Ingestion de substances caustiques

Spécialité : toxicologie /

Points importants

  • Parmi les substances couramment ingérées, nombre de produits ménagers qui peuvent être corrosifs, irritants ou simplement moussants
  • Définitions :
    • substance corrosive : produit à l’origine de nécroses tissulaires profondes, irréversibles
    • substance irritante : entraîne une inflammation superficielle
  • Ces substances ont le plus souvent une toxicité purement locale, mais certaines ont une toxicité systémique associée
  • Demande d’avis et déclaration systématique au centre antipoison régional

_700
Tableau
Coordonnées des centres antipoison

  • Nécessité d’une prise en charge immédiate pluridisciplinaire : médecins urgentistes, réanimateurs, gastro-entérologues, oto-rhino-laryngologistes, chirurgiens viscéraux et psychiatres
  • Absence de parallélisme entre les symptômes, l’état bucco-pharyngé et les lésions œsogastriques
  • Produits caustiques majeurs : acides forts (pH < 2) ou bases fortes (pH > 12)
  • 4 formes : liquide, gel, solide, poudre (ou paillettes)
  • Chez l’adulte, ingestion le plus souvent volontaire dans un but d’autolyse
  • Rechercher et corriger une défaillance hémodynamique ou une détresse respiratoire
  • Rechercher une intoxication associée (médicamenteuse, stupéfiants, alcool…) et contrôler les effets systémiques des substances corrosives
  • Traitement purement symptomatique. Il n’existe pas d’antidote
  • Ce qu’il ne faut pas faire :
    • mettre en place une SNG, provoquer des vomissements
    • tenter de neutraliser le caustique (risque de vomissement, de réactions exothermiques)
    • donner des pansements digestifs ou du charbon activé qui gênerait l’examen endoscopique
    • faire boire
  • Mortalité immédiate et retardée : 10%
  • Séquelles (sténoses digestives) : 40%

Présentation clinique / CIMU

SIGNES FONCTIONNELS

  • Gastro-intestinaux :
    • douleur abdominale
    • douleur rétrosternale ou épigastrique
    • vomissements
    • odynophagie
  • Oropharyngés :
    • douleur ou sécheresse buccale ou hyper-sialorrhée
    • salive sanguinolente
    • dysphagie
  • Cardiovasculaires :
    • collapsus, état de choc
  • Pulmonaires :
    • dyspnée laryngée
    • tachypnée
    • détresse respiratoire
  • Troubles neuropsychiques :
    • confusion, agitation, idées délirantes, douleurs
  • Brûlures oculaires, cutanées de la face, du cou, du tronc
  • Fièvre si complication

CONTEXTE

  • Age moyen 40 ans
  • Sexe ratio : 2F/1H
  • Tentative d’autolyse (75%) :
    • terrain psychiatrique : dépression-psychose
    • ATCD psychiatriques connus (50 %)
    • déracinement, immaturité affective, impulsivité, rupture de traitement ou de suivi psychiatrique
    • recherche de tentative d’autolyse antérieure – de quel type
    • suivi et traitement psychiatrique
  • Ingestion accidentelle :
    • soif intense : survient souvent la nuit
    • déconditionnement du produit caustique (produit transvasé dans un récipient à usage alimentaire ou non étiqueté)
    • au cours du siphonage d’un produit caustique
    • favorisée par l’intoxication alcoolique aiguë
  • Le produit a-t-il été avalé ou recraché ? Le patient a-t-il bu ?
  • Le patient a-t-il vomi ?
  • Quantité ingérée et nature du produit souvent imprécises ou masquées volontairement par le patient
  • Nature du produit caustique (liste des principaux produits selon composition exacte connue, non connue, sigles sur la bouteille concentration, solide ou liquide, volume (2 gorgées = 50 mL), heure d’ingestion


_701
Tableau
Liste des produits caustiques

_702
Tableau
Produits caustiques, irritants et moussants. Composition exacte inconnue.

