Spécialité : endocrinologie / pédiatrie /
Points importants
- Devant une hypocalcémie, le diagnostique d’hypoparathyroïdie repose sur le dosage de la PTH qui sera abaissée
- L’hypoparathyroïdie peut être acquise (secondaire à une chirurgie) ou héréditaire
- Le traitement est symptomatique avec apport de vitamine D et calcium
Présentation clinique / CIMU
SIGNES FONCTIONNELS
Généraux
- Les signes cliniques varient selon la gravité et la chronicité de l’hypocalcémie
Spécifiques
- Hypocalcémie se manifeste par une hyperexcitabilité neuromusculaire :
- paresthésie distale et péribuccale, soit spontanée, soit déclenchée par l’effort
- on peut l’objectiver par le signe de Trousseau, le signe de Chvostek (Cf.
<a “pathologies_142″=””>Hypocalcémie
)
- La crise aiguë hypocalcémique : crise de tétanie :
- paresthésie buccale et distale
- puis fasciculations musculaires puis contractures localisées aux extrémités et à la face
- puis la contracture peut se généraliser et entraîner un arrêt respiratoire (spasmes diaphragmatiques, laryngés)
- durée de crise environ 2 à 3 min
- syncope possible en cas de troubles du rythme cardiaque
- L’hypocalcémie chronique : moins de manifestations neuromusculaires mais :
- cataracte sous-capsulaire
- anxiété, syndrome dépressif
- troubles de phanères
CONTEXTE
Terrain
- Le plus souvent post-chirurgicale (secondaire à une ablation des parathyroïdes, thyroïdectomie totale)
- Par déficit en PTH : cause rare, sporadique ou familiale, découverte dans l’enfance ou à l’âge adulte, de symptomatologie fruste
- Hypoparathyroïdie familiale : peut-être transmise sur un mode autosomique dominant (défaut du gène de la pré-pro-PTH), autosomique récessif (défaut du gène de la PTH) ou lié à l’X (aplasie des parathyroïdes)
- Hypoparathyroïdie auto-immunes : dans le cadre des pathologies auto immunes polyglandulaires de type 1, maladie autosomique récessive, associant insuffisance surrénale, candidose cutanéomuqueuse, vitiligo, alopécie, anémie de Biermer, et autres déficits hormonaux
- Hypoparathyroïdie des déficits en magnésium sévère :
- magnésémie inférieure à 0,4 mmol/L
- dans l’alcoolisme chronique, les malabsorptions digestives ou alimentations parentérales prolongées
- déficit de sécrétion et résistance à l’action de la PTH de mécanisme inconnue
Antécédents
- Chirurgie des parathyroïdes ou thyroïdienne
- Autres maladies auto-immunes
- Histoire familiale
Circonstances de survenue
- Hypoparathyroïdie transitoire post-chirurgicale :
- dans les semaines qui suivent l’intervention
- complique 3 à 4% des thyroïdectomies totales
- considérée comme définitive si persiste 6 mois après l’intervention
EXAMENS PARACLINIQUES SIMPLES
- ECG : QT long, risque de torsade de pointe
CIMU
- Tri 3
Signes paracliniques
BIOLOGIQUE
- Calcémie < 2,2 mmol /L (à interpréter en fonction de l'albuminémie, du pH et de la phosphorémie) :
- calcium corrigé (mg/L) = calcium mesuré + 0,02 x (40 – albumine [g/L]) ou Calcium corrigé (mmol/L) = calcium mesuré/(0,55 + protidémie [g/L]/160)
- La PTH est basse
- Phosphorémie : normale ou augmentée
- Magnésémie (selon contexte) en général diminuée
- Calciurie : pour les diagnostics différentiels
