Spécialité : pediatrie / toxicologie /
Points importants
- Les intoxications par le phénobarbital (Gardénal, Alepsal, Aparoxal) sont devenues moins fréquentes
- Le coma par intoxication barbiturique est souvent très profond et parfois prolongé
- L’hypoventilation alvéolaire au cours des intoxications barbituriques (bradypnée, apnée, respiration de Cheynes-Stokes) est d’origine centrale
- Les complications sont fréquentes lors des comas de découverte tardive : rhabdomyolyse par compression musculaire, pneumopathie d’inhalation, hypothermie
- Le dosage quantitatif de barbiturique a un intérêt diagnostique et pronostique
- La diurèse alcaline est préconisée lors des intoxications sévères marquées par un coma profond
Présentation clinique / CIMU
SIGNES FONCTIONNELS
- Pas de signes fonctionnels généraux ou spécifiques
CONTEXTE
Terrain
- Adulte (association fréquente)
- Enfants ou personnes âgées (possibilité d’intoxication pure)
Antécédents
- Recherche d’une épilepsie (traitement par phénobarbital)
Facteurs de risque
- Terrain : personnes âgées, insuffisant hépatique
- Association avec alcool ou autres psychotropes
Circonstances de survenue
- Barbituriques rapides per os disparus de la pharmacopée
- Ingestion volontaire de phénobarbital : souvent doses ingérées importantes
- Surdosage accidentel : souvent doses ingérées modérées
EXAMEN CLINIQUE
Neurologique
- Euphorie, nystagmus, ataxie, incoordination
- Obnubilation
- Somnolence
- Coma sans signe de localisation neurologique
- Syndrome de myorelaxation : coma calme, hypotonique, hyporéflexique
Respiratoire
- Bradypnée ou apnée centrale si coma profond
- Respiration de Cheynes-Stokes dans les formes sévères
- Hypoventilation alvéolaire et acidose respiratoire
- Pneumonies d’inhalation : fréquentes si coma profond et vomissements
- Atélectasies de posture : fréquentes si coma de découverte tardive
Cardiovasculaire
- HoTA si intoxications sévères
Autres complications
- Rhabdomyolyse par compression musculaire si coma de découverte tardive
- Syndrome de loge musculaire : gravité +++
- Hypothermie parfois profonde si coma de découverte tardive
EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES
ECG
- ECG systématique
- Fait partie intégrante de l’examen clinique pour toute suspicion d’intoxication aiguë médicamenteuse
- Pas de modification ECG si intoxication barbiturique non compliquée
Glycémie capillaire
- Indispensable devant tout trouble de la conscience
- Absence d’hypoglycémie si barbiturique
CIMU
- Tri 1 à 3
Signes paracliniques
BIOLOGIE
- Non utile si intoxication non compliquée ou patient asymptomatique
- Ionogramme sanguin, créatinine et CPK si coma, point de compression musculaire et/ou rhabdomyolyse
- NFS si suspicion de pneumopathie
- GDS si coma, pneumopathie ou intubation et ventilation mécanique
- Bilan hépatique si coma ou terrain alcoolique
IMAGERIE
- Rx de thorax si coma, suspicion de pneumopathie ou intubation et ventilation mécanique
EEG
- Rythme lent voire pauvre si coma profond, mais pas de valeur pronostique si la concentration plasmatique de barbituriques est supra-thérapeutique
DOSAGES TOXICOLOGIQUES
- Recherche qualitative de barbiturique non utile
- Dosage quantitatif utile si trouble de la conscience
- Intérêt pronostique du dosage quantitatif :
- zone thérapeutique : 10-40 mg/L
- coma léger : 40-70 mg/L
- coma profond : > 70 mg/L
- cependant il existe une susceptibilité individuelle et des phénomènes de tolérance pour les barbituriques
Diagnostic étiologique
- Diagnostic fait sur l’anamnèse le plus fréquemment
- Le dosage quantitatif de barbiturique a un intérêt diagnostique et pronostique
Diagnostic différentiel
D’UN COMA CALME
Causes métaboliques
- Hypoglycémie
- Hyponatrémie
- Encéphalopathie hépatique
- Myxoedème
Lésions du SNC
- AVC
- HSA
- Coma postcritique (état de mal épileptique)
Autres toxiques
- Alcool
- Benzodiazépines
- Méprobamate
- Gamma OH
- Autres sédatifs – hypnotiques
Traitement
TRAITEMENT PREHOSPITALIER/INTRAHOSPITALIER
Stabilisation initiale
- Libération des VAS et PLS si coma
- Oxygène si SpO2 < 95% ou HoTA
- Voie veineuse si trouble de la conscience et/ou troubles respiratoires et/ou HoTA
- Intubation et ventilation mécanique si coma profond ou complications pulmonaires sévères (pneumopathie hypoxémique)
Suivi du traitement
- Décontamination digestive :
- le lavage gastrique ne doit plus être pratiqué