_704
Tableau
Classification endoscopique des lésions

  • Rechercher une poly-intoxication (médicamenteuse ou alcoolique) et la cause de l’ingestion (accidentelle, suicidaire et autre geste d’autolyse associé)

EXAMEN CLINIQUE

  • Absence de parallélisme anatomo-clinique
  • Appareil ORL :
    • lésions (oedème, ulcération, nécrose) du visage ou endo-buccales
    • troubles de la déglutition
    • dysphonie
  • Appareil respiratoire :
    • dyspnée laryngée
    • tachypnée
    • détresse respiratoire
  • Appareil circulatoire :
    • état de choc
  • Appareil digestif :
    • syndrome péritonéal
    • disparition de la matité pré-hépatique
    • emphysème sous-cutané
  • Appareil neuropsychiatrique :
    • syndrome confusionnel
    • agitation
    • angoisse
  • Examen cutané :
    • brûlures cutanées associées
    • phlébotomie
  • Appareil oculaire :
    • brûlure oculaire

Signes de gravité

  • Ingestion > 150 mL d’acide ou de base forte (1 verre) = ingestion massive
  • Péritonite : contracture, disparition de la matité pré-hépatique
  • Emphysème sous-cutané
  • Hypotension artérielle, état de choc
  • Hématémèse
  • Troubles de l’hémostase
  • Hypoxie
  • Acidose métabolique
  • Troubles psychiques (confusion, agitation)

EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES

  • ECG : corrosifs à toxicité  :
    • allongement QT, arythmie (hypocalcémie)
    • allongement PR et QT, hyperexcitabilité myocardique, troubles du rythme (TV, ACFA, torsade de pointe, mort subite) (hypomagnésémie)
    • troubles de la repolarisation (ondes T amples, symétriques et pointues), troubles de la conduction et de l’excitabilité ventriculaire, risque asystolie (hyperkaliémie)
  • SpO2 : recherche de désaturation

CIMU

  • Tri 1 à 4 en fonction de la gravité clinique

Signes paracliniques

BIOLOGIQUES

  • NFS – TP – TCA – fibrinogène (hémolyse, hémorragie, CIVD, fibrinolyse)
  • Ionogramme sanguin :
    • hyperkaliémie
  • Hypocalcémie
  • Hypomagnésémie
  • CPK, LDH : signes de nécrose tissulaire
  • Gaz du sang artériels – lactates selon le contexte : acidose, alcalose, hypoxie, hypercapnie
  • Lipasémie : pancréatite toxique ou par contiguïté
  • Bilan hépatique : hépatite toxique ou par contiguïté
  • Groupe – RAI
  • Bêta-HCG si femme en âge de procréer
  • Analyse toxicologique : alcoolémie, recherche de barbituriques, antidépresseurs, tricycliques, benzodiazépine et autres selon le contexte

IMAGERIE

Radiographie de thorax

  • Pneumomédiastin
  • Emphysème sous-cutané
  • Pneumopathie d’inhalation

ASP et cliché centré sur les coupoles

  • Pneumopéritoine
  • Iléus
  • Comprimés radio-opaques (permanganate de potassium)

Fibroscopie oesogastroduodénale

  • Examen clé de la prise en charge
  • Pas de consensus sur la nécessité d’une FOGD si ingestion accidentelle certaine d’un produit de faible causticité (ex : eau de Javel prête à l’emploi (2,6% CA) et absence de signes fonctionnels
  • FOGD dans tous les autres cas sauf perforation digestive avérée par pneumo médiastin, pneumothorax = laparotomie d’emblée
  • 3 à 6 heures après l’ingestion
  • En présence du chirurgien
  • Risque iatrogène augmenté au-delà de la 24e heure (risque accru de perforation)
  • A réaliser dans une structure permettant de réanimer et d’opérer le patient en urgence (risque de perforation, d’inhalation bronchique)
  • Sans sédation ou, si nécessaire, sous anesthésie générale avec intubation vigile sous fibroscopie ou intubation séquence rapide
  • Aspiration première du caustique intra-gastrique résiduel
  • Exploration complète de l’œsophage au duodénum, mais non exhaustive si dangereuse
  • Pas de rétrovision
  • Classification endoscopique des lésions

_704
Tableau
Classification endoscopique des lésions

  • A renouveler selon le contexte, essentiellement en cas d’absorption d’oxydant (eau de Javel concentrée) et de formol, pour lesquels l’installation des lésions maximales est retardée (24 heures)

Examen ORL spécialisé

  • Si signes fonctionnels ou cliniques, notamment en cas de dyspnée aiguë devant faire redouter un œdème du carrefour pharyngo-laryngé, la destruction du carrefour ou une pneumopathie d’inhalation. Par ordre de fréquence : atteinte du pharynx ou de l’épiglotte > sinus piriforme > aryténoïdes > cordes vocales

