l’étiologie
Surveillance
CLINIQUE
- Principalement PA, FC, FR, SpO2, mise en jeu des muscles respiratoires accessoires, signe de fatigue et d’hypercapnie
PARACLINIQUE
- Fonction de l’étiologie
Devenir / orientation
CRITERES D’ADMISSION
- Fonction de l’étiologie
- Orientation en pré-hospitalier :
- avoir une orientation la plus précise possible (++) surtout éliminer une cause relevant d’une chirurgie ou radio-intervention spécifique urgente (tamponnade et bloc opératoire, insuffisance coronaire et coronarographie, artériographie pour embolisation bronchique si hémoptysie massive, …)
- Orientation en intra-hospitalier :
- réanimation ou unité de soins continus fonction des signes de gravité
CRITERES DE SORTIE
- Fonction de l’étiologie
ORDONNANCE DE SORTIE
- Fonction de l’étiologie
RECOMMANDATIONS DE SORTIE
- Fonction de l’étiologie
Auteur(s) : Laurent DUCROS
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