Diagnostic étiologique
- Post-chirurgicale
- Hypoparathyroïdie familiale
- Hypoparathyroïdie auto-immunes
- Hypoparathyroïdie des déficits en magnésium sévère
Diagnostic différentiel
DEFICIT EN VITAMINE D
- Défaut d’apport ou d’absorption digestive
- Défaut d’exposition solaire
- Défaut de synthèse 1-25OH2 : barbiturique, maladie rénale
- Conséquences osseuses : défaut de minéralisation :
- enfant : rachitisme
- adulte : ostéomalacie
- Biologie :
- hypocalcémie, hypophosphorémie, hypocalciurie (hyperphosphaturie)
- PTH augmentée
- diminution de la vitamine D plasmatique
HYPOCALCEMIE PAR MUTATION ACTIVATRICE DU RECEPTEUR DU CALCIUM
- Familiale (mutation activatrice) ou acquise
- Inhibition de la sécrétion de PTH (seuil déplacé vers le bas) et de la réabsorption de calcium par le rein
- Hypercalciurie inappropriée
- PTH inappropriée (basse mais non effondrée)
- Hypocalcémie hypercalciurique
RACHITISME VITAMINORESISTANT (PSEUDOHYPOPARATHYROÏDIE)
- Défaut de réponse os ou rein (anomalies du récepteur PTH)
- Hypocalcémie, hyperphosphorémie, augmentation de la PTH
AUTRES (CF. HYPOCALCEMIE)
- Insuffisance rénale chronique
- Tubulopathies avec hypercalciurie
- Néonatales
- Carences d’apport
- Défaut d’absorption (chirurgie digestive, anions complexants)
- Pancréatites aiguës
- Métastases osseuses condensantes (prostate)
- Accrétion osseuse post hyperpara ou hyperthyroïdie (hungry bone)
- Diurétiques de l’anse
- Iatrogène : traitement antiépileptique, chélateur du calcium, diphosphonates
Traitement
STABILISATION INITIALE
- Traitement symptomatique de l’hypocalcémie :
- apport en calcium si hypocalcémie menaçante ou symptomatique :
- voie IV lente 10 à 20 mL de gluconate de calcium 10%
- éventuellement perfusion de 1 à 2 mg/kg/h selon surveillance biologique
- sinon apport per os 1 à 3 g/j
- apport en calcium si hypocalcémie menaçante ou symptomatique :
MEDICAMENTS
- En cas d’hypoparathyroïdie, un apport en vitamine D est nécessaire :
- on utilise les dérivés métaboliques actifs de la vitamine D :
- 1,25 (OH) vit D2 (Rocaltrol) de 0,5 à 1 mg/j
- ou 1 (OH) vit D (Un-Alfa) de 1 à 3 µg/j
- supplémentation per os en calcium de 1 à 3 g/j
- on utilise les dérivés métaboliques actifs de la vitamine D :
Surveillance
CLINIQUE
- Disparition des signes cliniques et électrographiques
PARACLINIQUE
- Calcémie/4 h
- Calciurie : risque d’hypercalciurie/4 h et donc de lithiase et de néphrocalcinose
- But : calciurie basse < 0,1 mmol/kg/24 h
Devenir / orientation
CRITERES D’ADMISSION
- Sévérité de l’hypocalcémie
- Crise aiguë
CRITERES DE SORTIE
- Normalisation de la calcémie
- Mise en route du traitement symptomatique : vitamine D +/- calcium per os
ORDONNANCE DE SORTIE
- 1,25 (OH) vit D2 (Rocaltrol) de 0,5 à 1mg/j
- 1 (OH) vit D (Un-Alfa) de 1 à 3 µg/j
- Supplémentation per os en calcium de 1 à 3 g/j
RECOMMANDATIONS DE SORTIE
- Biologique : calcémie, calciurie des 24 h
- Consultation spécialisée
Bibliographie
- Endocrinologie. InterMed, Doin . P. Chanson et Jacques Young
- Hypoparathyroidism. Dolores Shoback, M.D. N Engl J Med 359;4 july 24, 2008:391-403
Auteur(s) : Taly MEAS
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