Fibroscopie trachéo-bronchique

  • Si stade > 2b oesophagien ou signes fonctionnels respiratoires, de préférence sur patient intubé
  • Deux types de lésions :
    • inhalation : lésions diffuses trachéales et bronchiques droites
    • diffusion depuis l’œsophage : brûlure de la paroi postérieure de la trachée, de la carène, de la face postérieure de la bronche souche gauche

Examen ophtalmologique

  • Si suspicion de brûlure oculaire

Examen tomodensitométrique thoraco-abdominal

  • En cours d’évaluation

Diagnostic étiologique

  • L’étiquetage de l’emballage et la fiche de données et sécurité du produit apportent des informations sur le caractère corrosif de la substance ou de la préparation

_703
Tableau
Sigles des produits ménagers

_700
Tableau
Coordonnées des centres antipoison

Diagnostic différentiel

  • Certains produits ménagers ingérés ne sont pas corrosifs (confirmation par appel des CAP), mais comportent néanmoins des risques et nécessitent des prises en charge spécifiques

_702
Tableau
Produits caustiques, irritants et moussants. Composition exacte inconnue.

Risque moussant

  • Proscrire l’absorption de liquide qui peut entrainer mousse puis inhalation ; restriction hydrique d’au moins 2 heures
  • Pansement digestif de « gel de polysilane »
  • Hospitalisation non nécessaire sauf geste suicidaire/ troubles mentaux

Risque solvant

  • Régime sans lait ni graisse pendant 48h car les graisses favoriseraient l’absorption digestive de certains solvants ou hydrocarbures hydrosolubles
  • Hospitalisation si tableau symptomatique :
    • toux, vomissements, troubles de la conscience
  • Surveillance température pendant 48h

Risque irritant

  • Rinçage soigneux de la bouche
  • Pansement digestif
  • Hospitalisation non nécessaire sauf suicide et atteinte psychiatrique

Traitement

TRAITEMENT INITIAL PREHOSPITALIER / INTRAHOSPITALIER

  • A adapter selon la gravité supposée de l’ingestion

Stabilisation initiale préhospitalière

  • Voie veineuse périphérique
  • Liberté des VAS et O2 au masque
  • Position en proclive à 45°
  • Intubation oro-trachéale séquence rapide et ventilation mécanique avec sédation si agitation extrême ou dyspnée laryngée par destruction du carrefour pharyngo-laryngé
  • Difficultés d’intubation possibles car brûlures oropharyngées et estomac plein
  • Trachéotomie si intubation impossible
  • En cas de contact cutané ou oculaire, laver immédiatement à grande eau pendant 15 min : règle des 10/15 : eau à 10/15° pendant 10/15 min à laisser couler à 10/15 cm des lésions
  • 1 goutte de novésine si blépharospasme
  • Proscrire :
    • décubitus dorsal
    • lavage gastrique
    • sonde gastrique
    • vomissement induit
    • absorption d’agents neutralisants comme le lait (risque d’inhalation, réaction exothermiques)
  • Il n’existe pas d’antidote neutralisant l’activité caustique
  • Assurer l’analgésie du patient (Paracétamol, morphinomimétiques)
  • Eviter les sédatifs (risque d’inhalation ou de fausse route)
  • Conserver la bouteille ou un échantillon pour analyse toxicologique

Stabilisation initiale intrahospitalière

  • Voie veineuse centrale si instabilité hémodynamique (proscrire les voies jugulaire interne et sous clavière gauches car possibilité de cervicotomie gauche ultérieure)
  • Corticoïdes (méthylprednisolone 1 mg/kg/j pendant 48h si dyspnée par œdème pharyngo-laryngé ou atteinte ORL importante
  • Réévaluer la fonction respiratoire et hémodynamique
  • IOT séquence rapide ou vigile sous fibroscopie si nécessaire

TRAITEMENT CHIRURGICAL SPECIFIQUE

Absence d’indication chirurgicale

  • Lésions de stade I œsophagien ou I-II gastrique
  • Reprise immédiate de l’alimentation orale ± pansements gastriques (gel de polysilane)
  • Sortie après consultation psychiatrique si TS
  • Pas de contrôle endoscopique à distance