- charbon activé si délai d’ingestion < 2 h et dose potentiellement toxique et patient asymptomatique
- charbon activé par sonde gastrique indiqué si patient intubé
- Traitement spécifique pour le phénobarbital : la diurèse alcaline :
- augmente l’élimination urinaire du phénobarbital
- indiquée si intoxication sévère et coma profond
- bicarbonate de sodium isotonique à 1,4% : 1 mEq/kg/j (environ 1500 à 2000 mL/24 h chez un adulte de 70 kg)
- suppléance en KCl : 2 à 4 g/L de soluté pour éviter l’hypokaliémie
- objectif de la diurèse alcaline : pH urinaire alcalin = 7,5
- surveillance rigoureuse de la diurèse, des bilans hydriques, de l’équilibre acido-basique sanguin et urinaire et des électrolytes (Na, K, Cl)
- Traitement spécifique pour le phénobarbital : Le charbon actif à doses répétées, en l’absence de contre-indications :
- 50 gr puis 25 gr/8 h par la sonde gastrique chez un patient en coma profond et intubé
- dialysance intestinale en raison d’un cycle entéro-hépatique
- Réanimation symptomatique :
- remplissage vasculaire : première étape du traitement du collapsus cardio-vasculaire toxique :
- bolus répétés de 250 mL de cristalloïdes en perfusion rapide de 10 à 15 min
- dose maximale 1000 mL pour corriger l’hypovolémie relative liée à la vasoplégie
- dobutamine ou Dopamine si échec du remplissage :
- dose progressive : 5 à 20 µg/kg/min
- monitorage hémodynamique indispensable
- épinéphrine (Adrénaline) ou norépinéphrine (Noradrénaline) si échec dobutamine ou dopamine :
- choix des drogues guidé par les données du monitorage hémodynamique
- intubation et ventilation assistée si coma et/ou pneumopathie d’inhalation hypoxémique
- remplissage vasculaire : première étape du traitement du collapsus cardio-vasculaire toxique :
- Epuration extracorporelle : épuration possible mais indications rarissimes
MEDICAMENTS
- Charbon activé (Carbomix 1 à 2 g/kg jusqu’à 90 g dans 250 mL d’eau)
- Bicarbonate isotonique 1,4% : 1 mEq/kg/j
- Dobutamine : doses progressives de 5 à 20 µg /kg/min
- Dopamine : doses progressives de 5 à 20 µg /kg/min
- Epinéphrine : doses progressives à partir de 0,25 mg/h
- Norépinéphrine : doses progressives à partir de 0,25 mg/h
Surveillance
CLINIQUE
- Conscience
- FR, perméabilité des VAS, SpO2
- PA, FC
- Température
- Diurèse, bandelette urinaire
PARACLINIQUE
- Uniquement en cas de complication
Devenir / orientation
EN PREHOSPITALIER
- Tout patient suspect d’intoxication par barbiturique doit être transporté vers un hôpital disposant d’un service d’urgence et d’un service de soins intensifs
- Transport aux urgences pour surveillance si aucun signe de gravité
- Transport en Unité de Soins Intensifs ou Réanimation si signe de gravité
EN INTRAHOSPITALIER
Critères d’admission en réanimation
- Coma
- HoTA non corrigée après 1000 mL de remplissage
- Etat de choc sous amines
- Hypothermie profonde < 32°C
Critères de sortie
- Absence de symptômes après au minimum 12 h de surveillance
- Concentration plasmatique de barbiturique de contrôle dans les normes thérapeutiques si dosage initialement élevé
- Evaluation psychiatrique obligatoire pour toute tentative de suicide
Ordonnance de sortie
- Discuter avec le psychiatre de la reprise des traitements habituels par les psychotropes (prévention des phénomènes de sevrage)
- Reprise du traitement par barbiturique si traitement épileptique
Recommandations de sortie
- Informer entourage ou famille si sortie à domicile au décours d’une tentative de suicide
- Accompagnement du patient souhaité si sortie à domicile au décours d’une tentative de suicide
Mécanisme / description
METABOLISME
- Absorption rapide par voie orale, mais parfois ralentie par la formation de conglomérats en cas d’ingestion de fortes doses
- Métabolisme et élimination hépatique important: élimination urinaire : 10%
- Responsable d’une induction enzymatique au niveau des microsomes hépatiques
PHARMACODYNAMIE
- Effets dépresseurs sur le système nerveux central
- Action double sur le GABA action présynaptique sur l’inhibition GABA-ergique et action directe sur le site récepteur GABA
Bibliographie
- Bismuth C, Daniel V. Intoxications aigües graves par barbituriques, tranquillisants, tricycliques, paracétamol, salicylés. Rev Prat 1991; 41:843-8
- Hantson P, Ziade D, Evenepoel M, Mahieu P. Severe hypoxia and hypothermia following barbiturate poisoning. Intensive Care Med 1996; 22: 998-9
Auteur(s) : Papa GUEYE
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