Indication chirurgicale formelle

  • Stade 3 endoscopique ou perforation digestive
  • En urgence après fibroscopie bronchique et examen ORL
  • Œsogastrectomie totale par stripping (après avoir vérifié l’absence de nécrose trachéo-bronchique de contiguïté qui indique alors une oesophagectomie par thoracotomie avec patch pulmonaire)
  • Œsophagostomie cervicale
  • Jéjunostomie d’alimentation
  • Trachéotomie selon lésions ORL associées
  • Si extension aux organes voisins : exérèse viscérale élargie (DPC, colectomie, résection de grêle, patch pulmonaire trachéal)

Stades intermédiaires

  • Risque évolutif pendant les 3 premières semaines: hémorragie digestive, perforation bouchée de l’estomac, fistule gastro-colique ou oeso-aortique
  • Jeûne de 8 ou 21 jours selon la gravité des lésions
  • Hospitalisation en milieu chirurgical
  • Alimentation parentérale par cathéter veineux central ou entérale par jéjunostomie d’alimentation
  • Proscrire la sonde gastrique
  • Intérêt de l’antibiothérapie non prouvée
  • Antisécrétoires utiles car évitent le reflux acide
  • Contrôle endoscopique à la fin de la période de jeun

PRISE EN CHARGE SPECIFIQUE DU PROBLEME PSYCHIATRIQUE

  • Si intoxication volontaire, consultation psychiatrique pour évaluer le risque de récidive suicidaire précoce et le contrôler par des anxiolytiques et/ou des antidépresseurs
  • Indication d’hospitalisation en secteur psychiatrique possible, après contrôle des lésions somatiques

PRISE EN CHARGE SPECIFIQUE SELON LA FORME ET LE TYPE DU PRODUIT INGERE

  • Corrosifs à effets systémiques


_701
Tableau
Liste des produits caustiques

Antirouille (Rubigine) ou acide oxalique ou acide Fluorhydrique ou certains détartrants (acide phosphorique)

  • Hospitalisation en milieu spécialisé obligatoire et monitorage ECG continu
  • Signes cliniques :
    • paresthésies, fasciculations, myoclonies, convulsions
    • asystolie, fibrillation ventriculaire
    • collapsus
  • Les fluorures chélatent le calcium => hypocalcémie profonde avec atteinte de la contractilité musculaire, cardiaque et de la coagulation. Activation des canaux potassium calcium dépendants => hyperkaliémie
  • Nécrose tubulaire aiguë
  • Surveiller hypocalcémie (calcium ionisé), hypomagnésémie, hyperkaliémie et ECG
  • Si lésions cutanées, gluconate de Ca++ à 10% sur les brûlures cutanées pour précipiter le fluorure en sels non résorbables. Effet antalgique
  • Correction de l’hypocalcémie : 2,5 g de gluconate de calcium dans 200 mL de Glucose 5% en 30 min puis adapter à la calcémie et au tracé ECG
  • A adapter à la calcémie et au tracé ECG
  • Correction de l’hypomagnésémie
  • EER parfois nécessaire (hyperkaliémie, insuffisance rénale)

Peroxyde d’hydrogène (eau oxygénée)

  • Ingestion accidentelle d’eau oxygénée officinale : peu de conséquences
  • Ingestion suicidaire formulation concentrée (1mL d’eau oxygénée à 35% => 115mL d’oxygène) :
    • risque d’embolie gazeuse => traitement par oxygénothérapie hyperbare en urgence
    • hémolyse et méthémoglobinémie

Eau de javel (hypochlorite de sodium)

  • Si contient 9,6% de chlore actif = 36° chlorométriques = concentrée = corrosif
  • Forme diluée = prête à l’emploi = 2,6% de chlore actif = 9° chlorométriques = irritant et émétisant
  • Si mélangée à un acide ou à de l’ammoniaque = dégage des gaz irritants pour la muqueuse trachéo-bronchique

Permanganate de potassium

  • Risque caustique digestif si absorbé en comprimés
  • Comprimés radio opaques
  • Evacuation des comprimés intra-gastriques par endoscopie

Surveillance

CLINIQUE

  • Conscience, comportement, T°, FR, SpO2, PA, FC, douleurs abdominales
  • Saignement généralement modeste car hémostase spontanée par nécrose
  • Si diffusion +++ du caustique = grandes pertes liquidiennes du type «péritonite»

PARACLINIQUE

  • Ionogramme sanguin, urée, créatinine, CPK, LDH, calcium, phosphore, magnésium, NFS-plaq, hémostase, gaz du sang selon gravité et nature de l’intoxication

Devenir / orientation

  • Transport médicalisé (SMUR) en milieu spécialisé où coexistent réanimation, service de chirurgie viscérale, unité d’endoscopie digestive et trachéo-bronchique, en position demi-assise si possible
  • Critères d’admission :
    • hospitalisation sauf si ingestion accidentelle certaine d’un produit de faible causticité (ex : eau de Javel diluée) et absence de signes fonctionnels
    • admission en USPI ou réanimation si signes de gravité
    • sinon, hospitalisation en milieu chirurgical préférable
  • Prévenir rapidement l’endoscopiste et le chirurgien viscéral si signes de gravité
  • Suivi psychiatrique si TS

Mécanisme / description

Toujours appeler CAP car composition souvent imprécise sur étiquetage et mélange possible de plusieurs types d’agents corrosifs

Spécificités selon le mode d’ingestion

  • Toute ingestion massive d’un produit de forte causticité induit des lésions diffuses et sévères
  • Une absorption accidentelle donne rarement lieu à des lésions sévères (faible quantité ingérée)
  • Une absorption volontaire est souvent une ingestion massive d’un produit de forte causticité
  • Risque d’aggravation des lésions en cas de vomissement provoqués ou associés

Spécificités selon la forme du produit

  • Les ingestions de produits en poudre et en cristaux, difficiles à avaler, provoquent préférentiellement des lésions oropharyngées et de l’œsophage proximal
  • Produits en gel => temps de contact prolongé => lésions en coulées oropharynx et œsophage
  • Mousses => faibles quantités ingérées => lésions bucco-pharyngées ou laryngées. En cas d’ingestion massive, inhalation fréquente
  • Produits liquides => progression rapide => lésions œsogastriques

Spécificités selon la nature du produit

  • Risque de toxicités systémiques associées pour certains produits
  • Solvants volatils => risques de pneumopathie d’inhalation
  • Ammoniac => lésions digestives hémorragiques
  • Bases : lésions proximales, profondes, temps de pénétration prolongé
  • Acides : lésions distales, superficielles sauf si ingestion massive, émission de vapeurs

Mécanismes physiopathologiques

  • Bases :
    • les ions OH- sont à l’origine d’une solubilisation de la kératine, d’une hydrolyse du collagène et des protéines et d’une saponification des lipides
    • cette nécrose de liquéfaction permet une pénétration plus profonde du toxique induisant des lésions sous-estimées initialement mais évolutives, avec d’importants phénomènes inflammatoires secondaires et une reconstruction tissulaire volontiers hypertrophique
  • Acides :
    • les ions H+ provoquent une intense déshydratation et une coagulation des protéines entraînant la mort cellulaire
    • la nécrose de surface est d’emblée maximale et fait obstacle à la progression du caustique conduisant à des brûlures le plus souvent bien limitées, relativement peu profondes, sauf en cas d’ingestion massive, mais dont la détersion est lente
    • formes anhydres : lorsque les acides et les bases sont anhydres (non dissociés) le caractère fortement hygroscopique (avidité pour l’eau) participe aux lésions
    • les sels de ces acides et de ces bases fortes peuvent présenter également une forte causticité, liée à :
      • un cation métallique (Hg2+, Fe2+, Cu2+…)
      • une hydrolyse au contact de l’eau des tissus (de nombreux chlorures métalliques s’hydrolysent en acide chlorhydrique (ex : aluminium, antimoine, étain, titane, vanadium, zinc…)
      • au caractère non saturé du sel (bifluorure d’ammonium, sels alcalins de sodium (pyrophosphate, métasilicate) …)
    • les oxydants et/ou les agents électrophiles :
      • pour constituer une brûlure chimique, ils doivent être en contact avec la peau et/ou les muqueuses à concentration suffisante et pendant suffisamment longtemps
      • le temps de contact et la concentration vont conditionner en grande partie l’importance des lésions
      • ils entraînent une dénaturation des protéines, par exemple la transformation des acides aminés en aldéhydes
    • agents électrophiles : exemples : agents alkylants, aldéhydes (formaldéhyde, acétaldéhyde, glutaraldéhyde, glyoxal, acroléine…), quinones, lactones, …
    • anhydrides (anhydride maléique, phtalique, …) : ils se comportent comme des acides

Algorithme

  • Algorithme thérapeutique des localisations oesophagiennes

_705
Algorithme
Algorithme thérapeutique des localisations oesophagiennes

  • Algorithme thérapeutique des localisations gastriques

_706
Algorithme
Algorithme thérapeutique selon la localisation gastrique

Bibliographie

  • Cattan P et Célérier M. Œsophagites caustiques : conduite à tenir. In : JL Dupas and JF Fléjou, eds. Maladies de l’Œsophage, de l’estomac et du duodénum. Paris: Arnette; 1999:143-150
  • Zargar SA, Kochhar R, Mehta S, Mehta SK. The role of fiberoptic endoscopy in the management of corrosive ingestion and modified endoscopic classification of burns. Gastrointest Endosc 1991;37:165-169
  • Villa A, Cochet A, Guyodo G, Les intoxications signalées aux centres antipoison français en 2006. Revue du Praticien 2008 ;58 :825831
  • Bronstein AC , Spyker DA , Cantilena LR Jr , Green J , Rumack BH , Heard SE
  • Nisse P, Le praticien en anesthésie-réanimation, 2004;8 ,6 : 429-438
  • 2006 Annual Report of the American Association of Poison Control Centers’ National
  • Poison Data System (NPDS). Clin Toxicol (Phila). 2007;45:815-917
  • Landru J, Jacob L. Anesthésie-réanimation pour lésions de l’oesophage après ingestion d’un produit caustique. EMC, 36-726-A-10
  • C. Bismuth, F. Baud, F. Conso, S. Dally, J.P. Frejaville, R. Garnier, A.Jaeger. Toxicologie Clinique – 5ème Edition, Médecine Sciences Flammarion, Paris 2000

Auteur(s) : Fabienne FIEUX, Antoine VILLA, Pierre CATTAN

Facebook Page Medical Education——Website Accueil —— Notre Application
  • Pour plus des conseils sur cette application et developpement de cette dernier contacter avec moi dans ma emaile support@mededuct.com    

Social Media

Le plus populaire

Get The Latest Updates

Abonnez-vous à La Communauté Médicale

Articles Similaires

image 221 3
Uncategorized

La radiotherapie

La radiotherapie Definition     La radiotherapie est une methode therapeutique qui vise a detruire les cellules tumorales en utilisant des rayonnements ionisants.     Il existe

Read More »
L21xH100 ampoule 79855 7
Uncategorized

Dopamine – Dopamine

Dopamine – Dopamine Amp. 200 mg/5 ml.Conservation à l’abri de la lumière FAMILLE : Catécholamine. INCOMPATIBILITÉ PHYSICO-CHIMIQUE : Solutions alcalines. Bicarbonate de Sodium. Phénytoine (Dilantin). Pénicillines. Gentamycine.

Read More »
image 221 1
Uncategorized

Intoxication : barbituriques

Spécialité : pediatrie / toxicologie / Points importants Présentation clinique / CIMU SIGNES FONCTIONNELS CONTEXTE Terrain Antécédents Facteurs de risque Circonstances de survenue EXAMEN CLINIQUE

Read More »
image 146 2
Uncategorized

Le role propre infirmier

Le role propre infirmier Definition     Le role propre est une expression employee pour designer le domaine specifique de la fonction infirmiere dans lequel lui

Read More »
image 17 3
Uncategorized

La sterilisation

La sterilisation Definition     La sterilisation est une operation au resultat permanent permettant d’eliminer ou de tuer des microorganismes portes par des milieux inertes.    

Read More »
image 221 2
Uncategorized

Coup de chaleur

Objectifs Être conscient de la gravité de l’hyperthermie. Savoir agir en urgence : le refroidissement rapide limite les séquelles. Préparer les moyens du service d’accueil

Read More »
anatomie constituant sang
Uncategorized

Le sang

Lacompositiondu sang     Le sangest compose de 2 parties : Leplasma     Le plasmaest la partie liquide du sang oe sont suspendus les cellules sanguines.

Read More »
anatomie virus
Uncategorized

L’infection

Les micro-organismes     Il existequatre categories de microorganismes : Relation des microbes avec l’homme     Latransmission des germes se fait par contamination directe ou indirecte. Les

Read More »
099 1
Uncategorized

Le rhumatisme articulaire aigu

Le rhumatisme articulaire aigu Definition     Le rhumatisme articulaire aigu est une affection de l’enfant et de l’adolescent faisant suite a une angine.     Elle

Read More »